Crise du lait: échec des négociations, le blocus se poursuit

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Crise du lait: échec des négociations, le blocus se poursuit

Les négociations entre les éleveurs et le groupe Lactalis ont échoué. Le blocus se poursuit.

Les négociations entre les éleveurs et le groupe Lactalis sur le prix du lait ont échoué dans la nuit de jeudi à vendredi, au terme de près de onze heures de pourparlers. Les manifestants à Laval promettent "de poursuivre" le blocus de l'usine du géant laitier, accusé de pratiquer des prix trop faibles.

Le mouvement, qui a débuté lundi soir, « se poursuit. On ne sortira qu’avec une victoire », a assuré le président de la FDSEA de Mayenne, Philippe Jéhan, quelques minutes après l’annonce de l’échec des discussions entre les représentants des producteurs de lait et ceux du groupe agro-alimentaire Lactalis.  La réunion qui se tenait à la Maison du Lait à Paris, s’est terminée par un constat d’échec dressé par le médiateur des relations commerciales Francis Amand. « Je suis très déçu sur la méthode, j’ai eu l’impression que les représentants des organisations de producteurs n’étaient pas en capacité de prendre des positions et qu’elles leur étaient dictées depuis Laval. On repart à zéro, il n’y a plus de médiation possible dans ce cadre-là », a-t-il déclaré à la presse.

Dernière chance?

M. Amand a précisé qu’il avait fait une « proposition de la dernière chance à 280 euros les mille litres«  pour les cinq derniers mois de 2016, une offre qu’avait acceptée Lactalis, critiqué par la Fédération des producteurs de lait pour le faible prix offert aux éleveurs. A 256,90 euros la tonne achetée en juillet, Lactalis se trouvait effectivement loin derrière le groupe Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou encore la laiterie Saint-Père, filiale d’Intermarché, qui rémunère les éleveurs 300 euros les 1.000 litres. Avant les pourparlers avec Lactalis, les producteurs réclamaient « une visibilité jusqu’à la fin de l’année et un engagement écrit sur une nouvelle méthode de fixation du prix du lait », avait expliqué Florent Renaudier, producteur de lait en Mayenne et membre du conseil d’administration de la FNPL, la branche laitière de la FNSEA. « Mais les représentants des producteurs ont considéré que ce (la dernière proposition à 280 euros) n’était pas suffisant », a souligné le médiateur.

Le porte-parole de Lactalis Michel Nalet a dénoncé de son côté le rôle du syndicat agricole FNSEA qui a, selon lui, « poussé un certain nombre d’organisations de producteurs à ne pas prendre de décisions. Elle devra en assumer les conséquences ». Il n’a pas donné de détails, précisant uniquement que le groupe tiendrait une réunion vendredi pour en discuter. Pour sa part, Sébastien Amand (qui n’est pas apparenté au médiateur, ndlr), vice-président de l’organisation de producteurs de lait de la Manche, a estimé qu’il y a « encore un espace de discussion possible dans les heures ou les jours qui suivent ».

Vivre de notre métier

Tard dans la soirée, près de 1.000 personnes s’étaient rassemblées sur le rond-point de la « honte du lait » entourées de près de 150 tracteurs. Peu avant 3h00, vendredi, ils n’étaient plus qu’une trentaine d’agriculteurs à occuper dans le calme ce rond-point, entourés par une trentaine de tracteurs. Une dizaine de CRS étaient à proximité, a constaté une journaliste de l’AFP. « On ne partira pas, il faudra que Lactalis cède », a affirmé le président des Jeunes agriculteurs (JA) de Mayenne, Jérémy Trémeau. Selon M. Jéhan, des tours de garde sont d’ores et déjà prévus jusqu’à lundi. « Et s’il faut boucler (les tours de garde, NDLR) la semaine d’après, on la bouclera », a-t-il affirmé. « On est déçus. Avec des personnes comme ça (de Lactalis, NDLR), on ne peut pas négocier. Il faut rester solidaires et se mobiliser« , a confié dans la nuit Florian, un jeune Mayennais installé depuis six mois dans son exploitation. « Nous ne voulons pas être des assistés de l’État, nous voulons gagner un salaire correct avec un prix du lait correct », avait expliqué dans la journée Sylvie, une agricultrice de la Sarthe, en contrat avec le groupe Bel (Vache qui rit). L’été dernier, les tables rondes s’étaient succédé pendant des semaines au ministère de l’Agriculture avant de parvenir à un accord sur les prix de la viande et du lait. Ce dernier n’a jamais été appliqué.

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