Coûts et marges : des apparences trompeuses

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Coûts et marges : des apparences trompeuses

Ils sont quatorze apporteurs adhérant à la coopérative de déshydratation-granulation GraSaSa (Dordogne) et ils produisent notamment de la luzerne. Ils ont accepté de fournir les coûts et marges liés à leurs cultures (1) en 2014 : luzerne bien sûr, mais aussi blé, maïs et tournesol.

Jean-Marc Cornée  (CerFrance-Dordogne) : aller au-delà des chiffres

Pour pouvoir comparer les données fournies par les adhérents de GraSaSa, les conseillers Entreprise du CERFrance ont tout d’abord ajusté leurs propres données, en réintégrant les aspects de mécanisation à leurs chiffres. Puis ils ont obtenu le niveau moyen de marge directe pour une rotation blé-maïs-tournesol à parts égales, sur la période 2008-2014. «Nous obtenons 4 années extrêmes : 2009 et 2014 très favorables à luzerne et moins au maïs, et inversement pour les années 2007 et 2012. Pour notre rotation blé-maïs-tournesol, nous obtenons une marge nette atteignant 213 /ha en 2014 contre 661 /ha en 2012. Ces variations étant liées essentiellement aux fluctuations des prix et des rendements.» Pour les années moyennes, ces trois cultures amènent une marge directe de 437 /ha, globalement deux fois supérieure à celle de la luzerne pour les campagnes passées. «Mais la réflexion va bien au-delà des marges seules, tempère Jean-Marc Cornée. Et également au-delà de l’effet PAC. Les bénéfices agronomiques, difficilement mesurables, sont importants (voir ci-dessous l’analyse de Philippe Brion).» Sur la partie ‘travail’, plus faible sur les luzernières car elles sont installées pour 3 à 5 ans (voir le graphique ‘Temps de travail par culture’), existent aussi des possibilités d’externalisation telles que le propose GraSaSa. Après une phase de 2 ans très nettement à la baisse, le marché du granulé de luzerne semble se stabiliser.

Graphe de comparaison des charges et marge directe (hors DPU) par culture

Philippe Brion GraSaSa : réintégrer les bonus dans le calcul

«Outre la marge, la luzerne apporte, lorsqu’elle est implantée dans un terroir favorable, de nombreux bonus à l’exploitant», explique Philippe Brion. «Elle constitue une tête d’assolement performante en structurant le sol, en ‘piégeant’ une partie des nitrates dans les racines, de l’azote qui sera restitué dans les 3 ans suivant l’exploitation (un gain estimé par GraSaSa à 150 unités d’azote sur 30 mois). Très adaptée aux systèmes bio ou raisonnés, elle demande peu d’intrants en conventionnel. Elle permet une vraie rupture dans le cycle des pathogènes pour grandes cultures. Elle peut s’exploiter sans irrigation, même si elle valorise très bien 80 à 100 mm d’eau.  Au plan de l’élevage, elle contribue fortement à l’autonomie fourragère et protéique ainsi qu’à une diminution des frais vétérinaires via l’amélioration de l’état sanitaire des troupeaux.»

Un ensemble de gains très concrets, mais difficiles à évaluer et variables d’un système à l’autre. Un ensemble de gains que les agriculteurs, poussés dans le même temps par la nouvelle PAC, commencent à appréhender : les surfaces en luzerne destinées à GraSaSa auront doublé entre 2013 et 2016.

Histo2-Temps de travail par culture