Agriculteur… et banquier

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Agriculteur… et banquier

Dans la Vienne, Odet Triquet, un agriculteur céréalier, préside aussi la caisse régionale du Crédit agricole, banque partenaire des cuma depuis de nombreuses années. (©Adobestock)

Installé en gaec dans le département de la Vienne, Odet Triquet est aussi président au Crédit Agricole dans sa région.

Odet Triquet, président, au niveau régional, du Crédit Agricole, conjugue son activité d’agriculteur en cuma avec celle de banquier. Il répond aux questions d’Entraid Médias.

Odet Triquet, vous êtes président d’une caisse régionale du Crédit Agricole, mais aussi agriculteur : présentez-nous en deux mots votre exploitation

Je suis agriculteur en gaec dans le sud de la Vienne. L’exploitation pratique l’irrigation et produit des céréales. Un atelier d’élevage caprin a dû être arrêté. Et j’adhère à deux cuma.

Odet Triquet, agriculteur et président du Crédit agricole de la Touraine et du Poitou.

Odet Triquet, président du Crédit agricole de la Touraine et du Poitou.

En tant qu’agriculteur et président d’une caisse du Crédit Agricole, quel regard portez-vous sur les cuma en général ?

Sur un plan économique, la cuma joue un rôle très important : elle sécurise les exploitations. C’est encore plus important ces années de crise. C’est aujourd’hui l’écart de charges de mécanisation qui explique en grande partie l’économie des exploitations.

La cuma a aussi un intérêt sur des ateliers spécifiques tels que les semences, pommes de terre, oignons, noisettes, etc. Et sur des projets collectifs qui vont parfois au-delà du périmètre de la cuma, comme les projets de méthanisation. Mais la cuma n’est pas uniquement un sujet financier : elle crée une relation, fait du lien entre adhérents, évite l’isolement et permet les échanges.

On est obligé de se parler ! Tout le monde n’est pas au même niveau. Les échanges tirent les hommes vers le haut ! Mais, pour que ça marche, il faut avoir l’esprit cuma. C’est un point d’attention, car c’est ce qui fait la durée du groupe. Une cuma n’est pas une auberge espagnole, on n’y entre pas et on n’en ressort pas comme ça du jour au lendemain, au gré de la conjoncture…

Comment pensez-vous que les cuma puissent intégrer les transitions en cours ?

Parfois, le développement de certaines exploitations peut créer des déséquilibres, d’où l’intérêt d’un groupe qui évolue ensemble. L’outil cuma est adapté aux enjeux du moment. Pour transmettre une exploitation agricole, stocker du carbone en simplifiant le travail du sol, etc.

Sur le plan humain, il faut être assez ouvert pour accueillir les jeunes. Les grosses cuma ont a priori moins de mal pour cela, c’est plus compliqué dans les petites… Je trouve dommage que les cuma n’aient pas plus profité de la possibilité de construire des hangars photovoltaïques quand les prix étaient incitatifs. Cela aurait permis aussi de démultiplier les salariés en cuma.

Quelles pistes de travail voyez-vous, et en particulier pour le partenariat entre les cuma et la banque ?

Tout d’abord, le Crédit Agricole continuera de soutenir toutes les agricultures et toutes les filières. Dégager de la rentabilité est une priorité et le travail sur les charges de mécanisation en est le premier levier.

Face à l’évolution des coûts de mécanisation, les cuma sont un atout, qu’il s’agisse du prix des matériels ou de la maintenance grâce aux ateliers. Sur l’investissement, l’Agilor reste un outil de référence qui garde toute sa place.

Le développement du crédit-bail peut aussi être une solution, car il existe des engagements de reprise qui permettent de réduire les coûts. Concernant les jeunes, l’intégration est un enjeu majeur. Il faut être ouvert et imaginer des modèles incitatifs. Pourquoi pas un parrainage ? Il faut encourager les cuma à aller vers les jeunes, et à les inclure.

Une banque partenaire des cuma

L’ensemble du réseau régional bénéficie de relations privilégiées avec le Crédit Agricole. Cela concerne d’abord les 635 cuma du Centre-Val de Loire : 70 % des cuma de la région travaillent avec leur caisse locale. Elles bénéficient par exemple de frais de gestion réduits pour leurs dossiers. Les trois fédérations de cuma du Centre-Val de Loire ont, quant à elles, signé des conventions de partenariat avec les quatre caisses régionales.

Pour la fédération de l’Indre, ce partenariat est plus qu’historique. Elle a longtemps été hébergée par la caisse régionale Centre-Ouest. Et ce lien reste aujourd’hui très étroit. Au niveau de la fédération régionale, le partenariat porte sur l’organisation de la journée des cuma organisée dans les quatre départements (18-28-37-41) qui ont fusionné en 2017. Ce temps fort de la vie locale des cuma permet des échanges de pratiques entre groupes.

Dans le Loiret, il s’agit d’un soutien aux événements organisés régulièrement par la fédération. En Ile-de-France, le partenariat entre la fédération régionale et les deux caisses de crédit reste à formaliser.

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