La mécanisation fait repartir le tabac

Partager sur

La mécanisation fait repartir le tabac

Une machine à récolter le tabac, un prototype français.

En Dordogne, s’il est un enjeu à relever pour les tabaculteurs, c’est bien celui de la mécanisation.

Pour le tout nouveau président de Périgord Tabac, Laurent Testut, même discours que celui de son prédécesseur Jacques Baudouin, c’est même le principal enjeu: «Si l’on veut que demain cette production perdure, que des jeunes s’intéressent à la production de tabac, cela passe obligatoirement par la mécanisation, comme cela s’est fait dans d’autres filières.»

Il faut bien le constater, jusqu’à ce jour, le tabac n’était pas la production la mieux mécanisée. «Il y quelques décennies, qui aurait imaginé les vendanges à la machine, qui ont été une véritable révolution…»

Peu de nouveau producteurs parmi les jeunes qui s’installent. Ceux qui le font succèdent à leurs parents. Mais aujourd’hui, la récolte mécanisée est enfin bien maîtrisée. Depuis trois ans, avec l’aide de la coopérative Périgord Tabac et de la cuma Lascaux Tab, des essais ont été menés en Dordogne. Le prototype américain des premières tentatives a cédé la place à une machine prototype française, construite par la Somaref, qui a désormais fait ses preuves.

Pour Laurent Testut, «aujourd’hui, nous ne parlons plus de prototype! La phase de récolte mécanisée est au point. Quelques modifications relèvent  du détail, mais ça fonctionne! »

A terme, du service complet

Il sera donc temps de passer à l’effeuillaison. Des machines existent, mais sont encore fort onéreuses. «L’absence de main d’œuvre, familiale ou salarié, est récurrente. Il faut à terme pouvoir proposer un service complet, de la récolte à la livraison. Les cuma prendront là toute leur place, car le coût du matériel induira le partage des charges.»

Les campagnes anti-tabac ne semblent pas être un frein à la production tabacole qui, par le passé, a fait vivre bien des familles dans notre région de petites exploitations.

«Si on ne produit plus de tabac en France et en Europe, les marchand de cigarettes continueront d’en vendre avec du tabac venu d’ailleurs. Nous n’avons pas à culpabiliser! Nous avons les marchés, en termes de traçabilité nous avons une longueur d’avance sur les autres continents et la tendance de ces marchés s’oriente vers du tabac bio. Il serait idiot de s’éloigner de ces marchés spécifiques.»

Encore faudrait-il voir s’installer des jeunes avec une telle production. «La mécanisation nous offre tous les espoirs. Grâce à cette perspective, nous voyons revenir vers nous d’anciens producteurs qui réfléchissent sérieusement à produire de nouveau du tabac. Mais notre plus cher désir est d’accueillir des jeunes qui s’installent. Ils sont l’avenir.»

Témoignage de Francis Marin, tabaculteur

Le seul espoir de voir repartir et perdurer la culture du tabac, c’est bel et bien la mécanisation.

«Chaque année, on voit diminuer les surfaces en tabac et il n’y a plus de main d’œuvre sur les exploitations», dit-il. Toutes les cultures se sont mécanisées, le tabac ne doit donc pas y échapper.

«Dans mon cas, seul avec mon épouse, c’était soit la mécanisation, soit l’arrêt de la production. Aussi avons nous été volontaires pour les premiers essais du gros point noir de tout tabaculteur, la récolte. Nous avons donc essuyé les plâtres de la récolte mécanisée.»

Il semble bien qu’un grand pas ait été franchit cette année. La qualité du travail et la rapidité du chantier sont au rendez vous. «Pour la somme de plus ou moins 2500€/ha, cadres compris, en un jour la machine de la cuma Lascaux Tab récolte 1,5ha, contre le même travail durant  une semaine à 3 ou 4 personnes.»

Francis Marin aime le tabac, c’est palpable. Dans l’attente de jeunes qui s’installent, un espoir… «D’anciens producteurs, notamment des laitiers dont la filière est actuellement en grande difficulté, se renseignent, réfléchissent et songent sérieusement à un retour au tabac.»