6 astuces pour réussir ses couverts végétaux d’été

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6 astuces pour réussir ses couverts végétaux d’été

Après la récolte, une période de quatre jours s’ouvre durant laquelle les plantes coupées libèrent de l’eau, ce qui favorise l’installation d’un semis de couvert estival. (©Entraid)

L'agronome et agricultrice aveyronnaise, Sarah Singla, est intervenue, mardi 16 septembre 2025, lors d'une journée dédiée aux couverts végétaux d'été, organisée dans le Tarn-et-Garonne. L'occasion de rappeler quelques fondamentaux essentiels pour réussir l'implantation de ces cultures intermédiaires.

SOMMAIRE

L’accueil était à la hauteur des attentes. Sarah Singla, agricultrice et agronome aveyronnaise reconnue, s’est exprimée devant une assemblée attentive sur la ferme de Jérémie Fraysse dans le Tarn-et-Garonne. Le choix de ce lieu pour une journée dédiée aux couverts végétaux d’été n’était pas anodin.

Un GIEE à l’accueil

Jérémie Fraysse est membre du Groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) SolEcoVer, dont l’objectif est de régénérer la vie des sols agricoles, de renforcer la performance économique des fermes et d’assurer une gestion durable des ressources (eau, biodiversité, énergie).

Ce groupe, intégré depuis 2021 au réseau DePhy dans le cadre du programme « 30000 », rassemble 18 agriculteurs du Tarn-et-Garonne. Répartis dans plusieurs filières et contextes pédoclimatiques, ces agriculteurs se forment, testent des pratiques innovantes, échangent leurs expériences et diffusent les connaissances acquises. Ils bénéficient de l’appui de la Chambre départementale d’agriculture, qui porte ce GIEE, ainsi que d’autres partenaires comme la Fdcuma du Tarn-et-Garonne.

Les enjeux : productivité et préservation des sols

couverts végétaux d'été

Rencontre avec Sarah Singla, agricultrice et agronome, présente dans le Tarn-et-Garonne. (©Entraid)

Sarah Singla a d’emblée rappelé l’objectif fondamental des techniques de préservation des sols :

  • améliorer la productivité ;
  • la rentabilité des exploitations.

Un impératif d’autant plus crucial que les rendements stagnent et que « 40 % des charges des exploitations sont liées à la mécanisation », a-t-elle souligné.

L’érosion : une menace majeure

« La principale menace, c’est l’érosion, qu’elle soit hydrique ou éolienne », a insisté l’agronome. Pour illustrer l’ampleur du phénomène, elle a donné une image parlante : « Un millimètre de poussière sur un hectare représente 10 mètres cubes de sol. »

Et le plus préoccupant ? « C’est le meilleur qui s’en va », a souligné Sarah Singla, citant l’exemple d’un agriculteur du Maine-et-Loire ayant fait analyser la poussière sur sa herse rotative. Le résultat était édifiant : 8,5 % de matière organique dans cette poussière, soit la fraction la plus fertile du sol.

Les clés de réussite des couverts végétaux d’été

Retrouvez les six secrets pour réussir vos couverts végétaux d’été, révélés par Sarah Singla.

1. Adapter sa stratégie à l’état initial de ses sols

« Tout le monde n’a pas les mêmes contraintes », a insisté Sarah Singla en préambule. Le premier facteur à examiner est l’état initial des sols de ses parcelles, et notamment le taux de matière organique.

Le taux de matière organique à atteindre dépend de la texture du sol. L’agronome recommande d’analyser le rapport entre le taux de matière organique et le taux d’argile. Quand ce rapport est inférieur à 10 %, « c’est à retravailler avant de se lancer ». Quand il est supérieur à 24 %, « il sera facile de démarrer ».

Son conseil : « Tous les ans, la première chose à faire est de faire analyser le sol de chaque parcelle pour bien comprendre de quoi on part. »

2. Optimiser la structure avant de réduire le travail du sol

Ce n’est pas parce qu’on laboure qu’on est mauvais et qu’on fait du semis direct qu’on est bon », a tenu à préciser Sarah Singla. Avant tout, pour réussir un semis de couverts quel qu’il soit, il convient de ramener ses sols à des fonctionnements chimiques, physiques et biologiques optimaux. « Un sol équilibré, c’est 50 % de vide », a-t-elle rappelé. « Et c’est la fertilité biologique qui permet de faire évoluer les taux de matière organique. »

Pour évaluer la structure d’un sol, Sarah Singla a mentionné un outil pratique : l’application gratuite VESS, développée par Hepai, qui permet d’effectuer une évaluation visuelle de la structure du sol selon la méthode du test bêche.

3. Identifier et corriger les facteurs limitants

« Il est important, avant de se lancer, de corriger les gros défauts de structuration », a développé l’agronome. Plusieurs questions essentielles doivent être posées :

  • Le statut acido-basique du sol est-il correct ?
  • Le drainage est-il optimal ? « C’est la première des fertilités. »
  • Y a-t-il une semelle de labour ?

La compaction peut engendrer une perte de rendement jusqu’à 30 %, particulièrement en cas de stress hydrique. Ce défaut de structure devient un aléa croissant, en raison des alternances de saisons sèches et humides favorisées par les dérèglements climatiques, et de l’augmentation du poids des machines agricoles.

« Bien sûr, vous pouvez jouer sur la largeur des pneus, mais une machine trop lourde reste trop lourde », a résumé Sarah Singla.

« À chaque type de semelle correspond un ‘traitement’ », a précisé l’agronome. Les semelles peuvent se situer à différentes profondeurs :

  • Semelles superficielles (2 à 3 cm) : possibilité de travail mécanique
  • Semelles profondes (70 cm) : « On ne pourra ni fissurer ni décompacter mécaniquement. Il faudra implanter un couvert spécifique destiné à cela, avec des plantes pérennes, une prairie installée pour plus de 3 ans. »

4. Définir un objectif prioritaire

« Les couverts sont comme des couteaux suisses : ils peuvent servir à plein de choses, mais on ne peut utiliser qu’un outil à la fois », a imagé Sarah Singla.

Il faut donc faire un choix stratégique. Votre objectif prioritaire est-il de :

  • Régler le salissement ?
  • Améliorer la structure du sol ?
  • Nourrir un troupeau ?

« La composition d’un couvert se raisonne en fonction de la culture suivante », a rappelé l’agronome.

5. Respecter les conditions pour un semis réussi

Il est possible de semer un couvert simplement, à la volée, mais cela nécessite de remplir cinq conditions essentielles :

  • Pas de rémanence de sulfonylurées ;
  • Une densité de couverture supérieure à 30 % ;
  • Une structure du sol équilibrée et grumeleuse ;
  • Réagir avant une pluie ou une irrigation ;
  • Disposer de suffisamment de lumière.

6. Profiter de la fenêtre « dorée » après récolte

Après la récolte, il existe une fenêtre de quatre jours pendant laquelle les plantes coupées vont « recracher » de l’eau, facilitant ainsi l’implantation d’un semis de couvert estival.

« C’est pourquoi il est important, si vous semez avec un semoir, qu’il soit prêt et chargé en semences idéalement avant de partir moissonner, pour pouvoir réagir très rapidement après récolte », a conseillé Sarah Singla.

Couverts végétaux d’été : la force du collectif

Enfin, Sarah Singla a conclu sur l’importance du travail en groupe : « L’époque des pionniers a permis de montrer que c’est possible. Il y a désormais des références et des groupes comme celui qui nous accueille. Il est vraiment plus facile d’échanger sur les erreurs et ce qui fonctionne en groupe pour se lancer ».

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