Une « Terre de lait » où il fera bon vivre

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Une « Terre de lait » où il fera bon vivre

Les produits laitiers apportent 12,8% de l’énergie, 19% des protéines ou encore 54% du calcium de la ration alimentaire moyenne. C’est donc une filière importante où les éleveurs jouent le premier rôle. (©Elevage Dumesnil)

La démarche Terre de Lait, portée par le Cniel, entend œuvrer pour un développement durable et rentable de la filière. Y compris le revenu et le bien-être des éleveurs.

«Intégrer les demandes sociétales aux enjeux de compétitivité et de valorisation, pour un développement durable de la filière», tel est le vœu exprimé par l’interprofession laitière qui réunit l’ensemble des acteurs de la filière: éleveurs laitiers, coopératives et entreprises privées, commerce, distribution et restauration. Dans la démarche entreprise par la filière laitière, baptisée « Terre de Lait »  et portée par le Cniel, huit engagements sont pris à l’horizon 2025, intégrant des objectifs de performance économique et sociale, alimentaire, sanitaire, et environnementale.

 55% des éleveurs au revenu médian

«Demain nous voulons que 55% des éleveurs au minimum tirent un revenu supérieur ou égal au salaire médian français», est le premier vœu présenté dans la démarche Terre de Lait. On en est encore loin aujourd’hui. Seules un tiers des 55.0000 fermes laitières parviennent à rémunérer leurs exploitants au-dessus du revenu net médian français, qui s’élève à 1857€ en 2017. Pour réussir à capter de la valeur ajoutée dans les exploitations, l’interprofession mise sur l’essor des productions laitières sous signes de qualité (15% du lait aujourd’hui), et du bio (2,4% du lait produit en 2016). En matière de revenu, des marges de progrès sont ciblées dans les domaines de la gestion de la santé, de l’alimentation, de la sélection génétique en vue de la recherche d’animaux robustes et résiliants. Sans oublier la maîtrise des coûts de production.

Mieux vivre

Etre épanoui et fier de son boulot, sans en être stressé, ni harassé! Tel est probablement le désir de chaque jeune qui embrasse le métier d’éleveur laitier. Or, le tableau actuel n’est pas idyllique. Les promoteurs de la démarche Terre de lait ont donc listé les indicateurs «mesurables» de bien-être: reconnaissance, sécurité économique, attachement au métier, charge de travail, pénibilité…  À partir de ces référentiels, un plan d’accompagnement sera proposé aux éleveurs désireux de mieux gérer l’organisation du travail. Des efforts d’attractivité en faveur du monde de l’élevage laitier, mais aussi des entreprises de transformation, seront entrepris en direction des jeunes. Actuellement, 15% des emplois ne sont pas pourvus en industrie laitière.

Le cheptel moyen est aujourd’hui de 60 vaches laitières par exploitation.

Du lait de haute valeur

Les acteurs de la filière promeuvent d’autres engagements considérés comme vertueux en matière de qualité sanitaire, environnementale et de bien-être animal. Sur ce point, Les Français considèrent par exemple que les vaches doivent avoir accès au pâturage. Afin de répondre à cette attente et d’être en mesure de valoriser les produits laitiers issus d’élevage respectant cette pratique, les représentants des professionnels ont créé un référentiel interprofessionnel pour les produits laitiers «lait de pâturage» qui précise les conditions minimales à respecter en cas d’utilisation de cette mention (durée minimale de pâturage de 120 jours par an et 6 heures par jour, surface minimale pâturée de 10 ares par vache). Un cahier des charges pour le lait de vaches nourries sans OGM a également été validé en janvier 2020. Dans la conduite du troupeau certains changements sont déjà amorcés tels que le contrôle sur l’usage des antibiotiques des livraisons de lait désormais systématique depuis le 1er janvier 2020. Des progrès sont d’ores et déjà constatés dans ce domaine puisque l’exposition des animaux aux antibiotiques a baissé de 3,6% par rapport à  2016 et de 38,6% par rapport à 2011. Les deux usages majoritaires étant les mammites et les boiteries.

Des vaches paisibles

Plus globalement, cinq unités de mesure ont été précisées en matière d’objectifs de bien-être animal: absence de faim et de soif, de maladies et douleurs, de peur ou de stress. Les indicateurs fixés pour évaluer le bien-être sont censés être facilement observables et mesurables lors d’un diagnostic de routine. Exemples: nombre de places à l’auge disponibles pour l’accès à l’alimentation, absence de boiteries, propreté du poil, places de couchage… Les responsables de la filière laitière se veulent particulièrement volontaristes sur ce point, au risque d’irriter les éleveurs déjà confrontés à maintes exigences quotidiennes. Ils proposent en effet que 100% des fermes laitières soient évaluées sur ce point, d’ici 2025.

Et dépolluantes

L’enjeu est aussi de produire sans compromettre le climat. Dans cette perspective, Terre de Lait ambitionne de réduire l’empreinte carbone nette d’un litre de lait sorti usine, de 17%. Déjà 10.500 fermes sont engagées dans le programme Fermes laitières bas carbone, lancé en 2015.

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