C’est comme si la France avait été renversée. En effet, les conditions météorologiques de ce printemps dénotent de nos habitudes. Cette année, les pluies ont été excessives dans le sud de la France et plus largement de l’Europe, tandis qu’une sécheresse semble s’abattre sur les pays de l’Europe du Nord et les régions au Nord de Paris. C’est n’a plus rien y comprendre ! Pourtant, les céréales 2025 semblent s’adapter.
Céréales 2025 : le potentiel conservé
Les services de FranceAgriMer ont relevé des températures en hausses de 1 à 5 degrés par rapport à la normale avec une extrême douceur nocturne. « On note de gros déficits pluviométriques, de 70 % dans le Nord-Pas-de-Calais à 30 % en Bretagne, analyse Abir Mahajba, cheffe de projet Céré’Obs. À l’inverse, dans le sud, la pluviométrie est en hausse de 10 à 50 % selon les régions. Dans certains secteurs, les précipitations ont doublé par rapport à la normale. » Côté soleil, il a été plutôt généreux dans la moitié nord alors qu’il s’est caché dans la moitié sud.
Pour autant, les cultures ne semblent pas, pour le moment, pâtir de cette météo inversée. « Concernant le blé tendre, 99 % des surfaces sont au stade deux nœuds, ajoute la cheffe de projet. Début mai, 74 % des surfaces, contre 62 % en 2024 à la même date, sont dans de bonnes, voire très bonnes conditions. » Le potentiel est donc bien présent. Petit bémol tout de même en région Centre-Val-de-Loire où les conditions de semis à l’automne n’ont pas favorisé le développement des plantes. Les cultures y sont un peu moins belles.
Avance des cultures
Pour les orges, 88 % des surfaces sont épiées. Ils présentent trois jours d’avance par rapport à la moyenne des cinq dernières années. « On estime que l’état des cultures est bon, voire très bon dans 69 % des cas, ajoute Abir Mahajba. Là où la céréale pêche le plus, reste toujours la région Centre-Val-de-Loire où les orges semblent se dégrader un peu ces derniers jours. »
En maïs grain, 79 % des surfaces sont emblavées, alors que seulement la moitié l’était en 2024. Un bon signe, conforté par leur levée. Dans plus de la moitié des cas, les plantes sont sorties de terre « On a une quinzaine de jours d’avance sur ce stade par rapport à l’année dernière, fait remarquer la cheffe de projet. Et cinq jours par rapport à la moyenne quinquennale. »
Rester confiant pour les céréales en 2025
Toutefois, les analystes s’accordent à être prudents. La tendance reste à la sécheresse dans une grande partie du pays. Face à cela, les inquiétudes se tournent vers la qualité des grains. « Avec de faibles précipitations, la valorisation de l’azote risque d’être affaiblie. Pour finalement récolter des grains avec des taux de protéines peu élevés. » En revanche, les céréales sont saines, car il y a peu d’humidité, et l’apparition des maladies reste limitée.
Malgré les conditions climatiques difficiles de ce printemps, notamment dans le nord de la France, les agriculteurs se veulent optimistes. À l’image de Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé “Grandes cultures” de FranceAgriMer et agriculteur dans la Marne. « On n’aime pas le temps qui dure, relativise-t-il. Mais de manière générale, nos cultures se développent davantage dans des conditions sèches qu’humides. Pour le moment, il n’y a pas de catastrophes sauf dans certaines parcelles où les plantes n’ont pas pu développer leurs racines correctement. »
Céréales 2025 : même constat en Europe
La météo des prochains jours nous dira s’il est temps de s’alarmer ou non. Car il faut tout de même le préciser, les céréales épiées demandent beaucoup d’eau tout comme lors de la floraison et du remplissage. Stades qu’atteindront très prochainement les céréales dans certains secteurs.
Le constat est à peu près identique au niveau Européen, avec des conditions climatiques à surveiller dans les bassins de production de céréales. Outre ces doutes météorologiques, c’est avant tout l’incertitude des marchés qui préoccupent les opérateurs en grains. Les évolutions quasi permanentes des droits de douane rendent les échanges plus difficiles et font reculer les prix. « Nos importations d’Ukraine sont en retrait et l’Europe exporte moins de grains vers l’Iran, la Corée et le Maroc, illustre Julie Garet, cheffe de l’unité grains de FranceAgriMer. La Chine a également disparu de nos débouchés. »
Quid des exportations
Cependant, la récolte européenne de céréales en 2025 s’annonce en hausse estimée à de 10 % de la production. La capacité des pays européens et notamment de la France, est en question, face à cette conjoncture incertaine.
« Pour le moment, on reste dans le flou, admet Julie Garet. L’Algérie et la Chine seront-elles aux achats l’année prochaine ? Quels seront les prix et surtout, quelle sera la politique tarifaire des droits de douane ? » Des incertitudes qui pèsent aussi dans les réflexions stratégiques des agriculteurs.
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