Acheter son matériel en toute en connaissance de cause

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Acheter son matériel en toute en connaissance de cause

En fonction des circonstances, la rationalité voudrait parfois que les prix des machines redescendent. Ce n’est jamais le cas en réalité.

Le 22 février, Stéphane Chapuis, chef du service AgroEcoTech à la fncuma est intervenu lors de l’AG de la fdcuma Corrèze sur les évolutions de prix relatives aux achats de matériels agricoles. Et sur les façons de les acheter, sans se faire rouler.

+71 %. C’est l’augmentation de prix observée sur les tracteurs achetés en cuma entre 2013 et 2023. C’est le summum ! Pour les faucheuses, on en est sur la même période à +61 %. Le chiffre est ramené à +46 % pour les presses à balles rondes et à +47 % pour les bennes. À l’heure où la crise gronde dans les campagnes, ce chiffre illustre bien l’inflation galopante des charges de mécanisation qui affectent les comptes des exploitations agricoles. Des facteurs objectifs (prix de l’acier, prix des composants électroniques, innovation technique, augmentation des salaires…) peuvent expliquer en partie les hausses de prix d’achat des matériels agricoles. En partie seulement. En effet, à l’occasion de l’AG 2024 de la fdcuma Corrèze, le représentant de la fncuma, pointe l’opacité des taux de marges des constructeurs et des distributeurs.

Organiser l’achat de matériels agricoles

AG fdcuma Corrèze

Stéphane Chapuis, chef du service AgroEcoTech à la fncuma.

Pour peser sur les prix, l’anticipation de la commande peut constituer un levier de négociation. Par exemple, pour une moissonneuse-batteuse livrable au 1er novembre, le vendeur sera plus enclin à faire un geste commercial. Parallèlement au prix, l’acheteur sera attentif à la durée de garantie, l’offre de service et la valeur de revente que l’on peut espérer.

Stéphane Chapuis recommande la prudence dans les procédures d’achat, en évitant les décisions intempestives.

Quelques règles bien ordonnées s’imposent :

  • Collecter les besoins exprimés par les adhérents pour cibler un matériel qui satisfasse les demandes.
  • Rédiger un cahier des charges précis avec le modèle de base recherché, les options ciblées ainsi que les performances attendues et les services demandés au vendeur.
  • Entreprendre la recherche de devis en une seule phase, en prenant soin de dissocier le prix d’achat du montant de la reprise.
  • Et enfin, comparer les propositions reçues, en vérifiant bien la durée de validité de l’offre commerciale.

Prévoir son financement

Avant de solliciter des devis, Stéphane Chapuis invite à se pencher sur le mode d’acquisition : location financière, crédit-bail ou achat classique. Et dans ce dernier cas, de voir la part d’autofinancement et la part d’emprunt pour lequel il faudra déterminer la durée appropriée, sans omettre de préciser les conditions proposées en cas de remboursement anticipé. Ainsi que la date de paiement de la première échéance. Dans l’hypothèse où le prêt en cours sur le matériel repris n’est pas fini, remboursez-le et contractez un nouveau prêt pour financer le nouveau matériel.

Points de vigilance dans le bon de commande

« Rappelez-vous toujours que l’acheteur, c’est vous. Vous êtes en droit de ne pas accepter (et subir) les exigences du fournisseur. Vous êtes des acheteurs professionnels ! », avertit Stéphane Chapuis, qui insiste aussi sur la rédaction du bon de commande. « Des points clés sont à mentionner, comme les performances, les débits de chantiers, les modalités de livraison, les services connexes, les paiements et les sanctions en cas de non-respect des indications mentionnées telle que la date de livraison. »

Exemples de points de vigilance :

  • Le matériel circulera sur la route, assurez-vous qu’il comportera bien les équipements de signalisation routière obligatoires.
  • En cas de renouvellement, assurez-vous de la possibilité de garder l’ancien matériel, jusqu’à la livraison du nouveau.
  • Vérifiez l’accompagnement prévu lors de la mise en route. Sur ce sujet, il n’y pas d’obligation légale, mais une démarche de bons sens. Prévoyez éventuellement une formation en décalé, par exemple en présence d’une moissonneuse-batteuse livrée en hiver pour laquelle la prise en main ne pourra se faire qu’en conditions réelles à l’été.

Cette vigilance s’impose jusqu’au moment de la réception, où l’on vérifiera la conformité du matériel livré avec ce qui avait été précisément commandé. La signature du bon de réception déclenchant ensuite le paiement.

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