Un salon de l’Agriculture pour convaincre, sur fond de défis alimentaires et climatiques

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Un salon de l’Agriculture pour convaincre, sur fond de défis alimentaires et climatiques

Le salon international de l'agriculture sera ouvert du samedi 22 février au dimanche 1er mars.

Confrontés à une crise identitaire profonde, les agriculteurs vont tenter de convaincre l'opinion de leurs efforts pour concilier production alimentaire rentable et durabilité climatique, lors du 57e salon international de l'Agriculture (SIA), qui ouvrira samedi à Paris.

« L’idée est plus que jamais de créer des ponts plutôt que des murs! », a assuré le président du salon et agriculteur Jean-Luc-Poulain dans une lettre ouverte, en appelant à « la construction d’un nouveau contrat moral entre les Français, le pays et leurs paysans ».

Quelque 50% des agriculteurs vont prendre leur retraite dans les 10 années qui viennent, et la transition alimentaire en cours nécessitera plus de bras et de jambes à la terre. Sans réconciliation entre agriculteurs et société civile, consommateurs comme citoyens, qui remplacera ces paysans?

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Car l’enjeu est non seulement de continuer à produire en France de l’alimentation saine dans le respect de la planète, mais surtout que cela permette d’en vivre dignement au moment où il faut convaincre des jeunes de s’installer.

« Il faut prendre en considération que l’agriculture est vraiment en mouvement: il faut arrêter de harceler et soutenir par l’achat », a déclaré la présidente du puissant syndicat agricole FNSEA, Christiane Lambert, après avoir rencontré le président de la République la semaine passée pour préparer ce grand rendez-vous annuel, lors duquel plus de 500.000 visiteurs sont attendus au salon au parc des Expositions de la porte de Versailles.

« besoin de réconciliation »

Elle lui a fait part du « nécessaire besoin de réconciliation avec la population. La transition ne peut pas se faire si les consommateurs ne nous soutiennent pas ».

Au niveau économique, les négociations commerciales annuelles entre les grandes surfaces et leurs fournisseurs, prévues fin février, durant le salon, seront cruciales pour savoir si la loi Alimentation de 2018, aussi appelée Egalim et censée protéger les revenus des producteurs en visant une meilleure répartition de la valeur entre les maillons de la chaîne alimentaire, sera enfin suivie d’effets.

Après la publication tardive des ordonnances sur l’augmentation de 10% du seuil de revente à perte (SRP) dans les grandes surfaces, et un strict encadrement des promotions, ces négociations seront les premières durant lesquelles la loi aura pu s’appliquer pendant une année entière.

Le bilan de la première année d’application a laissé un goût amer aux agriculteurs comme aux associations de consommateurs, de défense de l’environnement, ou des animaux, qui en attendaient beaucoup, chacun dans leur domaine.

Le gouvernement a depuis sèchement rappelé à l’ordre la distribution, accusée de garder les marges commerciales pour elle et de ne pas suffisamment rémunérer les producteurs.

Trois chaînes, Carrefour, Système U et Intermarché, ont écopé le 10 février d’un total de plus de 4 millions d’euros d’amendes administratives pour non respect des règles lors des négociations commerciales 2019.

Vers une politique alimentaire ?

Le salon a en outre lieu au moment où les agriculteurs français attendent des réponses du gouvernement sur des mesures de compensation à la viticulture, touchée par les taxes Trump aux Etats-Unis, et sur la constitution d’une filière protéines en France.

Autre sujet d’inquiétude, la mise en oeuvre le 1er janvier de zones de non-traitement aux pesticides autour des zones habitées.

Elle provoque un fort mécontentement chez les agriculteurs qui veulent continuer de produire et ont manifesté leur opposition en tracteurs à Paris fin 2019, en s’inquiétant parallèlement de la baisse de la balance commerciale agroalimentaire française avec les autres pays européens. En Allemagne et aux Pays-Bas aussi, les paysans ont manifesté contre les nouvelles contraintes environnementales.

Mais les associations ne sont pas contentes non plus, la consommation de produits phytosanitaires en agriculture ayant bondi de 21% en France en 2018 malgré deux plans gouvernementaux successifs censés réduire leur usage.

Dans ce dialogue de sourds, la préparation de la prochaine politique agricole commune européenne (PAC) pour 2022-2027, que beaucoup craignent en baisse, concentrera sans doute l’attention et les inquiétudes, dès jeudi à Bruxelles, lors d’un sommet européen sur le budget de l’UE.

D’autant que Bruxelles souhaiterait lancer un « green deal », via notamment une stratégie agricole baptisée « de la fourche à l’assiette » (« farm to fork ») qui permettrait in fine d’élargir la politique agricole à une quasi-politique alimentaire commune, englobant agriculture, alimentation, santé et environnement.

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