NTG, nouvelles techniques génomiques : qu’est ce que c’est, qu’est ce qui va changer ?

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NTG, nouvelles techniques génomiques : qu’est ce que c’est, qu’est ce qui va changer ?

La réglementation européenne va évoluer pour les plantes issues des NTG, nouvelles techniques génomiques, permettant la sélection et l'utilisation de variétés obtenues. Toutefois, la commission européenne doit encore voter la loi.

Début décembre 2025, la Commission européenne a trouvé un compromis sur l’évolution de la réglementation concernant la sélection variétale et notamment l’utilisation des plantes issues de NTG (nouvelles techniques génomiques). Le point avec des scientifiques.

SOMMAIRE

La réglementation européenne va évoluer pour les plantes issues des NTG, nouvelles techniques génomiques. Mais qu’est ce que c’est, qu’est ce qui va changer ? Zoom sur la technique et les conséquences de son utilisation.

Quelle est la réglementation actuelle pour les plantes issues des NTG ?

« Au sein de l’Union Européenne, la culture de plantes OGM est autorisée, rappelle Pierre Hilson, chercheur en biologie moléculaire à l’Inrae. Cependant, l’inscription d’une nouvelle variété OGM au catalogue européen nécessite l’accord des États membres et est coûteuse car elle implique des analyses spécifiques en matière de gestion des risques et pour garantir la protection de la santé des consommateurs. »

L’idée d’inscrire de nouvelles variétés OGM en Europe a donc été abandonnée par les semenciers. « D’ailleurs, en Espagne et au Portugal, les agriculteurs du maïs OGM mais avec des variétés développées il y a plus de trente ans. »

Dans le cadre de la directive européenne de 2001, toujours en application, l’Europe considère les NTG comme des OGM. Et cette réglementation est un frein fort pour le développement de ces techniques.

Qu’est-ce qui risque d’évoluer ?

En 2022, la commission européenne a proposé une évolution réglementaire. « Certains acteurs souhaitent un changement, explique Pierre Hilson. Ils craignaient que l’Europe loupe le coche et empêche l’utilisation d’un levier innovant qu’ils jugent nécessaire. » Cependant, en 2024, le conseil européen a bloqué l’application de cette modification de loi. La protection des recherches étaient en partie la raison.

Mais début décembre 2025, les choses ont évolué. Un nouveau compromis a été trouvé avec un nouveau texte issu de trilogues. Ainsi, deux catégories de NTG ont été définies :

  • Les NTG2 étant considérés comme des OGM ;
  • Les NTG1 sont ainsi reconnus comme des plantes issues de sélection conventionnelle et portant des modifications ciblées de petite taille.

Comment se caractérisent ces plantes issues des NTG1 ?

« Pour cela, seuls 20 sites de leur génome peuvent être modifiés mais ils doivent être similaires aux modifications que l’on peut trouver dans la nature, illustre Pierre Hilson. La cisgénèse est autorisée, mais toute modification donnant lieu à une tolérance aux herbicides ou à la production d’un insecticide connu sera proscrite de la catégorie NTG1. Ce cadre permettra néanmoins de travailler sur de nouveaux caractères », souligne le chercheur.

Toutefois, la prudence est de mise puisque la question de la protection des recherches n’est pas encore tranchée et qu’il faut que le texte soit voté.

L’agriculteur aura-t-il accès plus rapidement à de nouvelles plantes issues des NTG ?

Probablement. Des variétés de maïs et de soja plus digestibles existent déjà et sont vendues en dehors de l’Union européenne. Forcément, en ciblant les gènes qu’on souhaite modifier, l’accès à l’innovation variétale sera accéléré.

« Les NTG1 sont des technologies qui vont permettre à l’agriculture européenne de rester compétitive, estime Romain Valade, chef du service adaptation des cultures aux agro-climats chez Arvalis. C’est un levier complémentaire aux innovations pour les cultures. »

Les plantes issues des NTG qu’est-ce que c’est ?

Les nouvelles technologies génomiques regroupement des outils de sélection génomique des plantes utilisés pour la recherche de variétés plus résistantes à son environnement. Aux maladies donc, aux bioagresseurs, aux virus et ravageurs mais aussi aux modifications du climat avec des sécheresses et des périodes humides de plus en plus fréquentes.

Dans la sélection variétale contemporaine, les sélectionneurs réalisent des quantités de croisement pour obtenir des mutations aléatoires. Ils essayent de reproduire ce qui se passe dans la nature. C’est très long puisque la sélection des plantes ayant un caractère intéressant se fait sur une dizaine de cycles de vie.

Avec les NTG, ces mutations seront ciblées par la main de l’homme. « Grâce à des outils moléculaires comme Crispr-Cas9, nous sommes capables de cibler une partie de l’ADN d’une plante, explique Romain Valade. Le but est de le modifier une toute partie du gène pour que la plante exprime un nouveau caractère. » Comme ce qui se ferait dans la nature mais à plus long terme.

En quoi les plantes diffèrent des OGM ?

C’est assez différent. Pour les OGM, ce sont des morceaux d’ADN étranger que l’on rajoute dans le génome d’une plante. « Ces plantes sont dites transgéniques, précise Pierre Hilson. Ce sont des gènes provenant d’autres espèces qui leur donnent un nouveau caractère. »

Tandis qu’une plante issue de NTG, dite éditée, il n’y a aucun rajout de gène. « On fait des modifications mais jamais on intervient avec un bout d’ADN d’un autre organisme», indique Romain Valade.

Qu’est-ce qui peut changer pour les sélectionneurs ?

La sélection variétale va s’accélérer. Comme l’illustre Romain Valade avec l’exemple du blé et de la fusariose. « Le blé a des gènes de sensibilité à la fusariose. Ce gène permet aux bioagresseurs d’infecter la plante et d’empêcher son métabolisme. Avec les NTG, on va pouvoir modifier la partie de l’ADN responsable de cette sensibilité et rendre la plante plus résistante à la maladie. »

Ce résultat aurait pu être obtenu à l’issue de nombreux croisements rassemblant plusieurs mutations difficiles à identifier. Mais ici, avec cette technique, il est beaucoup plus rapide et plus ciblé. « Ces approches nécessitent de connaître le gène responsable d’un caractère d’intérêt, ajoute Pierre Hilson. Ce qui n’est généralement pas le cas dans la sélection actuelle par laquelle on choisit le matériel génétique provenant des parents sans connaître les fonctions des gènes associés. »

Quel sera le coût d’une telle technologie ?

« L’homologation d’une variété OGM transgénique coûte des dizaines de millions d’euros à un semencier, entre autres à cause des dossiers et analyses complexes à soumettre aux autorités de biosécurité. L’inscription d’une variété NTG1 pourrait être nettement moins chère car elle serait soumise aux mêmes règles qu’une variété conventionnelle », compte Pierre Hilson.

Cependant, avec l’édition génomique, il faut savoir ce qu’exprime un gène avant de pouvoir le modifier ou de créer de nouveaux allèles. Or on ne le sait pas toujours, il faudra intensifier les recherches génomiques. Toutefois, « nous disposons déjà de nombreuses ressources génomiques et la recherche privée et académique apporte de nombreuses connaissances sur les tolérances et résistances à certains stress de certaines plantes », tempère Romain Valade.

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