Cette année, le désherbage des maïs s’annonce difficile. En effet, le puissant S-métolachlore, utilisé en prélevée pour éliminer les adventices, graminées et dicotylédones, n’est plus utilisable. Une situation à laquelle les agriculteurs vont devoir s’habituer en anticipant les interventions et en ciblant les molécules choisies. Le désherbage de maïs sans S-metolachlore risque d’être plus compliqué en 2025.
Désherber du maïs sans S-metolachlore
Habituellement utilisé en prélevée, le S-métolachlore avait pour intérêt de lutter efficacement contre les adventices telles que les graminées lorsque la pluie succédait à son application. Toutefois, les agriculteurs bénéficient d’autres molécules applicables en racinaire, à l’image de l’Isard ou de l’Adengo. “Avec les conditions humides qui ont suivi, les semis dans le sud-ouest ont favorisé l’efficacité des désherbages chimiques en pré-levée, annonce Clémence Aliaga, ingénieure Arvalis dans ce secteur. Cependant, les températures plus ou moins fraîches et l’humidité constante ont incité les adventices à lever.”
Mais la lutte contre les graminées doit se faire le plus tôt possible, si on veut qu’elle soit efficace. Si un désherbage de rattrapage est nécessaire, l’idéal est d’intervenir sur des adventices jeunes à 3-4 paires de feuilles maximum. Mais aussi respecter les conditions pédoclimatiques entre 10 et 12 degrés et une hygrométrie supérieure à 70 % pour ajuster la dose aux besoins. Une troisième intervention peut être envisagée en cas de fortes infestations. En revanche, si la densité de graminées ne dépasse pas les 20 plantes/m², un simple désherbant pourra suffire.
Maïs sans S-metolachlore : cibler les désherbants
Cette année, que les conditions soient humides ou sèches, les producteurs de maïs risquent d’avoir recours aux solutions de rattrapage, en foliaires, un peu moins efficaces que les autres. Sur ce sujet, il n’y a pas d’innovations notables. “D’autant qu’on remarque beaucoup de levées de graminées avec de plus en plus de ray-grass”, a constaté l’ingénieure.
Dans ce cas, il est préconisé de cibler les bons désherbants. “Cette année, la diversité des adventices appelle à la précision, prévient Clémence Aliaga. Il faudra choisir les bons produits cibles.” Ce qui implique d’être attentif à la levée des adventices, mais aussi à bien les reconnaître. “Le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs n’est globalement pas très performant vis-à-vis du ray-grass et repose sur le Dmta-p”, alerte Arvalis dans une note. Il est donc nécessaire d’être vigilant même si la plante semble avoir disparu, les levées peuvent s’échelonner sur toute la campagne.
2025, année à liserons
Par ailleurs, l’ingénieure a relevé la présence de nombreux liserons dans les parcelles. Là, les moyens de lutte sont un peu différents. Si pour les graminées, il faut agir vite, c’est moins le cas pour cette adventice vivace. Le plan d’action préconisé par Arvalis reste de concentrer ses efforts lorsque la plante atteint les 20 cm environ, soit le stade six feuilles du maïs. Alors, “il sera pertinent d’appliquer un produit à base de dérivé auxinique parmi les plus efficaces sur liseron. En cas de forte pression, un second passage sur des repousses de 10 à 15 cm, après six feuilles du maïs, sera nécessaire.”
Pour tenter d’obtenir des parcelles propres, les agriculteurs peuvent s’appuyer sur le désherbage mécanique. Mais encore une fois, son efficacité et la possibilité d’intervenir dans les champs varient selon la météo. “Jusqu’au recouvrement des rangs, le passage d’une bineuse est possible, fait remarquer Clémence Aliaga. Cela laisse le temps pour que la météo soit au beau fixe et que les interventions puissent débuter.”
Varier les modes d’action
D’expérience, il faut compter deux passages de bineuse pour écarter efficacement les risques de salissement de la parcelle. Toutefois, Arvalis met en garde, “l’emploi des outils de désherbage mécanique est délicat, car les passages de bineuse ont tendance à stimuler de nouvelles levées. Il faut donc avoir un système de dents bien adaptées pour scalper l’adventice sans remuer le sol en profondeur.
De manière générale, en désherbage, il est bon de varier les modes d’actions pour éviter d’avoir des phénomènes de résistance. D’où l’intérêt d’avoir tout de même une rotation diversifiée. Cependant, “plusieurs molécules ou produits peuvent avoir le même mode d’action. Et l’usage de certaines molécules sur d’autres cultures de la rotation va renforcer la pression de sélection sur les populations d’adventices.” La gestion des adventices est à raisonner sur une échelle pluriannuelle et demande des compétences agronomiques à chaque intervention sur la parcelle.
Une affaire de toutes les filières
Sans S-métolachlore pour la gestion des graminées, la filière maïs, maïs doux, maïs semences et sorgho craignent un report vers l’utilisation de désherbants à base DMTA-P (Isard, Spectrum). Ce dernier est également utilisé sur le sorgho, le tournesol, le colza et les betteraves.
Cependant, Arvalis prévient, “si le DMTA-P reste autorisé jusqu’en 2034 à l’échelle européenne, on peut raisonnablement s’attendre à une amplification de l’effort de recherche dans le milieu aquatique. Et, en conséquence, une fréquence de détection dans les eaux brutes en hausse. Il revient dès lors à l’ensemble des filières de grandes cultures de réserver l’emploi de ces produits aux strictes situations le nécessitant.”
Une autre molécule sur la sellette
D’ici à la fin de la campagne, les agriculteurs devront aussi apprendre à faire sans le Tritosulfuron. Cet herbicide ne pourra plus être utilisé à partir du 7 novembre 2025.
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