Panneau photovoltaïque sur bâtiment agricole : nouveaux tarifs et nouveau système en 2025
Pour les nouvelles centrales enregistrées qui développent une puissance entre 100 et 500 kWc, par exemple, un tarif d’achat est maintenu jusqu’au 30 juin 2025, à un niveau de 95 €/MWh. En revanche, les conditions s’avèrent à ce jour beaucoup plus floues pour les dossiers qui passeront après cette échéance. Sur ce segment qui concerne largement les édifices du secteur agricole, il devrait en effet s’appliquer un nouveau système. Ce dernier pourrait être comparable à ce qui régit déjà les installations de plus de 500 kWc.
« L’idée de ce système d’appel d’offres simplifié serait de faciliter le dépôt de dossier et d’obtenir une réponse rapide de la Commission de régulation de l’énergie. Pour le reste, on n’en sait pas encore grand-chose », résume Isabelle Hascoët, conseillère experte de l’Apepha, une association d’accompagnement des agriculteurs sur cette production d’électricité.
Au lieu d’un tarif officiel et universel, chaque porteur indiquera le prix de vente de son électricité dans son dossier. Dossier qui sera accepté ou refusé, en fonction du besoin et de l’ensemble des propositions. « Dans l’état actuel des connaissances, il y aurait une distinction selon que la centrale fait plus ou moins de 200 kWc », ajoute Isabelle Hascoët. Les petites bénéficieraient d’une obligation d’achat par EDF OA pour vingt ans. Au-delà de ce seuil de puissance, les candidats s’orientent vers le mécanisme du complément de rémunération, une démarche qui est « beaucoup moins évidente. »
Les coûts de production ont changé d’échelle
L’Ademe note la réduction spectaculaire du coût d’investissement. Les références calculées par l’agence de la maîtrise de l’énergie pour les centrales installées en toitures s’établissaient en 2022 entre 76 et 91 €/MWh. En une décennie, le coût de la production d’un kilowattheure à partir d’un panneau photovoltaïque s’est donc réduit de l’ordre de 80 %. « Le prix de revient du photovoltaïque sur bâtiment agricole est autour de 0,08 €/kWh », relaye aussi Régis le Carluer devant une assemblée de fédération de cuma en fin d’année 2024. Le référent de la chambre d’agriculture de Bretagne voit toujours la toiture productrice d’électricité comme une facilitatrice d’un projet de construction ou de rénovation, voire de désamiantage, des bâtiments existants.
« À 9,5 cents, le projet de 300 kWc, assez classique en agriculture, reste intéressant », conforte Isabelle Hascoët en proposant sur cette base une simulation pour une centrale de 287 kWc (voir encadré) : « Au bout de vingt ans, cela donne un solde de trésorerie de 200 000 €. Il n’y a donc pas de quoi payer un bâtiment à 500 000 €. Néanmoins, le photovoltaïque en finance une partie. »
Régis le Carluer s’accorde à dire que le bâtiment photovoltaïque « n’est pas à voir comme une diversification des revenus ». L’intervenante de l’Apepha insiste : « Nous sommes en désaccord avec l’idée que le photovoltaïque financerait un bâtiment. On construit un bâtiment parce qu’il a une utilité. En conséquence, il doit avoir sa propre rentabilité », liée à cette destination première.
Panneau photovoltaïque sur bâtiment agricole : le financement deviendrait une équation ardue
Et si l’autoconsommation collective représente une piste alternative salvatrice, la même difficulté se pose. « Il faudrait trouver des clients qui s’engagent sur quinze ou vingt ans. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui aucune boucle ne part sur un modèle en vente de gré à gré intégrale. » De plus, la conjoncture semble pour le moment étouffer l’engouement pour ce système.
Si en 2022, « tout le monde aurait voulu aller dans de l’autoconsommation collective », aujourd’hui, alors que le tarif est plus abordable, « ce n’est plus autant le cas », observe Régis le Carluer. Nombre de professionnels et de collectivités bénéficient de tarifs compétitifs. Or l’économie « reste la dimension la plus importante pour intéresser un grand nombre de clients ».

Le bâtiment agricole se construit pour répondre à un besoin. Il doit donc avoir sa propre rentabilité induite par le service qu’il rend.
« À court terme, il reste une possibilité qui consisterait à limiter son projet d’installation à 100 kWc. Ceci correspond à une surface au sol de 500 m² », propose Mehdi Miftah, chargé de mission Énergie de la fncuma.
L’avantage serait de rester dans un système de tarif d’achat, de 112,60 €/MWh actuellement. « Mais il est peu probable qu’à moyen et long terme, le segment 36 à 100 kWc continue de bénéficier des mêmes conditions. »
Vers un ralentissement du dynamisme
Considérant mars 2025 comme un coup de semonce, Isabelle Hascoët acquiesce. Si tous les projets qui avaient envisagé 300 kWc se rabattent effectivement sur un format de 100 kWc, « on risque de vite dépasser les objectifs de l’État », et donc de voir le tarif baisser sur ce créneau aussi.
Selon elle, le 30 juin 2025 pourrait déjà marquer un très fort ralentissement pour la filière. Aussi, l’experte alerte quant au risque de voir des installateurs quitter soudainement le marché. Les porteurs de projets doivent être vigilants vis-à-vis du risque de perdre leurs acomptes.
C’est d’autant plus vrai avec des acteurs récents qui n’ont peut-être pas la solidité de ceux qui ont déjà su faire le dos rond au moment du moratoire de 2010. Car ce n’est pas la première fois dans son histoire que le panneau solaire plonge vers une période plus obscure.
Simulation pour un projet de 287 kWc en Bretagne
- Investissement de 202 000 € (raccordement inclus) (187 + 15 k €)
- Emprunt sur 15 ans à 3,80 %
- Production annuelle moyenne de 1 100 kWh/kWc
- Recette annuelle : 30 000 €
- Solde cumulé sur 20 ans : 200 000 €
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