Les constructeurs asiatiques vont-ils dans les prochaines années bouleverser le paysage des agroéquipements en Europe ? Ils apportent aujourd’hui de nouvelles technologies, une gamme d’outils complète et du matériel de traction et de récolte avec un positionnement prix qui devrait défier toutes concurrences. Certains voudront des preuves quant à leur fiabilité. D’autres les aideront à créer des réseaux de distribution. Retour sur la présence des constructeurs chinois à Agritechnica 2025.
Tracteurs chinois de 25 à 350 ch
L’agriculture est un marché mondial, nous le savons. Jusqu’à présent, les filières de l’agroéquipement européen ont été plutôt préservées des constructeurs asiatiques. Leurs offres ‘produits’ étaient principalement concentrées sur des gammes de matériel destinées aux espaces verts ou aux collectivités.
Nous avons tous en tête des marques comme Solis, Tafe, Kioti, ou encore Lovol, qui proposaient hier des matériels de petites puissances inférieures à 110 ch. Kubota faisait figure d’exception dans ce paysage avec des tracteurs allant jusqu’à 170 ch et l’acquisition en 2012 du groupe Kverneland.
Le stand du constructeur chinois Zoomlion sur Agritechnica 2025. Une exposition de trois tracteurs, une charrue, un déchaumeur à dent, une moissonneuse batteuse et un télescopique. (©Entraid)
Ce monde-là est terminé. Agritechnica 2025 sera-t-il le marqueur de l’ère chinoise ? La question mérite d’être posée. C’est une vraie sensation.
Si nous regardons les chiffres : 11 % des 2700 exposants sont d’origine asiatique. Et plus de 250 sont des marques sont chinoises.
Constructeurs chinois à Agritechnica 2025 : une offensive sur les tracteurs
Comme nous l’avons mentionné dans notre article sur la marque Lovol, le constructeur propose un tracteur de 240 chevaux équipé d’une transmission à variation continue et d’un pont avant suspendu.
Une machine qui illustre que le constructeur dispose des équipements nécessaires pour pouvoir se positionner face aux constructeurs historiques sur les tracteurs de forte puissance. Il affiche même un tracteur de 300 chevaux qu’il pourrait commercialiser à moins de 200 000 €.
L’homologation du tracteur P7240 de 240 ch doit avoir lieu fin 2026. Le lancement sera donc pour Agritechnica 2027. (©Entraid)
Chez Zoomlion, c’est une technologie hybride (moteur diesel, générateur électrique, batteries et moteur électrique pour la transmission) qui s’installe sur le capot de tracteurs allant de 160 à 350 chevaux. Une première dans le secteur agricole. Le positionnement prix se situerait 30 % en dessous des tarifs pratiqués sur le marché européen.
À lire : Zoomlion : le tracteur qui fait trembler Agritechnica.
Bien que 10 fois plus petits que les stands des leaders internationaux actuels, les stands de ces constructeurs ont attiré les visiteurs du salon :
- des agriculteurs ;
- les distributeurs ;
- des concessionnaires ;
- des importateurs et des constructeurs.
Les équilibres actuels vont-ils bouger ? Combien de temps faudra-t-il à ces nouveaux acteurs pour organiser leur distribution et leur SAV ?
Drones, robots, électronique
Nous avons été surpris de voir autant de fabricants chinois de drones pour le secteur agricole avec des capacités impressionnantes de 100 litres. Surpris également de constater la taille des stands de fournisseurs d’électronique et de solutions d’autoguidage, par exemple comme CHCNAV, FJDynamics, Allynav, ComNav Tech.
En France, ces marques font un carton avec leurs solutions d’autoguidage à RTK à moins de 5 000 €. Au salon Agritechnica, ils ont présenté des robots. Allynav a exposé un pulvérisateur autonome pour vergers et vigne : l’Aries300N. FJDynamics a présenté des robots pour les espaces verts.
Autre acteur, LJ Tech dispose d’un robot de pulvérisation pour vergers.
L’entreprise DJI a vendu en 2025 100.000 drones en Chine pour un usage agricole. Ici un drone capable de transporter et de pulvériser 100 litres de produits phytosanitaires dans les champs. (© Entraid)
Salon mondial européen, Agritechnica est la porte d’entrée pour l’ensemble de ces acteurs au marché. Les acteurs chinois ont plusieurs positionnements (du basique au technologique) mais un point commun : un prix bien en dessous des agroéquipements européens.
Comment réagiront les clients, les distributeurs et les constructeurs européens et américains ? Est-ce une alternative à la réduction des charges de production pour les professionnels agricoles ?
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