À la ferme Bellegarde, sur l’exploitation du lycée agricole de Fonlabour, dans le Tarn, la question n’était pas « faut-il épandre ? », mais comment épandre mieux pour aboutir à une baisse des émissions d’ammoniac. En effet, l’ammoniac (plus précisément la transformation de l’ammoniac NH3 en protoxyde d’azote) est l’un des gaz les plus réchauffants pour le climat et très lié à l’agriculture.
Comment aboutir à une baisse des émissions d’ammoniac ?
Au printemps, la FDCuma du Tarn et la Frcuma Occitanie* ont réuni 80 participants : élèves, enseignants et agriculteurs. L’objectif : appréhender les pertes d’azote dans l’air lors de l’épandage, la manière d’améliorer l’efficacité des apports, mais surtout de revaloriser les effluents d’élevage.

Le jour de la démonstration au lycée agricole de Fonlabour. crédit Clothilde Rommens
Deux ateliers, huit interventions, ont permis aux participants de creuser à la fois les aspects réglementaires, techniques et économiques (matériel, organisation des chantiers en cuma, systèmes d’épandage).
Cela a aussi permis de faire le tour des enjeux environnementaux liés aux émissions d’ammoniac, avec le soutien de l’Idele, de la plateforme technologique GH2O, et de plusieurs concessionnaires.
Mesures des émissions en conditions réelles
Ensuite place à la pratique : démonstration en conditions réelles de plusieurs tonnes à lisier, équipées de différents systèmes (buse palette, rampe pendillard, rampe à patins). Des mesures d’émissions de NH₃ ont été réalisées en direct avec des tubes Dräger.
Les chiffres sont clairs : 70 % de volatilisation d’ammoniac en moins entre une buse et une rampe à patins et 50 % entre une buse et une rampe pendillard.
De quoi transformer un effluent en véritable fertilisant efficace, sans polluer… et économiser sur les achats d’engrais minéraux.
Quel effet sur les cultures?
Si ces chiffres montrent clairement l’impact du système d’épandage sur les pertes par volatilisation, mais qu’en est-il de l’effet sur les cultures elles-mêmes ?
C’est justement ce que va chercher à mesurer une expérimentation lancée le matin même avec la plateforme GH2O. Trois parcelles ont reçu le même lisier, appliqué avec ces trois systèmes d’épandage différents.
Pendant quatre mois, les équipes suivront la repousse de l’herbe, la valeur fertilisante réellement disponible (azote, phosphore, nitrates…), la production de biomasse et la qualité du fourrage. Objectif : voir si les systèmes les moins émissifs sont aussi les plus performants au champ.
Une journée riche, concrète et porteuse d’un message simple : le bon matériel, au bon moment, fait toute la différence.
*dans le cadre du projet Val’OR financé par le Casdar
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