2 000 heures. Jean-Charles Zwaenepoel les a comptées, les heures à conduire ses tracteurs chaque année. Alors quand on lui demande pourquoi il loue un robot pour ses travaux de printemps, la réponse fuse : « Pour me libérer du temps ! » Exploitant 360 ha de SAU dont 300 de grandes cultures à Narcy (Nièvre), Jean-Charles souhaite s’épargner des travaux répétitifs. « Je veux gagner 700 h/an de conduite. Je les consacrerai à des tâches professionnelles à plus haute valeur ajoutée et à ma vie personnelle. » Il a loué un robot agricole AgXeed AgBot 5.115 T2 à partir du 15 mars, pour 300 h. Le robot de 160 ch a passé la herse rotative (4 m), le vibroculteur (6,5 m) et la herse plate (7,3 m) sur les 163 ha de cultures de printemps. Il a ensuite semé du maïs et du tournesol avec un semoir monograine 6-7 rangs. Tous ces outils étaient déjà présents dans la ferme. Bilan des courses : 270 h de travail étalés sur 34 jours, sur près de 500 ha.
Robot agricole AgXeed : résoudre la problématique de la main-d’œuvre
Pourquoi ne pas recourir à de la main-d’œuvre externe pour conduire le tracteur ? « Le contrat de location de l’AgXeed comprend deux pages, un peu moins que le Code du Travail », ironise Jean-Charles. Une punchline symptomatique de sa difficulté à trouver un employé, à le former puis à le fidéliser.
D’un point de vue technique, l’expérience avec l’AgXeed conforte le céréalier nivernais. « Le plus long fut l’arpentage des parcelles et le paramétrage du système, réalisé avec le support technique du constructeur : entrée des dimensions des outils, modes d’évolution dans les parcelles… »
L’attelage et le démarrage de l’AgXeed se pilotent grâce à une télécommande.(© Entraid)
Même pas peur
Au champ, le travail d’approche et de réglage se fait avec une télécommande. « C’est sûr et intuitif, témoigne Jean-Charles. Le réglage de l’aplomb des outils est très pratique grâce à la télécommande et au troisième point à contrôle de position.
Au début, une fois le robot lancé, je restais dans le champ, au cas où. Puis je me suis éloigné, parfois de plusieurs kilomètres. » Même pas peur.
L’agriculteur programme le parcours depuis un logiciel sur ordinateur. Ici, le robot minimise ses temps de demi-tours. (© Entraid)
« J’ai constaté que le robot restait toujours dans les limites définies, et s’arrêtait en cas d’obstacle. De plus, je recevais la moindre alerte sur mon smartphone. » Une liaison qui s’est rompue trois fois en 500 ha. Le débit de chantier de l’AgXeed est comparable à celui du tracteur. L’agriculteur apprécie les larges chenilles du robot : « Elles ne laissent pas de traces, on peut même semer dans leurs passages. »
Robot agricole AgXeed : autonomie satisfaisante
« L’AgXeed peut rouler 14 h avec un plein de GNR. Il consomme 25 l/h à 80 % de charge. Le facteur limitant concerne le ravitaillement en maïs des trémies du semoir. » Pour les semis, Jean-Charles était connecté au contrôleur du semoir Kverneland grâce à son smartphone. Prouesse technologique notable, mais à nuancer.
Un technicien de la marque avait placé un terminal Isobus avec clé 3G sous un capot, branché sur le semoir via le robot. La transmission des données du logiciel du semoir au téléphone de l’agriculteur était possible grâce à un accès concessionnaire, accordé pour l’occasion.
Après avoir tracté les outils de préparation des lits de semences, l’AgBot a semé le maïs et le tournesol. (© Zwaenepoel)
Comparées à ces satisfactions, les limites constatées par Jean-Charles semblent peser moins lourd. « Le transport sur route demanderait un porte-char avec plateau inclinable. Le circuit hydraulique mériterait une commande pour décompresser les distributeurs. »
Alors, s’oriente-t-il vers une autre location de robot ? « Cela m’est revenu à 42 €/h en une période de travaux intensifs. Le louer pour les déchaumages d’été, une période moins occupée, coûterait plus cher de l’heure, calcule Jean-Charles. Quant à l’acheter, je ne pourrais pas rentabiliser les 300 000 € demandés dans mon contexte céréalier en zone intermédiaire. »
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