Pourquoi cette journée technique sur le tassement des sols ?
La cuma de la Petite Seille (57) était en train de renouveler son tracteur partagé. Ils s’interrogeaient sur la solution à privilégier pour préserver leurs sols : pneus VF ou non, chenilles, télégonflage, etc. Le GIEE de la cuma s’est donc mobilisé pour sensibiliser les agriculteurs à l’importance d’une bonne gestion des pneumatiques.
C’est donc une problématique d’actualité ?
Ça a toujours été une problématique d’actualité, après, on s’y intéresse ou pas. (Rires). En réalité, on a une compaction des sols dès qu’on intervient dans la parcelle. Plus on multiplie les passages, plus on a d’impact. Et plus on tasse profondément, plus il est difficile de corriger. En outre, nous venons de connaître 18 mois d’humidité soutenue, de fait, chaque passage marque. On en revient aux bases de l’agronomie : est-ce qu’un sol est suffisamment porteur pour que je puisse y travailler ?
Comment peut-on limiter les tassements ?
La solution est avant tout de ne pas partir dans les excès. L’excès de puissance d’abord. Certains tracteurs de plus de 15 t ont du mal à passer leur puissance. L’autre excès concerne la vitesse avec des tracteurs qui roulent aujourd’hui à 50 km/h. Or pour évoluer en sécurité à ces vitesses sur la route, on est obligé d’augmenter les pressions de gonflage à 2 bars et plus. Du coup, on manque de grip au champ et on patine. Et souvent la solution proposée consiste à ajouter du lestage. On aggrave alors le problème de compaction. Un cercle vicieux.
Aujourd’hui les pneus VF ont tendance à se généraliser et avec leurs flancs déformables ils permettent d’augmenter l’empreinte et le grip au champ si on les dégonfle (0,8 bar). En revanche circuler à haute vitesse avec des VF dégonflés les dégrade rapidement via la fissuration des bas des flancs causée par la contrainte des barrettes qui s’effacent dans la carcasse. Du coup, certains choisissent une pression de compromis (1,5 bar) qui n’est finalement ni adaptée au travail dans la parcelle, ni à la circulation sur route. C’est là que le télégonflage montre son intérêt.
Et du coup, combien ça coûte de préserver ses sols ?
Et si on considérait le coût des mauvaises pressions de gonflage. Par exemple l’accélération de l’usure des pneumatiques, ou les pertes de rendement causées par la compaction. Aujourd’hui on peut installer une solution de télégonflage sur tous les véhicules agricoles, nous avons juste besoin de 12 volts et d’air. Pour l’utilisation “en bon père de famille”, par exemple pour les déchaumages d’automne, où on va gonfler/dégonfler quelques fois dans la journée (nombre de parcelles), il existe des solutions sans compresseur comme l’AgriWin de Sodijantes à moins de 10 k€ HT pour un tracteur.

Yves Durand, président de la cuma de Margerie-Hancourt (51). (Entraid Médias)
Il faut 15 minutes pour regonfler de 0,8 à 1,5 bar, le temps d’un coup de fil ou de l’enregistrement des travaux réalisés. Pour une utilisation intensive, comme l’épandage de lisier, avec 15 cycles de gonflage par jour, il faut compter environ 20 k€ pour équiper un tracteur avec une solution incluant un compresseur de 4 000 l/min, jusqu’à 30 k€ si on équipe aussi la tonne. 5 minutes suffisent pour regonfler 10 roues.
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