Futur 2. Des élevages sanctuarisés et low-tech

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Futur 2. Des élevages sanctuarisés et low-tech

Dans ce scénario, des élevages sanctuarisés fournissent des produits écologiquement sains, une filière solide économiquement et des emplois ruraux de qualité.

À quoi pourrait ressembler l’agriculture du futur, en intégrant les contraintes climatiques, mais aussi les autres évolutions ? "Entraid" a travaillé sur trois explorations (fictives), esquissées à force de lectures, d’échanges et de réflexions avec les acteurs du terrain, les agriculteurs et les chercheurs. Chaque scénario est composé de deux articles, l'un expliquant le contexte, l'autre imaginant la vie des agriculteurs de demain. Ici, un monde ou l'élevage est sanctuarisé.

Dans ce scénario, la société française et les politiques ont fait le choix de « sanctuariser » l’élevage. Les exploitations agricoles doivent maintenir des activités économiques et des habitants dans des territoires entretenus. Et ce, même si les élevages de ruminants génère des gaz à effet de serre. Dans le système alimentaire, plusieurs filières cohabitent : l’une, très industrialisée, fournit des volumes élevés de nourriture « clean » en termes de nutrition et de carbone, à bas prix. L’autre, plus haut de gamme, permet de vendre aux consommateurs plus aisés – ou qui font ce choix – des produits garantissant le respect des critères du développement durable. C’est-à-dire des produits écologiquement sains, produits par une filière solide économiquement avec des emplois ruraux de qualité.

Nouvelle Révolution française

Citoyens et hommes politiques se sont mis d’accord pour que les efforts de réduction des émissions de GES portent davantage sur les transports, l’industrie et le bâtiment. Intelligence artificielle, deep learning (« apprentissage profond » en français, sous domaine de l’intelligence artificiel) et robots en tous genres sont mis à contribution avec efficacité. À tel point qu’une grande partie du marché du travail finit par disparaître.

L’optimisation a répondu à la recherche d’efficacité maximale. Le fossé entre les revenus du capital et les revenus du travail se creuse dangereusement durant le premier quart du siècle. En 2032, des émeutes éclatent simultanément dans plusieurs pays. D’anciens salariés, paupérisés, désœuvrés et déboussolés prennent en otage et finissent par assassiner de riches entrepreneurs, détenteurs d’actifs importants et, surtout, du pouvoir de décider de quoi doit être faite leur vie.

Le phénomène s’amplifiant dans le monde entier, les gouvernements, acculés, décident de taxer davantage les détenteurs de capitaux. Lesquels acceptent, car ils commencent à paniquer, craignant une nouvelle Révolution française. Certains ont bien tenté de vivre en autarcie, entourés de robots, mais sont devenus fous assez rapidement.

Revenu de contribution

Les gouvernements qui ont misé sur les technologies se voient donc obligés de créer des « revenus de contribution » : les citoyens, en fonction des missions qu’ils remplissent et de leur bénéfice pour la société, se voient verser un revenu correct.

Les parents, les aidants, les bénévoles, les artistes, les pédagogues, les animateurs… tous sont rémunérés pour leur contribution. Le nombre de points attribué à chaque activité servant à calculer les salaires fait l’objet d’âpres négociations. L’agriculture et le retour à des activités de production de nourriture, le contact avec le vivant attirent de plus en plus de candidats bénévoles.

Les éleveurs qui ont réussi à conserver leurs exploitations de taille petite ou moyenne se retrouvent submergés par la main-d’œuvre : le retour à la terre n’est plus seulement une mode. Il génère une activité qui a du sens, du lien entre les gens et dans un cadre où les travailleurs se sentent bien.

Les agriculteurs, désemparés dans un premier temps par ces afflux de candidats bénévoles, apprennent à gérer cette main-d’œuvre. Ils finissent par utiliser les réseaux existants – comme les cuma – non plus seulement pour partager des matériels, mais pour organiser des chantiers collectifs, répartir les pâtures aux bergers, créer des réseaux de surveillance d’adventices et de pathogènes, restaurer et entretenir des écosystèmes complets.

Indicateurs du secteur agricole.

Signaux actuels pouvant conduire à ce scénario (probabilité 30%)

  • Accélération des changements climatiques: pluies plus irrégulières, chaotiques, plus rares dans certains secteurs.
  • Augmentation des flux migratoires dus aux changements climatiques (et aux guerres induites : accès à l’eau, terres fertiles, etc.).
  • Intense effort de recherche sur le travail des machines.
  • Disparité croissante entre revenus du travail et du capital.
  • Refus de la pénibilité au travail, recherche d’épanouissement et de contact avec la nature et l’environnement.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :