Passage à l’action : Bâtir des objectifs en mettant en pratique l’agriculture de conservation

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Passage à l’action : Bâtir des objectifs en mettant en pratique l’agriculture de conservation

Se déplacer, rencontrer et profiter de l'expérience d'un groupe sont déterminant pour entamer le changement.

Deuxième volet de la journée avec Frédéric Thomas autour de la transition vers l'agriculture de conservation. Après le constat des besoins, passage à l'action: bâtir des objectifs en mettant en pratique l'agriculture de conservation.

« L’Agriculture de conservation n’est pas un objectif, mais un moyen d’arriver à une agriculture différente », rappelle Frederic Thomas à son auditoire ce 21 janvier en Loire-Atlantique. Elle repose sur une combinaison des trois principes : la réduction du travail du sol, la couverture permanente et l’élaboration de rotations plus longues et plus diversifiées, en fonction des objectifs de l’agriculteur et de ses possibilités pédo-climatiques. Pour se lancer, il n’y a pas d’itinéraires «clé en main». Ça serait trop simple. «Mais c’est possible avec une approche ouverte et cohérente en hiérarchisant les étapes», rassure Frederic Thomas.

Lire les épisodes de cette série d’article :

Semis direct : Constat des besoins de changement et approche économique

Passage à l’action: bâtir des objectifs en mettant en pratique l’agriculture de conservation

Agriculture de conservation : Comment développer des sols performants ?


Commencer par un état des lieux de soi et de son exploitation

Avant de se lancer dans un audit de sa ferme, il faut déjà être en mesure de s’évaluer soi-même. «On n’est pas bon dans tout!», lance Frederic Thomas.  Qu’est-ce qui me plaît (machinisme, agronomie, gestion ?) et dans quels domaines suis-je bon ?

Ensuite vient le diagnostic de l’exploitation :

  • Types de sols et leur état physique, chimique, salissement…
  • Les cultures présentes et potentielles
  • L’exploitation, sa taille, son mode de gestion

Remettre du R&D sur son exploitation

«Sortir de la recette» pour aller vers plus d’autonomie et d’expérience pourrait être l’objectif d’un changement de système. Avec une approche qui diffère de ce que l’on a pu apprendre jusqu’à présent, le passage vers une agriculture de conservation nécessite la prise en compte de nouveaux paramètres et la levée de certains freins psychologiques. Difficile de s’en sortir seul, d’où l’importance d’aller «chercher de l’info», de se déplacer pour aller voir ce qu’il se passe ailleurs. Le site agriculture-de-conservation.com est une mine pour celles et ceux qui souhaiteraient approfondir leurs connaissances.

«C’est ça, le métier de l’agriculteur. Celui qui vient à vous (commercial, etc) a un intérêt, mais l’avez-vous à l’inverse? », souffle Frederic Thomas.  Des réseaux tels que l’Apad ou l’association Base sont présents en région et organisent régulièrement des journées de regroupement techniques ou des intervention d’experts.

Examen d'un profil cultural

Examen d’un profil cultural.

Dans ce cheminement vers une agriculture différente, le groupe est primordial. Il est rassurant d’être encouragé et d’en parler. Le partage d’expérience peut même déboucher plus tard vers des échanges plus opérationnels (semences, matériels). Par ailleurs, l’échange entre pairs permet d’intégrer des compétences qui «complètent nos limites ou celles de l’exploitations», insiste l’agriculteur solognot.

Enfin, il faut essayer! «Pas sur 150hectares», mais sur des bandes dans un champ. Le test permettra de prendre ses marques, de se faire sa propre idée, et de reconsidérer son sol.

Plan d’action: voir à 10 ans mais aussi d’une année sur l’autre

«Si certains parlent aujourd’hui de ‘holistique management’, il s’agit simplement de l’établissement d’un plan d’action assez commun dans l’industrie», indique Frederic Thomas.

Avant toute chose, il faut formuler l’objectif à atteindre et sur quelle durée, puis définir «les étapes clés à franchir». Pour assurer le suivi et l’état d’avancement des changements, il faut se donner des repères. Comme tout changement, il faut veiller à l’équilibre entre «garantir une récolte au quotidien et un fonctionnement autonome à terme», et pour ce faire, «ne pas hésiter à modifier les plans en route». Il n’y a pas de dogmatisme…

Durabilité et autonomie au centre du système

En conventionnel avec un travail du sol «intensif», la gestion des systèmes de culture est facilitée. Il y a là une vision à court terme avec une réflexion sur l’année ou sur la durée de la rotation. Mais à long terme, les choses se gâtent. «On observe une dégradation des rendements agronomiques, économiques et environnementaux. Les solutions aux problèmes rencontrés sont toujours externes, réductrices et augmentent les coûts de production», estime Frédéric Thomas.

A l’inverse, les techniques simplifiées obligent à une gestion «complexe» des systèmes de cultures avec une stratégie qui s’élabore au minimum sur le temps de la rotation. A moyen terme, il y aura «conservation, voire amélioration du rendement agronomique, économique et environnemental. Et face aux problèmes qui seront rencontrés, les solutions seront avant tout liées à l’organisation et à l’optimisation du système», avec un gain en terme d’autonomie prépondérant.

En résumé pour se lancer :

  • évaluer et suivre de la qualité du sol (structuration, fertilité, activité bio….)
  • adapter les interventions (supprimer les superflues et garder les nécessaires)
  • modifier les enchaînements de cultures et de couverts (minimisations du salissement et risques ravageurs)
  • hiérarchiser et progresser en fonction de l’évolution du sol, de l’expériences, des outils et des connaissances