Concernant le foncier agricole en Lettonie, Aivars Lapins, conseiller du ministère de l’Agriculture letton, constate : « En Lettonie, on est peut-être plus libéraux qu’en France, où l’on a tendance à légiférer davantage. » La Lettonie fait partie des trois petits pays baltes du nord de l’Europe. Encadrée par l’Estonie et la Lituanie, elle possède également des frontières directes avec la Biélorussie et la Russie. Sous occupation soviétique de 1940 à 1991, la Lettonie ne produisait à cette époque « pas pour vendre, mais pour donner tout à prix fixe au pouvoir soviétique », résume l’expert.
Foncier agricole en Lettonie : la spéculation
Au sortir de cette période, le pays a dû réorganiser à grande vitesse son économie et, bien sûr, son secteur agricole. Après une période de restitution du foncier aux familles initialement propriétaires, s’est mise en place une phase d’agrandissement des exploitations et de professionnalisation des filières.
Mais cette restructuration, associée à l’entrée du pays dans l’Union européenne en 2004, a entraîné une importante hausse des prix du foncier agricole en Lettonie. Bien vite repérée par les investisseurs.
« Les agriculteurs se retrouvaient en concurrence pour l’achat de foncier avec des spéculateurs« , se remémore Aivars Lapins. « Et à ce moment-là, le problème du renouvellement des générations ne se posait pas avec l’acuité actuelle », pose-t-il.
Ventes « à réméré »
En 2015, après de multiples contacts et échanges, notamment avec la FNSafer, la Lettonie crée une foncière d’État. Cette structure fait partie d’Altum, une institution d’investissement de l’État de Lettonie, pas seulement destinée au secteur agricole. « Nous pouvons attirer des financements, des investisseurs privés parce que cette institution est rentable et fiable », relate Aivars Lapins.
« Au départ, nous avions posé comme condition, pour que la foncière puisse préempter, la maîtrise de la langue lettonne. Ce critère a été retoqué par la Cour européenne. Mais il existe d’autres outils compatibles avec l’acquis communautaire de l’Union européenne, par exemple le système de fonds fonciers et droit de préemption. Aujourd’hui, si l’acheteur n’est pas agriculteur, la foncière d’Altum peut préempter. Cet acheteur peut être non-Letton », précise Aivars Lapins, « mais s’il est agriculteur, elle ne préempte pas. »
Foncier agricole en Lettonie en chiffres
En Lettonie, les prix d’un hectare de foncier agricole ont explosé pendant cette période de 30 ans depuis de 1991, passant d’une fourchette de 300 à 600 €/ha à un spectre de 3 500 € à 10 000 € l’hectare en 2025.
La foncière d’État d’Altum, institution d’investissement de l’État de Lettonie, possède aujourd’hui un portefeuille de 30 000 ha, soit 1,5 % de la surface agricole utile du pays.
Pourquoi ce sujet ?
Habitué aux échanges avec la France, et notamment la Fédération nationale des Safer, Aivars Lapins, conseiller au ministère de l’Agriculture letton le dit volontiers : son pays a dû s’inspirer à grande vitesse de ses voisins pour faire évoluer son système de propriété foncière. Mais il a désormais créé ses propres instruments.
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