Sur le papier, la fertirrigation en vigne a tout bon, a indiqué Paul Katgerman, référent irrigation au service viticulture de la Chambre d’agriculture de l’Hérault.
Fertirrigation en vigne : les avantages
Paul Katgerman a été intervenant lors de l’assemblée générale de la fédération des cuma Gard-Hérault. Il a détaillé les points forts de cette technique. Elle consiste à injecter des éléments fertilisants dans le réseau d’irrigation d’une parcelle de vigne.
« L’azote, le phosphore, le potassium, le calcium et le magnésium peuvent être intégrés dans un soluté d’eau et être directement disponible pour la plante », a-t-il décrit.

Paul Katgerman est référent Irrigation au sein de la chambre d’Agriculture de l’Hérault. (© Entraid Médias)
Schématiquement, les séquences de fertirrigation se découpent en trois phases :
- 3 h d’irrigation seule ;
- 3 h de fertirrigation ;
- 3 h de rinçage.
Le but : prévenir les risques de corrosion des goutteurs et la précipitation des éléments sur le dispositif.
« Cette technique de fertirrigation permet au viticulteur d’être plus précis dans ses apports par rapport aux besoins physiologiques de la plante. »
« Cela permet également de mieux fractionner ces apports tout en réalisant des économies. On estime que le viticulteur économise environ 30% en fertirrigation par rapport à des engrais. Mais qu’il s’épargne aussi du temps en main-d’œuvre et en heures de tracteurs », a énuméré le référent irrigation de la Chambre d’agriculture de l’Hérault.
Risques de la fertirrigation en vigne
Toutefois, une fertirrigation mal gérée peut s’avérer catastrophique, a toutefois rappelé Paul Katgerman.
Si le réseau de fertirrigation n’est pas bien entretenu, avec par exemple des goutteurs bouchés, la fertirrigation n’aura aucune efficacité sur la croissance et l’alimentation des plantes en éléments nutritifs. Autant jeter de l’argent par les fenêtres.
Les observations sur le terrain convergent: « Les goutteurs s’encrassent en moyenne en 3 à 5 ans, ils perdent dans ce délai 50% de leur efficacité », a relaté Paul Katgerman. « D’où la nécessité de bien acidifier ces goutteurs », a-t-il souligné.
La fertirrigation en vigne demande également de solides connaissances sur les besoins des plantes aux différents stades physiologiques.
Tout en sachant qu' »une stratégie hydrique correspond à un profil de produit », a souligné Paul Katgerman. « On ne gère pas l’eau de la même façon quand on produit un blanc que quand on produit un rouge fruité ou un vin de garde. »
Quant aux besoins en nutriments de la vigne, ils évoluent au cours du temps « même si la vigne est une plante qui demande assez peu. Elle a besoin d’apports en particulier au moment du développement végétatif et lors du chargement des baies. »
Un apport au mauvais moment peut conduire à un problème sanitaire, type oïdium généralisé.
Et bien entendu, il faut ajouter à ces connaissances sur les plantes celles liées à l’eau et au sol, qui peuvent avoir des conséquences sur la conduite de la fertirrigation.
Fertirrigation en vigne : de la technicité et une bonne connaissance de son contexte
À titre d’exemple, Paul Katgerman a décrit le contexte héraultais, caractérisé par des eaux dures et des sols sableux sur certains secteurs: « la présence de calcium et de magnésium affecte le pH de l’eau, donc la disponibilité des éléments nutritifs, et aussi la rapidité d’encrassage des goutteurs. »
En parallèle, il convient d’adapter la durée de rinçage du système en sol sableux. Lorsqu’elle est trop longue, les eaux les plus récemment apportées ont tendance à « chasser » en profondeur celles qui contiennent les éléments nutritifs.
« La fertirrigation en vigne est une technique très efficace. Elle demande beaucoup de technicité, outre un système de détection des besoins de la plante assez précis », a insisté Paul Katgerman.
Avant de conclure: « la fertirrigation en vigne ne dispense pas d’une fertilisation du sol au global. »
Trois méthodes pour suivre les besoins hydriques de la vigne
Paul Katgerman a détaillé trois méthodes pour mesurer les besoins en eau d’une vigne
- la technique des apex, en s’appuyant sur l’appli Apex-Vigne, disponible sur Android
- le suivi hydrique du sol, à l’aide de tensiomètres ou de capteurs capacitifs
- les suivis hydriques modélisés en mettant en relation météo, apports et types de sols, sur abonnement pour quelques centaines d’euros par an.
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