Sylvain Brunier, sociologue et historien (CNRS – Sciences Po), chargé de recherche du Centre de sociologie des organisations, qui s’intéresse à la machine agricole et au plaisir des agriculteurs. Il commente, pour Entraid, les résultats de notre enquête de décembre 2025.
« Plaisir » et « machine agricole », comment expliquer la tentation d’associer ces deux termes ?
La machine agricole est bien un objet de fascination. C’est en particulier le cas auprès d’un public de jeunes hommes. Dans les établissements de formation agricole, ils sont par exemple nombreux à se projeter dans une activité en lien avec le matériel. On peut aussi regarder du côté des réseaux sociaux. La consommation de contenus traitant de machinisme y est importante.
La filière du machinisme agricole a donc de beaux jours devant elle !
Attention, la fascination pour un modèle plus récent, plus joli, etc peut être une réalité sans qu’elle se concrétise automatiquement en achat. Pour faire un parallèle, je dirai que l’on peut être passionné, regarder la Formule 1 tous les week-ends, sans pour autant s’acheter une voiture de course.
Les résultats ici indiquent de plus une certaine distance. La beauté ou la puissance ressortent par exemple peu comme facteur de plaisir d’utilisation. Moins en tout cas que la notion de liberté, que la technicité, ou encore que le rapport avec le travail accompli. C’est quelque chose que nous voyons aussi dans nos travaux d’études : La machine agricole est un outil de travail. Le point des nouvelles technologies le met aussi en avant. Les agriculteurs expriment un intérêt dès lors qu’ils y voient une utilité.
Le cas du pulvérisateur éclairant. Il demande une très grande maitrise, car si l’on se rate, on met en péril sa récolte. Ainsi, certains le redoutent et il apparait plusieurs fois dans les machines un peu ‘chouchoute’, celles dont on partage plus difficilement le volant.
Un résultat particulièrement surprenant ?
Il y a l’expression que les répondant ont plaisir à être dans leur machine, donc loin des contraintes, et contemplatifs de la nature. Ce n’est pas réellement un résultat inattendu, mais ce qui est surprenant c’est qu’il ressorte aussi fortement.
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