« Ce n’est pas une loi qui permettra de résoudre » la question du suicide des agriculteurs

Partager sur

« Ce n’est pas une loi qui permettra de résoudre » la question du suicide des agriculteurs

La MSA fait état de 605 décès par suicide d'assurés du régime agricole.

Le Sénat a repoussé jeudi 12 décembre 2019 l'examen d'une proposition de loi visant à prévenir le suicide des agriculteurs, jugeant nécessaire d'approfondir la question avec la mise en place d'un groupe de travail. La chambre des territoires a renvoyé en commission le texte proposé par le sénateur de l'Hérault Henri Cabanel (RDSE à majorité radicale), sans l'examiner.

« Ce n’est pas une loi qui permettra de résoudre une fois pour toutes » la question du suicide des agriculteurs, a estimé la rapporteure Françoise Férat (centriste). « Trop longtemps resté à l’écart du débat public », un problème « aussi grave ne peut pas rester sans solution », a-t-elle ajouté.

La commission des Affaires économiques a ainsi décidé de créer un groupe de travail de douze membres, relatif « aux moyens mis en oeuvre par l’État en matière de prévention, d’identification et d’accompagnement des agriculteurs en situation de détresse ». Ces travaux devraient déboucher sur un rapport préconisant des solutions pour améliorer ce que l’État propose en matière de prévention du suicide des agriculteurs.

605 décès par suicide

Pour le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume, « c’est une nécessité d’améliorer cette prévention ».

Les statistiques les plus récentes de la sécurité sociale agricole, la MSA, font état de 605 décès par suicide d’assurés du régime agricole (233 salariés et 372 exploitants) en 2015.

« C’est plus d’un exploitant par jour qui se donne la mort, ce chiffre est terrible », a relevé Didier Guillaume. D’autres indicateurs sont également alarmants: « environ 300 appels par mois au dispositif d’écoute pour les agriculteurs en situation de détresse Agri’Ecoute ».

La proposition de loi de M. Cabanel visait à améliorer le système de détection des agriculteurs en situation de fragilité. L’idée était d’obliger les établissements bancaires à repérer les difficultés financières de leurs clients, chefs d’exploitation agricole ou salariés agricoles, et à les orienter vers un accompagnement social et psychologique. « Le compteur tourne », a alerté M. Cabanel.