Exosquelette: s’user peut attendre

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Exosquelette: s’user peut attendre

Le modèle d’exosquelette rigide de Comau soutient les mouvements des bras et, à la fois, maintient les bonnes postures du dos.

En salle de traite comme ailleurs, l’exosquelette peut aider à résoudre des situations traumatisantes pour le corps. Il n’est pas pour autant une solution miracle, mais plutôt un élément à intégrer dans une amélioration globale des postes de travail. Navré pour ceux qui s’imaginaient déjà soulever leur tracteur à bout de bras.

D’étranges silhouettes déambulent au détour de quelques allées du dernier Space. Plusieurs stands y promeuvent en effet un nouvel accessoire du travailleur en élevage, l’exosquelette. Derrière l’intérêt évident d’une aide au mouvement sur des tâches aussi répétitives que la traite, «le bénéfice avec ce modèle est aussi qu’il empêche les mauvaises postures», explique Patrice Roudet, chef de projet chez Comau (groupe mondial spécialisé dans l’automatisation industrielle). Harnaché dans le Mate-XT, impossible en effet de se baisser en faisant le dos rond, de se distordre le tronc, ni même de laisser une charge lourde cambrer vos vertèbres.

D’abord s’éviter les cascades du quotidien

Des quelques tests qu’il a pu suivre en situation réelle d’utilisation, Philippe Millet, responsable Prévention des risques professionnels à la MSA Midi-Pyrénées Nord, retient qu’il y a eu «des retours positifs. Il y a aussi eu des essais non concluants.»

Dans le camp des convaincus, il cite notamment le cas d’éleveurs laitiers confrontés au quotidien à des difficultés physiques. Ils ont essayé. Très vite, ils ont adopté cet outil qui ne s’adresse pas uniquement aux opérateurs de la production agricole.

L’exosquelette: un outil généraliste avec lequel il faut cibler ses interventions

Sur l’élevage, l’intérêt d’une telle assistance ne s’arrête pas non plus à la salle de traite. «On peut l’envisager également pour repousser le fourrage, ou pour le paillage… Dès que l’activité se fait avec le bras au-dessus de l’épaule, il y a un gain évident», juge l’expert des risques au travail. «Maintenant, on préconise surtout de ne pas de l’utiliser 8 h par jour.» L’utilisateur doit en effet cibler des actions où l’aide sera la plus précieuse. Sans quoi, «on peut aller vers des pertes musculaires», avertit encore le conseiller.

Modèle de harnais de posture Ergosanté

Ergosanté propose différents exosquelettes. Pour le modèle d’assistance des membres supérieurs, le fabricant annonce un prix inférieur à 2.000€.

Pour le moment, «nous ne savons pas non plus si ces outils ne créent pas d’autres troubles. Est-ce que l’exosquelette ne fait pas uniquement que déplacer un problème, sur les hanches par exemple?», Cette question doit aussi faire l’objet de prochains suivis des premiers utilisateurs de ces systèmes.

En attendant, Philippe Millet observe que la technologie progresse. Les modèles continuent de s’alléger. Et l’exosquelette se présente pour le moment comme un des leviers possibles pour améliorer une situation problématique. «Il faut avoir une approche globale et d’abord évaluer l’ensemble de l’exploitation pour voir comment supprimer les gestes et les postures à risque», puis où envisager l’exosquelette.

Le conseil: essayer avant d’acheter

«C’est un outil qui a tout de même un coût.» Pour celui que la MSA Midi-Pyrénées a suivi in situ, «nous sommes aux environs de 5.000€.» Mieux vaut donc en optimiser l’impact. Le conseiller analyse par ailleurs que «le facteur d’appropriation joue un rôle très important. Notre démarche est plutôt d’orienter vers un essai sur une quinzaine de jours.» Si la personne constate un gain, alors il deviendra pertinent d’envisager un projet d’acquisition. Sur le marché avec des harnais de posture, plus légers et plus accessibles, Ergosanté intègre aussi cette logique à son offre. «Nous proposons un essai gratuit, ou encore un système de location avec déduction du prix d’achat», expliquait ainsi ses représentant au Space en septembre dernier.

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