En 2017, la cuma apicole du Haut Comminges fête son 20e anniversaire. En 1997, lors de sa création, première du genre au plan national, la cuma a fait office de pionnier. Une démarche collective, dans un secteur d’activité marqué par un certain individualisme, qui sortait alors des sentiers battus. Mais qui s’inscrivait, explique Maurice Morlière, l’un des fondateurs, président et pivot de la cuma, dans une logique d’entraide déjà existante entre quelques apiculteurs. «Le collectif représente une aventure humaine, mais c’est aussi un atout pour sécuriser notre activité. En cas de coup dur, on peut s’appuyer sur les autres. Lorsque l’un des adhérents a eu un problème de santé, les autres se sont occupés de ses ruchers.»
Au départ, le groupe, quatre adhérents, se constitue à partir d’un besoin de transport et d’une miellerie, avec l’achat d’un premier camion et d’une chaîne d’extraction du miel, installée dans des bâtiments du Gaec familial Morlière, à Génos. En 2003, l’acquisition d’un deuxième camion, équipé comme le premier d’une grue de manutention, permet d’accueillir quatre apiculteurs supplémentaires. L’évolution se poursuit en 2005, avec la mise en service d’une deuxième chaîne d’extraction, plus performante, un investissement de 70.000 €, en partie subventionnée par la Région et le Feader. La première chaîne, conservée, est transférée chez un autre adhérent près de Luchon.
«Nous disposons ainsi de deux points d’extraction, utiles en période de pointe. Nous avons préféré éviter d’investir dans des bâtiments en cuma et installer le matériel chez les adhérents, dans la mesure où nous avons la place nécessaire. En contrepartie, nous pouvons en disposer plus facilement.»
Huit campagnes de récolte par an
Deux nouveaux camions, dont l’un de 19 tonnes, équipé d’une caisse et hayon élévateur permettant le chargement de palettes et fûts de
miel, intègrent en 2010 le parc de la cuma, équipée désormais en chaîne de conditionnement. «Des investissements qui sécurisent la transhumance et la récolte en nous offrant plus de souplesse en matière de transport.» Le rayon de transhumance s’inscrit de fait sous une ligne allant de Bordeaux en Narbonne, et jusqu’à la région de Valence, en Espagne, pour le miel d’oranger. Les récoltes, au rythme d’une récolte toutes les trois à cinq semaines, débutent fin mars-début avril avec le romarin, pour se terminer en septembre, avec le miel de bruyère.
Si chacun s’occupe de ses propres ruchers, la récolte et l’extraction du miel s’organisent en collectif, en deux équipes : l’une relevant les hausses et les ruches et assurant leur transport; l’autre, deux ou trois personnes, travaillant sur la chaîne d’extraction. Le miel de chacun des apiculteurs est naturellement traité séparément, puis conditionné en fonction de son type de commercialisation, en fût auprès de grossistes, en vente directe ou en dépôt dans des boutiques.
Trois adhérents assurent par ailleurs la commercialisation en gros via une Sarl, Union Pyrénées Miel, regroupant également des apiculteurs hors cuma, qui a succédé en 1994 à une coopérative à finalité identique. «La Sarl nous permet plus de latitude au plan commercial et nous garantit la maîtrise de cette structure», précise Maurice Morlière.
Un gain de temps
Dernier investissement en date, il y a quelques mois, un cinquième camion. Un Iveco 12 tonnes, quatre roues motrices, d’une valeur de 60.000 €. «Un luxe que nous avons pu nous offrir car la cuma bénéficie d’une bonne santé financière. Il nous permet, en cas de mauvaise météo, si les chemins sont difficilement praticables, de pouvoir intervenir rapidement sur les ruches. Deux ou trois jours de retard se traduisent par des pertes importantes.» L’organisation du travail en commun avec des équipes dédiées pour le transport et l’extraction du miel se traduit par un gain de temps conséquent. Si des réunions téléphoniques permettent d’établir empiriquement les plannings, leur gestion, en particulier pour le transport, repose pour une bonne part sur le président. «Je souhaiterais que les adhérents s’investissent afin de préparer la relève. Mais, personne ne semble pour le moment briguer le poste…»
Un musée de l’apiculture
D’ici à 2018 un espace muséographique apicole doit voir le jour à Génos sur le site du Gaec des Ruchers Sainte-Marie, l’exploitation de Maurice Morlière, de son épouse Ghislaine et de son fils Cyril. Sur un hectare, une série de chalets consacré chacun à un thème – les ruches, la transhumance, la production du miel, les abeilles «in vivo», etc. – permettra de se familiariser avec l’histoire, les techniques et l’économie de l’apiculture. Ces éléments sont issus de la collection du Gaec ainsi que du fonds de la Cité des Abeilles, auparavant installée à Saint-Faust, près de Pau, et acquis par la famille Morlière. Entre les chalets, un parcours botanique sera semé de plante mellifères. D’ores et déjà, une préfiguration, sous chapiteau, est visible sur le site.
Votre contact: JD. Laborde, 06.88.46.86.85, [email protected]
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