De l’intercuma pour les vendanges

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De l’intercuma pour les vendanges

Alain Couzon, Bernard Foury, Bertrand Bracy, et Jérôme Berthelon de la cuma de Nuelles .

L’intercuma est parfois pratiquée pour l’ensilage ou la moisson sur des régions différentes et dessaisonnées. La pratique est rarissime en viticulture. A Nuelles dans le Rhône, la machine à vendanger a récolté deux vignobles.

La cuma de Nuelles a tenté et réussi la vendange 2017 sur deux vignobles séparés de 80 km. Cette année, le Beaujolais a gelé, si bien que les 75 ha de la vendangeuse automotrice ne seront pas récoltés. Tout au plus une cinquantaine. Pour autant, les charges fixes et l’annuité de l’automotrice restent identiques.

Le prix de revient risque donc de grimper de 50%, ce qui rajoute des difficultés aux problèmes de gel et de mévente en Beaujolais. Des contacts avaient eu lieu il y a deux ans au sein de la nouvelle coopérative viticole Agamy issue de la fusion de celles de Bully et de Trellins. Des viticulteurs du Forez avaient évoqué l’idée d’une récolte en commun avec ceux de Nuelles. « Pourquoi pas ? » leur avait-il été répondu. Mais à l’époque, la machine à vendanger de la cuma avait suffisamment de surface et la proposition est restée sans suite. En 2017, la situation est bien différente. Alors, après la vendange de leurs 50 ha, les adhérents de Nuelles emmènent leur machine à Boën-sur-Lignon pour 25 ha, soit une semaine de travail en perspective. Les quatre chauffeurs font les trajets.

Vendanges intercuma : plus difficile à imaginer qu’à faire

A l’heure du bilan, Bernard Foury, le trésorier, souligne que « sur le plan humain, ce fut une très belle expérience » mais quelques points d’organisation doivent être repris. « Il faut qu’on passe à la journée continue, quitte à se relayer aux heures de repas, et utiliser tout le créneau horaire de livraison à la coopérative ». Des bacs ou bennes vendangeuses doivent être plus nombreux car la machine ne doit pas attendre mais fonctionner au maximum de ses capacités, et limiter les pannes (heureusement, le marchand réparateur est très efficace).

Pour les Foréziens, la vendange est plus satisfaisante qu’avec les prestataires auxquels ils avaient recours. Enfin, il faudra confronter les dates de début et fin de récolte de ces dix dernières années s’il s’agit de poursuivre l’expérience. Commencer et finir à temps de chaque côté est essentiel, le tarif n’est pas le seul objectif. Un chevauchement existe-t-il ? Est-il surmontable ? Jusqu’à quelle surface aller ? A Nuelles, la superficie à récolter pourrait être bientôt réduite de 10% du fait de vignes non reprises ou cédées hors de la cuma. La solution peut être trouvée en passant par l’intercuma tandis que Jérôme Berthelon estime qu’il faut mener une réflexion globale sur la vendange en cuma dans le secteur.

Réflexion globale

Certaines cuma envisagent d’acheter leur vendangeuse sans avoir une surface suffisante. Optimiser le parc de machines à vendanger au niveau du secteur devient incontournable pour éviter des situations où les frais de récolte deviendront énormes. Dans ce cadre, le vignoble du Forez pourrait trouver pleinement sa place. Un nouveau découpage est à réfléchir. Un réseau de cuma serait à organiser plutôt que mener la vendange cuma par cuma, isolées et cloisonnées. En quelque sorte, une optimisation du parc matériel de récolte qui irait au-delà de sa propre cuma.


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