Sommet de l’élevage: des vaches et des candidats

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Sommet de l’élevage: des vaches et des candidats

Le Sommet de l'Elevage fête ses 25 ans ! Rendez-vous du 5 au 7 octobre près de Clermont-Ferrand.

Le 25e sommet international de l'élevage, plus grand foirail (foire aux bestiaux) en Europe, ouvre jusqu'à vendredi près de Clermont-Ferrand, réunissant les fleurons des races bovines françaises, très recherchées à l'étranger malgré la crise de la filière viande.

Entre les différents concours agricoles de haut niveau qui émaillent ce rendez-vous, de nombreux responsables politiques français, en compétition pour la présidentielle ou pour les primaires, sont également attendus au chevet d’un monde rural en crise aigüe et en voie de radicalisation. Comme ils l’ont déjà fait au Space (salon international de l’élevage) en septembre à Rennes ou à la foire de Châlons en Champagne fin aôut, plusieurs responsables politiques ont prévu une visite, de François Fillon à Marine Le Pen, en passant par Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Agriculture, ou Nicolas Sarkozy. Le vote paysan est traditionnellement profitable à la droite républicaine, avec 44% des voix pour Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle en 2012 (source Ifop). Mais la crise rurale est telle qu’un glissement est nettement perceptible vers Marine Le Pen, même si les intentions de vote pour la candidate du Front natinoal restent inférieures chez les paysans à ce qu’elles sont dans le reste de la population française, souligne Guillaume Inigo, chef de groupe BVA Opinion. Le commissaire européen à l’Agriculture, l’Irlandais Phil Hogan, tiendra une conférence de presse mercredi, où il donnera peut-être quelques pistes sur l’une des revendications des éleveurs qui demandent des mesures de régulation des marchés.

Côté élevage, quelque 2.000 animaux sont présentés, ce qui fait du sommet l’un des tout premiers rassemblements européens du genre derrière la foire de Hanovre en Allemagne et le salon de l’Agriculture à Paris. La manifestation est complémentaire du salon de Rennes, tourné vers l’élevage laitier, le porc et la volaille, alors que Cournon s’est fait une spécialité des races bovines à viande, des moutons et des chevaux lourds. Au total, plus de 80.000 mètres carrés d’exposition sont prévus pour des acheteurs qui viennent de plus de 80 pays, surtout attirés par les grandes races à viande du centre de la France, la Charolaise, la Limousine, l’Aubrac et la Salers. Cette année, la Charolaise est à l’honneur. Les acheteurs viennent pour la qualité du cheptel français et surtout de sa génétique bovine. « Dans ce secteur, la France occupe une place de leader mondial », dit à l’AFP Fabrice Berthon, commissaire général de l’exposition. « Nous sommes un petit pays, mais très varié par ses paysages, ses climats, et ses races de vache, surtout celles du Massif central, car nous étions déjà éleveurs du temps de Vercingétorix » ajoute M. Berthon.

13e exportateur de viande

Les clients viennent des Etats-Unis comme de l’Australie ou du Kazakhstan chercher des gamètes ou des reproducteurs plus que des carcasses ou de la viande. Mais à l’heure où la filière viande est en grande crise, avec des prix de marché jugés parfois trop bas par les producteurs pour couvrir leurs coûts de production, et que se développent dans les pays riches de puissants mouvements végétariens opposés à l’élevage, tous les acteurs du carné seront présents. Si l’agro-alimentaire rapporte le plus à la balance commerciale française après l’aéronautique, la France n’était en 2015 que le 13e exportateur mondial de viande.

L’an passé, le sommet de l’élevage a été terni par l’éclatement de la fièvre catarrhale ovine (FCO), qui touche en fait surtout les bovins et dont le principal foyer était justement le Massif central. Actuellement, les trois quarts de la France sont contaminés selon le ministère de l’Agriculture, soit la quasi-totalité du territoire métropolitain, à l’exception d’une bande côtière au nord-ouest, comprise entre Bretagne, Normandie et Hauts de France. Selon M. Berthon, il faut que les animaux soient vaccinés. « C’est une maladie virale qui affecte tous les ruminants domestiques (ovins, bovins, caprins) comparable à un rhume, et il n’y a aucun impact sur la qualité de la viande » assure-t-il. Le ministère précise que la maladie, « strictement animale », « n’inspire aucune inquiétude ni pour la population, ni pour le consommateur, et n’a strictement aucune incidence sur la qualité des denrées (viande, lait, etc) ».

Cournon-d’Auvergne (France), 4 oct 2016 (AFP)