La robotique agricole/viticole peut permettre de répondre à une impasse technique rencontrée par la mécanisation conventionnelle. C’est notamment le cas dans le vignoble champenois où certaines parcelles se révèlent quasi impossible à mécaniser pour des raisons de sécurité. Les pentes pouvant atteindre 40 % avec des dévers de 20 à 25 %. Ainsi, depuis 2017, le groupe Moët-Hennessy a participé au développement d’un enjambeur autonome Yanmar capable d’évoluer dans ces configurations difficiles. Joseph Malfait (responsable des achats de matériels et de l’innovation pour le groupe) donne son avis d’utilisateur sur ce robot Yanmar YV01.
La vidéo de l’avis d’utilisateur du robot Yanmar YV01
L’histoire du robot Yanmar YV01 commence en 2017, avec l’élaboration du cahier des charges en collaboration avec le groupe Moët-Hennessy. Objectif donné au constructeur japonais : concevoir un robot capable d’effectuer une pulvérisation de qualité dans les parcelles les plus pentues, même en conditions d’adhérence précaires. La solution proposée par Yanmar prend la forme d’un robot capable d’enjamber un rang de vigne équipé de longues chenilles.

Après quatre campagnes, Joesph Malfait (groupe Moët-Hennessy) donne son avis d’utilisateur sur le robot Yanmar YV01. (© Entraid Médias)
Le groupe teste un premier prototype en 2019 puis passe en phase opérationnelle complète en 2021. « Une année très orageuse », se souvient Joseph Malfait, « mais le Yanmar YV01 s’en est très bien sorti. L’intégration opérationnelle est aujourd’hui une réussite. Nous avons ainsi deux parcelles de 5 hectares où la pulvérisation est complètement réalisée par des Yanmar YV01. »
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Les points forts du robot
Après 4 années d’utilisation, l’adhérence et la stabilité dans les fortes pentes sont le premier point fort du Yanmar YV01 à ressortir de l’avis de Joseph Malfait. « Le robot Yanmar peut affronter des conditions très compliquées. » Une qualité « flagrante » et appréciée au quotidien.

Grâce à son équilibre et son poids relativement contenu, le Yanmar YV01 peut évoluer dans les parcelles les plus pentues. (© Entraid Médias)
Ensuite, Joseph Malfait apprécie la maniabilité du Yanmar YV01. En effet, ce robot peut réaliser ses demi-tours dans les fourrières (très) compactes des parcelles viticoles champenoises. « Parcelles en pointe, chemins, rien ne lui fait peur. »
Enfin, la polyvalence ressort comme le troisième point fort du robot. De fait, initialement conçu pour la pulvérisation, le Yanmar YV01 peut désormais réaliser des opérations de travail du sol, à la fois dans l’interrang, mais aussi sur le rang entre les ceps. À l’usage, 30 minutes suffisent pour passer d’une configuration pulvérisation à une configuration travail du sol.

Le Yanmar YV01 utilise une combinaison d’antennes RTK, caméras, Lidar et bumpers pour se guider. (© Entraid Médias)
Les points faibles du robot
À l’inverse, Joseph Malfait retient deux axes d’amélioration concernant le robot Yanmar et son utilisation.
D’une part, l’arpentage ressort comme un point faible du Yanmar YV01. En effet, le groupe Moët-Hennessy utilise plusieurs robots viticoles de marques différentes. Et aujourd’hui, « nous n’avons pas une norme qui a été définie entre les constructeurs sur ce sujet ».
Ainsi, pour une même parcelle, l’arpentage réalisé pour un robot d’une marque n’est pas forcément utilisable pour le robot d’une autre marque. « Chaque constructeur y va de sa façon d’arpenter et même les formats de fichier ne sont pas harmonisés. » Une situation qui n’est pas sans rappeler les débuts de l’Isobus dans le matériel agricole.

Pour les phases de chargement, le Yanmar dispose d’une manette proche de l’univers du jeu vidéo. (© Entraid Médias)
D’autre part, le second point concerne la réglementation encadrant l’usage des robots agricoles. Certes, « RobAgri travaille fortement sur le fait d’intégrer les solutions robotiques dans les schémas de production […] Mais il faut que le législateur prenne position et qu’on ait un cadre de lois bien défini. Il reste un gros travail à faire sur ce sujet. »
Fiche technique du Yanmar YV01
- Moteur : 2 cylindres 4 temps essence Honda
- Puissance : 27 ch
- Travaux : pulvérisation, travail du sol, désherbage.
- Guidage : RTK, caméras, lidar, bumpers.
- Pente maximale admise : 45 %.
- Dévers maximal admis : 20 %.
- Vitesse de travail : 1,5 à 4 km/h.
- Poids : 1 t (pulvérisation) / 1,3 t (travail du sol)
- Capacité de cuve : 200 l.

Un tracteur avec un plateau de transport se charge de transporter les robots à la parcelle. (© Entraid Médias)
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