[Gestion de collectif] Un « groupe bio » en cuma ? Réponses ‘Made in Gers’ Episode 1

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[Gestion de collectif] Un « groupe bio » en cuma ? Réponses ‘Made in Gers’ Episode 1

Cyril Duffau est récemment devenu président de la cuma des Deux Vallées à Escorneboeuf, dans le Gers. Agriculteur en conventionnel, membre du réseau Dephy, il explique comment la cuma a servi de creuset à un groupe bio.

Trois présidents de cuma témoignent de la manière dont ils ont intégré un groupe bio dans leurs effectifs. Entre audace et prudence, ces initiatives ont renforcé l’activité des groupes, y compris celle des adhérents en conventionnel. Aujourd’hui épisode 1 avec Cyril Duffau, de la Cuma des Deux vallées à Escorneboeuf.

Le président de la cuma de l’époque, Hervé Oulé, jette les bases de la dynamique en 2012 en mettant en place, avec l’aide de la fédération départementale, une intercuma autour d’un tracteur de forte puissance. Les 220cv de la machine servent à une cuma landaise de février à juin pour les semis de maïs, et la cuma gersoise le récupère le reste de l’année pour faire de la fissuration.

Le tracteur en cuma séduit les adhérents et certains, en phase de renouvellement de leur tracteur de tête, décident de se lancer en cuma plutôt qu’en individuel. Un mouvement renforcé par une réflexion collective autour du passage au bio, à partir de 2015.

« Les adhérents se sont aussi posés la question de la conversion, suite aux annonces faites à cette époque. Certains ont fait des diagnostics. Mais tous ont réalisé qu’ils n’étayent équipés ni à la cuma, ni individuellement. Chacun a commencé à faire des devis, mais un jour, quatre se sont mis autour de la table et ont envisagé un investissement en commun via la cuma », a précisé Cyril Duffau lors de l’Assemblée générale.

des matériels utilisés aujourd’hui indifféremment par les bios et les agriculteurs en conventionnel

Une possibilité permise par le travail antérieur autour de la traction partagée, mais pas non plus évidente. « Cela représentait un énorme investissement », reprend-il, « parce qu’il faut souvent réagir assez vite en bio pour intervenir. Il est par exemple difficile d’avoir son tracteur à soi, et le matériel en cuma. »

« Le président de l’époque, Hervé Oulé, a osé : la cuma a investi dans des matériels chers mais performant : on ne pouvait pas se permettre que ça tombe en panne. »

La Cuma investi donc dans 2 tracteurs supplémentaires, 2 herse-étrilles, 2 bineuses autoguidées, un vibroculteur, un déchaumeur. Au total ? 600000€ d’investissements pour des matériels utilisés aujourd’hui indifféremment par les bios et par les agriculteurs en conventionnel, dont fait partie Cyril Duffau.

« Nous avons des coûts très compétitifs, souligne-t-il, devenu président très récemment. Le matériel tourne, sauf conditions exceptionnelles comme pour les bineuses l’année dernière qui sont peu sorties. »

Cet agriculteur a témoigné lors de l’assemblée générale 2019 de la fédération des Cuma du Gers.