Aux petits soins pour les prairies

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Aux petits soins pour les prairies

Les services d'accompagnement aux agriculteurs (ici EHLG au Pays basque) mettent en place des expérimentations sur prairies.

Elles souffrent des perturbations climatiques, mais les prairies deviennent des actifs de plus en plus précieux, à faire durer. En témoignent les nombreuses démonstrations auxquelles ont participé les cuma et leurs fédérations en ce début d’automne. Avec des matériels plus précis, plus techniques, plus adaptés.

Pays basque : outils d’aération en test

Fin septembre s’est déroulée à Bunus (64) une rencontre technique sur l’aération des prairies coorganisée par la fdcuma640 et Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG), service d’accompagnement des agriculteurs du Pays basque. Les participants ont effectué un test-bêche collectif pour évaluer la santé du sol et notamment constater sa compaction. Il a ensuite été discuté de la gestion du pâturage et de l’intérêt du chaulage sur les prairies avec l’intervention de Clémence Aliaga d’Arvalis. Les agriculteurs présents ont ensuite assisté à la démonstration de quatre outils de scarification et d’aération des prairies, apportés en majorité par les cuma locales : scarificateur Ponge, régénérateur de prairie Prairial (Carré), Acti-Prairie (Jurane) et A-airsol (Grégoire-Agri).

Quatre matériels ont été testés lors de la démonstration basque d’aération des prairies.

Après avoir observé le travail de chacun des outils sur le terrain et échangé avec les agriculteurs sur ces premiers résultats visuels, EHLG va mettre en place un suivi sur 3 ans de cette parcelle. Chaque outil repassera sur la même bande une fois par an, et des pesées de biomasses seront réalisées à plusieurs moments de l’année pour avoir une bonne idée de l’intérêt et de l’impact à moyen terme des différents outils sur la production et la santé de la prairie.

Drôme : sursemis tout-terrain

Objectif ? Fournir des solutions en cas de dégradation des prairies. La fdcuma de la Drôme et la Chambre d’agriculture ont organisé une démonstration de matériels de sursemis de prairies, à Saint-Nazaire-le-Désert, le 5 septembre, dans le cadre du projet Territoire d’innovation en Biovallée. Une quarantaine d’agriculteurs se sont retrouvés sur les prairies naturelles de Julien Bres, président de la cuma du Désert, éleveur caprin et producteur de lavandes en zone de montagne sèche. Jean-Pierre Manteaux, conseiller élevage et adaptation au changement climatique à la Chambre d’agriculture, a rappelé l’impact du changement climatique sur la qualité des prairies, les risques à venir et l’intérêt de réaliser un regarnissage pour améliorer l’apport en protéine. Pour cette démonstration, plusieurs conditions de réussite d’un sursemis étaient présentes : une végétation en place qui est rase (peu concurrentielle des futures plantules) et un sol nu bien visible.

Démonstration de sursemis et régénération de prairie dans le Drôme.

Sans matériel spécifique, il est aussi possible d’utiliser une herse à prairie, herse étrille ou herse plate pour créer un peu de terres fines avant de semer à la volée ou au semoir en ligne. Un rouleau ou un passage d’animaux favorisera le contact graine/sol, explique Jean-Pierre Manteaux. Aujourd’hui, deux parcelles regarnies avec un mélange de légumineuses font l’objet d’un suivi par la Chambre d’agriculture (Vallée de Quint et Saint-Nazaire-le-Désert). Certains essais portent déjà leurs fruits.

Normandie / Mayenne : vers un traitement ultralocalisé des rumex et des chardons

Dans la Manche, l’Orne et la Mayenne, plusieurs cuma envisagent de lancer une activité de pulvérisation ultralocalisée avec un Ara (Ecorobotix), une technique particulièrement prometteuse pour l’entretien des prairies permanentes.

Gain de temps de main-d’œuvre, réduction des volumes de produits de traitement, comptent parmi les premiers arguments de la pulvérisation « plante par plante ». Avec son pulvérisateur Ara, Ecorobotix revendique une économie moyenne de 80 % de la quantité de produit nécessaire, par rapport à une application traditionnelle. En plein champ, le débit de chantier maximal annoncé (4 ha/h) permettrait une cadence moyenne proche de 2,5 ha/h sur une journée de travail. Au carrefour de la Manche, l’Orne et la Mayenne, un projet d’acquisition est à l’étude, à l’initiative d’une cuma du territoire.

Le pulvérisateur Ara intéresse de près les producteurs d’herbe. Des cuma envisagent une acquisition

« Démocratiser l’intelligence artificielle pour réduire notre impact environnemental et maintenir le potentiel de nos prairies. » Derrière ce credo, la cuma de la Pratique (Le Teilleul, 50) entend bien atteindre un tarif concurrentiel pour « ainsi permettre de rendre l’agriculture de précision accessible au plus grand nombre. » Pour cela, l’activité autour d’un premier pulvérisateur Ara, médaille d’or du Sima 2022, pourrait s’étendre largement sur les cantons de Saint-Hilaire-du-Harcouët et du Mortainais, de Gorron (53) ou encore de Domfront et Bagnoles-de-l’Orne (61). Avec cette innovation, les instigateurs du projet s’attaquent au délicat exercice de l’entretien des prairies permanentes. Sans travail du sol et en présence d’une flore complexe, cette culture est en effet très exposée à la prolifération d’adventices telles que les rumex ou des chardons. Peu ou pas consommées par les animaux, de telles indésirables restent parfois difficiles à maîtriser mécaniquement (par fauche ou broyage). Le désherbage ciblé de très haute précision permettrait leur destruction par une action chimique, tout en maintenant le trèfle, précieux dans cet écosystème.

Caméra, IA et odométrie

Concrètement, via l’analyse d’images par une intelligence artificielle, l’Ara localise très précisément les adventices. Elle les distingue de la flore prairiale par la même occasion. L’odométrie adapte ensuite le délai entre le passage de la caméra et l’ouverture des buses en fonction de la vitesse d’avancement. Elle prend également en compte des éventuels mouvements latéraux. Face au rumex par exemple, cette technologie de traitement localisé « plante par plante » semble particulièrement prometteuse. En même temps, le principe limite de manière importante les quantités d’herbicide sélectif utilisé, puisqu’elles seront appliquées uniquement sur les plantes sélectionnées.

Le projet de création d’activité avait émergé en août dernier. Six cuma s’étaient alors présentées lors d’une première réunion d’information. Le 17 octobre (1), une nouvelle rencontre a été proposée aux cuma du secteur. L’enjeu y était, notamment, de recenser les engagements pour valider ou non le lancement de cette activité. Celle-ci prendra la forme d’une prestation complète (tracteur, chauffeur et carburant) en intercuma. Les premières estimations donnent un coût du service de l’ordre de 55 €/ha.

(1) Informations : 06 16 45 48 29

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