L’UE règle un vieux différend avec les Etats-Unis sur le bœuf aux hormones

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L’UE règle un vieux différend avec les Etats-Unis sur le bœuf aux hormones

La filière de la viande bovine française s'est, elle, insurgée contre cet accord.

L'Union européenne s'est félicitée vendredi d'avoir réglé un ancien contentieux avec Washington autour du bœuf aux hormones, en réservant une partie de son quota d'importation au bœuf "de haute qualité" en provenance des Etats-Unis.

L’Union européenne s’est félicitée vendredi d’avoir réglé un ancien contentieux avec Washington autour du bœuf aux hormones, en réservant une partie de son quota d’importation au bœuf « de haute qualité » en provenance des Etats-Unis.

Cet accord de principe est pour l’UE un signe de bonne volonté envers le président américain Donald Trump, une façon de « réaffirmer son engagement à susciter une nouvelle phase dans les relations avec les Etats-Unis », souligne le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan, cité dans un communiqué.

« Avec le succès de ces négociations, la Commission a tenu ses promesses sur un sujet très important avec un partenaire commercial majeur, avec qui nous sommes engagés dans des discussions commerciales plus larges », affirme M. Hogan.

L’accord, négocié au nom des 28 par la Commission avec les Etats-Unis et les principaux fournisseurs étrangers de bœuf, prévoit que jusqu’à 35000 tonnes du quota soit réservées aux Etats-Unis – mais à une viande « de haute qualité », c’est-à-dire sans hormones.

Cette allocation prendra forme graduellement, sur sept ans, en commençant par 18500 tonnes la première année, a précisé une source à la Commission.

Le reste du quota sera laissé aux autres pays qui exportent vers l’UE: l’Uruguay, l’Australie et l’Argentine.

Accord dénoncé par l’interprofession

La filière de la viande bovine française s’est, elle, insurgée contre cet accord.

L’interprofession bétail et viande Interbev souligne ainsi dans un communiqué que « la Commission sacrifie une nouvelle fois le climat, la filière viande bovine et la santé des consommateurs au profit du commerce ».

La Fédération nationale bovine (FNB) dénonce pour sa part un accord qui « ne respecte pas la position de la France ».

En effet, celui-ci « intervient moins de deux mois après le refus clairement exprimé par Emmanuel Macron de mener toute négociation commerciale avec les Etats-Unis… et l’exigence, par la France, d’exclure a minima toute denrée agricole de ces négociations », rappelle la FNB dans un communiqué.

La querelle sur le bœuf aux hormones remonte à 1988, quand l’Europe a interdit l’importation de viande bovine issue d’animaux auxquels ont été administrés des hormones de croissance.

En représailles, et en accord avec une décision de l’OMC, les Etats-Unis avaient imposé en 1999 des sanctions douanières sur certains produits du terroir, provoquant notamment de vives protestations en France et le « démontage » d’un restaurant McDonald’s à Millau, dans le sud-ouest.

Aux termes d’un compromis en 2009 (amendé en 2014), les Etats-Unis avaient finalement levé leurs sanctions et l’UE ouvert un quota d’importation de bœuf étranger « de haute qualité », incluant le bœuf américain, tout en maintenant son veto sur le bœuf aux hormones.

Mais ce quota a surtout été utilisé par d’autres pays producteurs de bœuf, ce qui a conduit fin 2016 l’administration Obama à menacer l’UE de rétablir les droits de douane de 1999.

La renégociation de ce mémorandum permet aux Etats-Unis de se voir garantir une part du quota.

Phil Hogan a par ailleurs assuré que l’accord n’allait « pas changer le volume total, la qualité ou la sécurité du boeuf importé dans l’UE, qui va rester en conformité avec les standards élevés de l’Europe ».