Sécheresse: des jachères valorisables

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Sécheresse: des jachères valorisables

Le ministère a été sensible au manque de stocks fourragers qui affecte certaines régions en autorisant l’exploitation des jachères.

Dans 24 départements, les éleveurs en mal de fourrages pourront valoriser les jachères pour alimenter leurs troupeaux. Une alternative à l'achat de paille, souvent chère.

Sur près d’un quart du territoire environ, les éleveurs sont dans la panade. En cause: un printemps 2019 peu propice à la pousse d’herbe dans certaines régions. Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle succède par endroits à une année 2018 marquée par une sévère sécheresse estivale et automnale.

Peu de stocks fourragers

En conséquence, les stocks fourragers sont au plus bas dans certaines exploitations. Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture autorise les éleveurs situés dans les 24 départements situés sur les régions Centre Val de Loire (18 et 36), Auvergne Rhône-Alpes (01, 03, 07, 26, 38, 42, 43, 63, 69), Occitanie (09, 11, 30, 31, 32, 34, 66, 81, 82), Nouvelle Aquitaine (23) et PACA (13, 83, 84) à faucher ou faire pâturer leurs jachères déclarées en tant que surfaces d’intérêt écologiques (SIE). «Pour bénéficier de cette possibilité, les éleveurs concernés doivent adresser un courrier à leur DDT(M), expliquant les difficultés rencontrées en raison de la sécheresse et la nécessité d’utiliser les jachères et demandant en conséquence la prise en compte des circonstances exceptionnelles», indique le ministère.

Course à la paille

En parallèle, certaines préfectures comme celle de la Creuse ont pris un arrêté d’interdiction du broyage de paille. Dans d’autres départements, la profession agricole se mobilise pour chercher des alternatives au manque de fourrages. En Vienne, la chambre d’agriculture a mis en place une plate-forme d’annonces d’offres et de besoins en fourrages et paille. Et elle invite les agriculteurs vendeurs de paille à pratiquer des prix qui se rapprochent de la valeur économique d’une tonne de paille estimée à une vingtaine d’euros par tonne (en andains), correspondant selon les conseillers en production végétale à :

  • la valeur économique des intrants N, P, K,  CaO et MgO, soit 9,50 €/t de paille exportée,
  • la valeur économique de l’humus: 5,20 €/t de paille exportée,
  • le coût d’épandage nécessaire pour compenser les éléments exportés: 2 à 2,50 € (8 à 10 €/ha),
  • moins l’économie liée à la suppression du broyage des pailles lors de la moisson: – 1 €/t.

Il s’agit donc de tarifs beaucoup plus raisonnables que ceux entendus ici et là dans la nature. Ces dernières années, les prix souvent erratiques de cette ressource, s’inscrivent dans une tendance haussière. En effet, de nouveaux usages de la paille (matériau de construction, combustible, biomasse pour la cogénération, méthanisation) entrent désormais en concurrence avec sa vocation habituelle de litière pour animaux.

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