Récupérer les eaux pluviales pour abreuver le troupeau

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Récupérer les eaux pluviales pour abreuver le troupeau

En Lozère, le gaec de Champerboux a testé la récupération des eaux pluviales pour abreuver le troupeau de brebis et la production photovoltaïque. A la clé : des économies substantielles.

Isolement, pénurie d’eau… Les exploitations caussenardes ont toujours dû s’adapter à de fortes contraintes naturelles. Le bâtiment du gaec de Champerboux illustre bien cette quête d’autonomie. Il est équipé de 300m2 de panneaux photovoltaïques et d’un récupérateur d’eaux pluviales. Jacques Paradan et son fils Julien exploitent 645ha, dont 540ha de landes et parcours. Ils élèvent 500 brebis laitières pour la filière Roquefort et se sont diversifiés dans l’élevage bovin. «Les panneaux ont été installés en 2008, à une époque où le tarif de rachat était de 0,60 € le kilowatt», raconte Jacques Paradan. Un tel prix le conduit aujourd’hui à revendre 100% de l’électricité à EDF et à racheter l’énergie dont il a besoin. Jusqu’à 47.000 Kwh sont produits chaque année.

Un revenu majoré

«Les panneaux que j’ai installés ont une capacité de production de 190 wc. Maintenant, il existe des panneaux de 240 wc», précise-t-il. A tout agriculteur qui se lance dans le photovoltaïque, il martèle le même conseil : choisir des panneaux de bonne qualité pour limiter les pertes de production dans la durée. Jacques Paradan touche du bois : il n’a essuyé aucun problème majeur. Grâce au photovoltaïque, son revenu est majoré d’environ 4.000€ par an, mais sa priorité est de constituer une épargne en prévision d’une panne d’onduleur.

Sur les terres calcaires de son exploitation, l’eau a toujours valu de l’or. Mettre en place un système de récupération des eaux de pluie, c’était une évidence. Depuis 2011, les 1900 m2 de toiture alimentent une cuve enterrée. «J’ai bénéficié d’un programme de financement, car il s’agissait d’un projet pilote de la Région. L’investissement global était de 25.000 € mais j’ai touché 60% d’aide», détaille-t-il. Un suivi régulier est effectué par la chambre d’agriculture. Principale préoccupation : la qualité de l’eau.

Une cuve enterrée de réserve en eau

«Je produis du lait sous le cahier des charges Roquefort. Je n’ai pas le droit de laver la machine à traire avec l’eau de récupération, donc j’utilise encore 300 m3 d’eau provenant du réseau. En revanche, les animaux sont abreuvés presque exclusivement avec l’eau de pluie. Cela représente une consommation de 1.000m3», explique-t-il. Sa citerne de 70 m3 lui permet d’atteindre l’autonomie, excepté quelques rares périodes de sécheresse. Comme elle est enfouie sous terre, les écarts de température sont réduits et le développement des microbes est freiné. Le programme de surveillance n’a décelé aucun problème sanitaire. Jacques Paradan songe néanmoins à améliorer son installation, en s’équipant d’un réchauffeur d’eau. Dans tous les cas, son initiative est reconnue d’utilité publique. «Autour de moi, des permis de construire ont été délivrés, car des mètres cube ont été libérés pour les voisins», conclut-il.

récuperation eaux de pluie

Le récupérateur d’eaux pluviales alimente une citerne de 70 m3 (source : chambre d’agriculture 48).

Un bâtiment à énergie positive, c’est quoi ?
Le bâtiment d’élevage à énergie positive est un bâtiment qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. Afin de tester la faisabilité technico-économique d’un tel projet, trois guides ont été édités pour chaque production : ruminants, volailles et porcs. Ils sont disponibles auprès de l’Idele, de l’Itavi et de l’Ifip.
Au sommaire, des solutions pour baisser sa consommation : récupérateur de chaleur, pré-refroidisseur de lait, éclairages basse consommation, isolation performante, échangeur d’air, pompe à chaleur, mur solaire… Et des pistes pour produire des énergies renouvelables : chauffe-eau solaire, photovoltaïque, éolienne, biomasse, méthanisation…