Ils ont tous vendu leurs tracteurs !

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Ils ont tous vendu leurs tracteurs !

Le renouvellement des quatre tracteurs de la cuma d'Hostrel permet aux quatre adhérents de tester de nouveaux Fendt, en démo.

Il y a cinq ans, Martin Gosse de Gorre et Bertrand Lecherf ont revendu leurs six tracteurs pour adhérer à la cuma intégrale d’Hostrel. Ils ont osé et ne le regrettent pas.

Vendre leurs tracteurs pour rejoindre une cuma intégrale, c’est ce qu’ont fait deux agriculteurs du Pas-de-Calais. On aurait pu les prendre pour des fous. Martin Gosse de Gorre, quatre ans après son installation, ainsi que Bertrand Lecherf, tous deux agriculteurs dans le Ternois, ont vendu il y a cinq ans tous leurs tracteurs, et ont adhéré à la cuma de leur village. « En fait, on en a gardé chacun un, mais c’est surtout pour nous rassurer, avoue Martin Gosse de Gorre. Mais ils ne travaillent que quelques heures. » Qu’importe, le symbole est là.

Optimiser les tracteurs à la cuma intégrale

En 2020, les deux agriculteurs ont décidé de revendre leurs six tracteurs qu’ils avaient en copropriété pour adhérer à la cuma intégrale d’Hostrel. Ce groupe de deux adhérents qui utilisait deux tracteurs a aussi revendu la totalité de leur flotte. « À quatre agriculteurs, nous avons acheté quatre nouveaux tracteurs, au lieu de huit auparavant », compte Bertrand Lecherf. Car pour adhérer au groupe, les nouveaux membres doivent apporter plus de 400 heures de traction chaque année. C’est la règle !

Leur motivation ? Le coût. Les deux compères avaient des tracteurs vieillissants, et donc coûteux en entretien. La dernière année d’utilisation a été le pompon avec environ 10 000 € de frais de réparation pour l’un d’entre eux. Et ils étaient peu utilisés. « Nos six tracteurs travaillaient de 200 à 600 heures chaque année, poursuit-il. C’est donc onéreux. D’où notre volonté d’optimiser ces charges-là. »

Pas de surprises

Et maintenant, on peut dire que c’est chose faite. Avec ces quatre tracteurs achetés neufs en 2020, allant de 150 à 200 chevaux, de quatre à six cylindres, mille heures chacun s’inscrivent au compteur chaque année. « Avec ces volumes, les matériels sont optimisés, ajoute Martin Gosse de Gorre. Le coût de leur utilisation est estimé autour de 20 €/h auxquels il faut ajouter le carburant. »

Avec la stratégie des cuma, les deux agriculteurs estiment avoir peu de surprises. « On sait combien on pourra revendre nos tracteurs lorsqu’on voudra les renouveler, précise Bertrand Lecherf. Quant aux coûts d’entretien et de réparation, nous les lissons sur les années, et ils sont prévus dans les charges. Il n’y a pas de surprise. »

D’autant que le groupe a opté pour les extensions de garantie. « C’est aussi l’avantage, nous travaillons avec des tracteurs neufs, bien équipés et performants, avoue Martin Gosse de Gorre. Ce qui nous change de notre équipement d’avant. »

Une organisation exigeante pour les tracteurs de la cuma intégrale

Un aspect financier qui permet de mieux relativiser les chantiers. « Avec ce système, on sait combien nous coûte un passage supplémentaire sur une culture, explique le jeune agriculteur. Cela nous permet de savoir si telle intervention est potentiellement rentable ou non. » Car en plus d’utiliser les tracteurs de la cuma, les deux agriculteurs ont aussi revendu la plupart de leurs outils de travail du sol, leurs semoirs et autres outils attelés. Ils utilisent donc ceux de la cuma, qu’ils partagent globalement avec une vingtaine d’adhérents.

Si économiquement l’affaire semble bien se goupiller, travailler en cuma intégrale demande de l’organisation. Ce qui ne semble pas être le point fort de ces deux agriculteurs. « C’est exigeant, estime Martin Gosse de Gorre. Je préfère faire partie d’un collectif, même si cela me demande un effort pour bien combiner l’utilisation des tracteurs. Je ne peux pas travailler seul. »

Renouvellement reporté

Pour cela, chaque lundi, les quatre adhérents de la cuma intégrale échangent sur les besoins en matière de traction, mais aussi d’outils. Car l’objectif est d’utiliser au maximum les tracteurs tout en optimisant les chantiers. Cela implique donc de les dételer et de les atteler le moins souvent. Le responsable des tracteurs dispatche ensuite les matériels au sein du groupe. « C’est un sacré travail, avoue Bertrand Lecherf. Parfois le responsable des tracteurs doit se tirer les cheveux. »

Cette organisation est exigeante, mais ces deux agriculteurs aiment le collectif plus que tout. « On est un peu fous », ironise Martin Gosse de Gorre. « On se demande comment font les agriculteurs qui achètent des tracteurs neufs seuls », se questionne Bertrand Lecherf. Car même si leurs quatre tracteurs sont arrivés depuis un an au point du renouvellement prévu dans le plan, les cumistes ont décidé de reporter leur investissement d’un an. « Les tracteurs étaient beaucoup trop chers l’année dernière, estime Martin Gosse de Gorre. Cette année, les prix semblent plus raisonnables. Nous nous y penchons. »

Il est vrai que sur le marché du matériel, le renouvellement de quatre tracteurs, en une seule fois, pèse sur les négociations des offres commerciales.

Cuma intégrale d’Hostrel : aller encore plus loin

Les quatre adhérents de la cuma intégrale d’Hostrel ne se sont pas arrêtés au partage des tracteurs. Ils ont décidé d’aller encore plus loin dans le collectif en organisant des chantiers communs en cuma intégrale pour la moisson. Ainsi, de deux moissonneuses-batteuses, ils sont passés à une seule.

Instaurant le même principe qu’avec les tracteurs, en optimisant les surfaces à récolter. Tracteurs et bennes de la cuma l’accompagnent. Pour essayer de simplifier les transactions, les quatre agriculteurs ont une banque de travail qui permet de comptabiliser les heures effectuées chez l’un et chez l’autre. Un chantier qui parait bien rodé et qui inspire une même organisation pour la culture de pommes de terre. C’est en pourparlers.

Inclure toute la cuma

Si le groupe de la cuma intégrale d’Hostrel roule sa bosse, elle ne veut toutefois pas oublier le reste de ses adhérents. « Ma crainte, c’est qu’il y ait une scission entre notre groupe et la cuma, alerte Martin Gosse de Gorre, qui est aussi président de la cuma. Pour cela, on aimerait acheter un cinquième tracteur disponible pour tout le monde, et ainsi partager du matériel en dehors de notre cuma intégrale. »

Mais pour le moment, partager un tracteur en apportant 400 heures chaque année est assez repoussoir. « On doit peut-être faire évoluer ce seuil pour ainsi embarquer plus d’agriculteurs », réfléchit le président.

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