Sommet de l’élevage : carrefour d’affaires international du cheptel français

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Sommet de l’élevage : carrefour d’affaires international du cheptel français

"Il faut bien des herbivores pour entretenir les prairies".

Toisons, robes et pelages luisent déjà sous les spots : le 26e sommet international de l'élevage exposera à partir de mercredi à côté de Clermont-Ferrand les fleurons du cheptel et de la génétique animale française pour les acheteurs du monde entier.

L’Iran est le pays invité d’honneur de ce rendez-vous d’affaires annuel entre les éleveurs de la planète et 2.000 veaux, vaches et moutons d’exception venus de tous les terroirs français. Même si le président du salon Jacques Chazalet dit ne pas aimer le mot « foirail », jugé péjoratif, le Sommet de l’élevage de Cournon d’Auvergne est devenu au fil des ans l’un des plus vastes champs de foire au bétail d’Europe, où se multiplient concours nationaux et internationaux, vitrines des débouchés du marché de la viande.

Cette année, chez les bovins, la race Limousine, au poil blond doré, est célébrée: les 384 meilleurs représentants de la race sont en compétition, issus de 206 élevages. Le Sommet accueille aussi pour la première fois deux concours de races non françaises : la Blanc Bleu Belge et la très britannique Hereford, à la robe pie rouge.

Le ministre de l’Agriculture d’Iran, Mahmood Hojati doit diriger une délégation de plus de 100 personnes, dont des agriculteurs et des directeurs de coopératives. Il signera une convention commerciale France-Iran avec son homologue français Stéphane Travert.

De 70 l’an passé, le nombre de délégations a augmenté à 85, venant d’Ouzbékistan, Argentine, Russie, Turquie, Mongolie, Biélorussie, de la plupart des pays européens, et de presque tous les pays d’Afrique.

« Certains de nos visiteurs nous ont dit qu’ils trouvaient tout ce dont ils ont besoin pour lancer ou relancer une filière d’élevage, du matériel génétique à la nutrition animale, en passant par l’optimisation sanitaire, les matériels et les bâtiments », explique M. Chazalet.

Au coeur du Massif Central, la « plus grande prairie naturelle d’Europe », ce salon est axé sur la « revalorisation de l’espace rural » par l’élevage. « Il faut bien des herbivores pour entretenir les prairies », sourit M. Chazalet.

Comme pour les défilés de mode, des outils de visionnage en streaming permettent à un acheteur à l’autre bout du monde de participer en direct aux enchères. L’an dernier, le nombre d’enchères de l’étranger a augmenté.

Le Mercosur inquiète

En moyenne, un bovin reproducteur peut se négocier entre 3.000 et 6.000 euros, reconnaissance du travail de générations de paysans sélectionneurs qui croisent les critères recherchés, soit pour le lait soit pour la viande. Comme dans la haute couture, certaines bêtes d’exception voient leurs prix s’envoler. Parfois jusqu’à 30.000 euros. Comme dans le vin, l’une des enchères les plus courues est celle des « reproducteurs Grand cru » prévue jeudi.

Mais les acteurs du grand marché de la viande, déjà sous forte pression en Europe avec la crise déclenchée par l’embargo russe et la montée des mouvements végans anti-viande, se disent très inquiets des négociations internationales commerciales en cours.

Principale raison: la proposition faite par la Commission européenne au Brésil et à l’Argentine en fin de semaine dernière de leur ouvrir un quota d’importation à taux de douane réduit de 70.000 tonnes par an de viande bovine, dans le cadre des négociations entre l’UE et les pays sud-américains du « Mercosur ». L’interprofession de la viande Interbev, a « dénoncé avec force » vendredi « l’irresponsabilité » de ces négociations, en demandant au gouvernement français de « rejeter ce nouvel accord ».

« Malgré les grandes difficultés économiques de la filière viande bovine française et les conclusions très préoccupantes de la Commission d’experts français sur l’accord Canada/UE (CETA), la Commission européenne continue de privilégier sa politique commerciale en voulant conclure rapidement un accord avec le Mercosur. Comme les viandes canadiennes, les viandes bovines sud-américaines ne répondent en aucun point aux attentes des consommateurs, ni en termes de traçabilité, de sécurité sanitaire, d’environnement, ni de protection animale », a affirmé Interbev dans un communiqué.

Ces viandes « sont produites dans des systèmes d’élevage pas ou peu réglementés, largement responsables de la déforestation, utilisant farines animales et autres traitements vétérinaires strictement interdits au sein de l’UE », s’alarme Interbev.