J’arrête dans deux ans, comment on fait ?

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J’arrête dans deux ans, comment on fait ?

Dominique Colpaert : «Quand j’ai repris, j’ai mis mon grain de sel en nommant un responsable pour chaque matériel. Au suivant d’ajouter son grain de sel !»

À la dernière AG de la cuma de la Vallée de la Lys (Pas-de-Calais), les adhérents ont été prévenus : le président Dominique Colpaert a décidé de passer le flambeau. Qui prendra le relais ? Le dispositif du Dina cuma mis en place pendant les mois creux de l’hiver a mis en évidence la part invisible du travail des dirigeants.

Je peux encore assurer la fonction de président pendant deux, trois ans s’il le faut, mais pas plus ! » La requête ainsi formalisée devait être entendue pour échapper définitivement au « mais tu fais ça très bien ! » auquel sont confrontés bon nombre de responsables en cuma. « Je veux transmettre, m’assurer que la cuma continue d’exister…»

QUESTION DE PEUR

Avec 35 adhérents, un bâtiment loué qui abrite le stockage du matériel et l’atelier, Dominique Colpaert a des raisons de se battre. La cuma dispose d’un bel acquis : tout le matériel de préparation du sol, de semis maïs et céréales, pour l’épandage de fumier et de lisier, les bennes… Elle emploie un chauffeur mécanicien à temps partagé avec la cuma des Vertes Prairies, dont elle utilise aussi l’ensileuse en intercuma. « Les adhérents sont conscients de l’intérêt de la cuma, reconnait-il, mais avec tout le travail que ça représente, cette fonction leur fait peur. » Celui qui tient les rênes depuis une dizaine d’années sait pourtant qu’il n’est pas irremplaçable. D’où ce dispositif dina cuma animé par Mathilde Capet de la frcuma sur trois demi-journées.

CLARIFIFIER

« L’animatrice a su faire parler les adhérents de la cuma, quitte à provoquer un peu parfois. Ils ont découvert l’étendue du travail à accomplir, qui était assez vague pour eux, et le rôle des responsables du bureau. » Le Dina cuma avait pour objectif de faire avancer la réflexion, pas de trouver un président. Dominique Colpaert se souvient : « Mon prédécesseur avait créé la cuma dans les années 80, et s’occupait quasiment de tout avec son épouse. Quand j’ai repris, j’ai mis mon grain de sel en nommant un responsable pour chaque matériel, et en mettant chacun d’eux en contact direct avec le salarié. » Mais il le reconnait, « il faudra dispatcher bien plus. »

SE SENTIR LÉGITIME

À l’assemblée générale le 18 juin prochain, il fera une piqûre de rappel : pas plus de deux ans maximum.  Avec la feuille de route en main, une répartition des tâches plus équitable en vue, les candidats éventuels auront moins peur de se sentir perdus ou submergés de tâches. S’ils correspondent en plus aux qualités esquissées, ils pourront se sentir légitimes, ou être portés par le groupe. Dans tous les cas, Dominique Colpaert le sait, ils feront différemment : « à leur tour d’ajouter leur grain de sel ! » 

UN THÈME DE RÉFLEXION ORIGINAL

« Qu’un président prévienne qu’il va partir pour ne pas mettre le groupe devant le fait accompli, qu’il souhaite un successeur, est courant, constate Mathilde Capet, mais qu’il anticipe au point de décider qu’il faut prendre les choses en main, est inédit à la frcuma. Il faut dire qu’il assure à lui seul 95 % des tâches avec le soutien de son épouse. »

Trois réunions à thème se sont tenues. « La première pointe ce qui convient, et ce qu’il faudrait faire évoluer : elle peut faire office de feuille de route. J’ai ensuite présenté en quoi consistent les fonctions de vice-président et de secrétaire. Tous ont pris conscience du fait qu’il fallait alléger la charge du président. Nous avons réfléchi à l’organisation possible pour répartir les tâches avant d’aborder les traits de caractère propres à chaque fonction : le calme et le recul pour le président, la rigueur pour la trésorière, etc. La difficulté du thème est que, sachant où l’on veut en venir, certains sont absents pour mieux se dérober. »

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Mathilde Capet, animatrice frcuma.


Cet article est issu du spécial Hauts-de-France du mai 2019.