Semis sous couvert, essayer c’est l’adopter ?

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Semis sous couvert, essayer c’est l’adopter ?

Christophe Decalf essaye pour la deuxième année des semis sous couvert. Il espère mieux implanter son blé et faciliter son accès à l'eau.

Christophe Decalf lance dans certaines de ses parcelles des expériences. Le semis direct sous couvert en fait partie. Étonné des résultats d'un premier essai, il le reconduit mais cette fois-ci avec des mesures chiffrées pour convaincre ses voisins.

Il s’est jeté à l’eau il y a trois ans. Au début, c’était par manque de temps, maintenant, c’est devenu une conviction. Christophe Decalf, agriculteur à Saint-Pierre Brouck dans le Nord, a en effet lancé des essais de semis sous couverts sur ses parcelles. « Ça faisait quelques temps que je me renseignais sur le sujet mais je n’osais pas sauter le pas, raconte-t-il. Mais l’année 2023 a été tellement pluvieuse que je n’ai pas eu le temps de semer mes céréales. Je voulais d’abord récolter mes pommes de terre et betteraves. »

Semis sous couvert, faut se lancer

C’est donc l’occasion qui a fait le larron. Mi-octobre 2023, Christophe Decalf fait venir une entreprise équipée d’un semoir de semis direct pour emblaver 4,5 ha d’escourgeon. « J’ai semé une variété résistante aux pucerons dans deux parcelles différentes, explique-t-il. J’y avais récolté des pois début juillet puis implanté un couvert. » Ce couvert, plutôt classique et bien développé, était composé d’avoine, de féveroles, de vesce, de trèfles et de phacélie.

Le semoir, un Mzuri Pro-Til 4T, équipé de disques, de dents de fissuration et semeuses et de pattes d’oie ne travaille que la ligne. « J’avais au préalable, une semaine avant, détruit les couverts au glyphosate, se souvient l’agriculteur. Mais ils étaient encore très imposants. »

Le coût de cet implantation, 125 €/ha. L’agriculteur n’a pas appliqué de désherbant à l’automne, faute de temps, ni d’insecticide.

Des résultats surprenants

Le résultat, à la moisson 2024, était très encourageant. « Je n’ai pas eu de jaunisse », se félicite Christophe Decalf. « Pourtant, j’avais des craintes car il y avait beaucoup de pucerons dans les couverts. La parcelle était relativement propre, mis à part des vulpins présents dans la ligne de semis. Sinon, l’inter-rang était propre puisque le sol était recouvert de débris de végétaux. »

Mais la surprise provient surtout des rendements. « Alors que mes voisins se prenaient une gamelle cette année-là, j’ai été surpris d’obtenir de bons rendements », avoue-t-il humblement. « Alors que les normes tournaient autour des 70-80 q/ha, j’ai obtenu dans mes deux parcelles 85 et 86 q/ha. » Il n’en fallait pas plus pour convaincre et convertir cet agriculteur aux bienfaits des couverts.

Des semis sous couvert pour une meilleure implantation

Cette différence, il l’explique par une céréale mieux implantée et une meilleure gestion de l’eau dans la parcelle. « Il y a deux ans, j’ai remarqué qu’il fallait plus de force pour dépiquer un pied d’escourgeon, la plante avait mieux exploré le sol », assure l’agriculteur nordiste.

Car dans cette zone des Flandres maritimes, l’eau, soit il y en a de trop, soit pas assez. Les sols salo-argileux sont difficiles à dompter. L’érosion, même si le sol est plat est un enjeux à long terme, tout comme la gestion de l’eau. « Pour moi, cela passe par la vie du sol », ajoute le convaincu. « Et donc par la matière organique disponible. J’essaye donc de couvrir au maximum mes sols. Je fais du prébuttage en pommes de terre et j’essaye de semer du blé de printemps en fin d’automne. »

En avoir le cœur net

La chance du débutant ? Pour avoir le cœur net, Christophe Decalf a retenté l’expérience cet automne. « Je ne veux pas que ce soit qu’une impression. Cette fois-ci, je vais m’appuyer sur mon technicien pour faire des mesures, explique l’agriculteur des Flandres. Et je voulais comparer également les semoirs. J’ai donc fait emblaver du blé mi-octobre 2025, une partie avec le semoir de l’ETA et une autre avec le mien. » Lui, est équipé d’un semoir à disques type TCS paré d’un décompacteur et d’une rotative. Même protocole. Après la récolte de pois pour une parcelle de 4,5 ha et de lin pour 8ha, le couvert a été semé mi-juillet 2025. Après un passage de fissurateur.

« Malgré l’année sèche, les couverts ont profité d’une pluie de 12 mm en août et de l’humidité de septembre pour exploser en densité, avoue le chanceux. Le niger, la phacélie, la vesce, l’avoine, le trèfle, la féverole et le radis fourrager ont bien poussé pour atteindre 4,2 tMS/ha mi-octobre 2025, avant d’être détruits. »

Cette année, Christophe Decalf a désherbé ses céréales, la météo douce favorise la levée des adventices. Pour le moment, la différence se joue sur la portance du sol. L’agriculteur espère que le blé sera mieux implanté et pourra puiser davantage d’eau et de nutriments.

Prêcher pour sa paroisse

Si Christophe Decalf passe du temps pour ces essais, c’est parce qu’il veut convaincre ses voisins et collègues de cuma. « Mon objectif est de couvrir un maximum mes sols et de montrer que c’est bénéfique », lance-t-il. J’ai vu que les plantes qui sont bien implantées dans un sol ayant une bonne structure ont facilement accès à l’eau. Je ne parviens pas encore à couvrir tous mes sols, là je suis à 95 % a peu près, mais j’essaye d’utiliser des techniques et des outils pour mieux structurer le sol. Ou tout du moins, ne pas l’abimer. »

Mais le président de sa cuma a autre chose derrière la tête: convertir ses adhérents à la technique du semis direct et pourquoi pas du semis sous couvert pour investir dans un semoir. « Il faut du monde car un semoir comme à l’ETA coûte environ 140 000 euros« , reconnait le président. Il y a encore du travail dans cette zone où les cultures industrielles prédominent les rotations et où le travail du sol est encore nécessaire. Avec des chiffres et de bons rendements, les esprits s’aiguiseront peut-être ?

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