Le tracteur électrique avance

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Le tracteur électrique avance

Entre les mains d'agriculteurs, la mise en route du prototype de tracteur électrique de 160 ch Seederal stimule les questionnements (©Entraid).

Le prototype français qui fait ses premiers tours de roue au champ démontre que la technologie fonctionne. Avec un outil de 3 m, le tracteur électrique de moyenne puissance déchaume. Et si l’adoption d’un tel engin apporterait plus de changement au niveau de l’exploitation et de son organisation du travail qu’à l’intérieur de la cabine ?

Le prototype du tracteur électrique de 160 ch de Seederal se confrontait aux vrais utilisateurs de tracteurs agricoles en début d’été. Il en ressort une certaine validation, des questionnements et même des perspectives de réflexion stratégiques sur les exploitations. Sur la station expérimentale de Kerguehennec (56), les agriculteurs des groupes de développement Rés’agri du département ont en effet eu l’occasion de tester l’engin de la startup bretonne. Au champ et attelé à un Cenius 3003 (Amazone), le tracteur électrique de 160 ch a donc récolté une relative unanimité sur certains points.

L’électrification de la traction agricole : le concept devient crédible

Premier point fort : le confort. Arthur Le Poul, éleveur de porcs et producteur de légumes et céréales à Bignan, fait partie des testeurs du jour : « La conduite est particulière. Mais en bien, je veux dire ! C’est agréable. Il n’y a pas d’à-coups par exemple. »

Déjà, avec le déchaumeur de 3 m, « il n’a pas calé ! Même dans les passages de traitement », ajoute Dominique Beillon. L’éleveur installé à Muzillac résume : « Dans la conduite, je ne vois pas spécialement de différence. »

Tracteur électrique de 160 ch de Seederal : silencieux

« On entend l’outil derrière ! » acquiescent plusieurs visiteurs. L’absence de bruit du moteur ajoute aux aspects de confort, de surveillance de l’outil.

Arthur Le Poul y voit aussi : « Un point positif, ce serait par rapport au voisinage aussi. Pour aller faire de la pulvérisation la nuit, par exemple, ce sera très appréciable. »

Le modèle expérimental de tracteur a été mis en test à partir de 2024. Il valide déjà « que ça fonctionne et que nous avons un tracteur polyvalent qui a bien les 160 ch attendus », assène Arthur Rivoal, cofondateur de Seederal technologies.

Sur la base d’une année et demie d’essais, « on voit qu’il tient la comparaison sur tous les chantiers. » Sans parler du transport, où l’avantage de l’électrique est encore plus flagrant avec la régénération.

Des agriculteurs se projettent au champ avec un tracteur électrique de 160 ch

« Pour de la pulvérisation, la fenaison… ce genre d’outils qui demandent peu de puissance, ça irait bien, mais avec un gabarit plus maniable », analyse Arthur Le Poul.

Pour autant, ce n’est pas cette gamme de puissance que le jeune agriculteur envisagerait sur son exploitation. Il explique, pour la manutention matinale, « on vise un tracteur d’environ 100 ch et qui ne fera pas de gros travaux dans les champs. Pour ces derniers, nous cherchons plutôt de 250 ch. En électrique, ce n’est pas sûr que ce sera pertinent du fait du poids des batteries. »

tracteur électrique 160 ch

Le tracteur électrique tire l’outil Amazone de 3 m (© Entraid).

Faut-il acheter un tel tracteur électrique ? Ce n’est de toute façon pas possible dans l’immédiat. Pour avancer dans ses essais, Seederal projette en effet la mise en route l’an prochain d’un second prototype, « cette fois-ci, entièrement développé à partir du concept », précise Arthur Rivoal, tablant sur une mise en marché d’ici à trois ou quatre ans.

Autonomie et coûts : prochaines questions

« Si le prix est raisonnable et qu’il fait sa journée de travail, il n’y aurait pas de raison de ne pas l’acheter », répond pour sa part Dominique Beillon.

« Après, c’est sans doute à intégrer dans une logique globale d’exploitation. »

Trajectoire avec le tracteur électrique de 160 ch

À l’instar de Patrice Le Callonnec, installé à Mauron, la plupart des participants voient ainsi que l’électrification du tracteur ne sera pas qu’une question de carburant de la traction. « Il y aura la possibilité d’utiliser en stockage d’électricité les batteries du tracteur lorsqu’il est à l’arrêt. Ce sera particulièrement cohérent dans un système où on produit son électricité avec du solaire. »

Saluant le travail réalisé. L’agriculteur de Mauron commente : « Il faut se poser les questions aujourd’hui, car on ira vers ce genre de machines. »

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