Aux trois coins du Loir-et-Cher, les agriculteurs adhérents de cuma ne baissent pas les bras. Non seulement ils organisent la production de noix, mais en plus, face à une épreuve récente, la perte d’un partenariat, ils se prennent en main pour aller au bout de la filière. Un petit retour en arrière s’impose. Début des années 2010, une quinzaine d’agriculteurs du Loir-et-Cher se lance dans la production de noix. Ils s’adossent alors à la coopérative Axereal via un GIEE. Cette dernière assure le débouché et la vente des noix, avec un engagement de 7 ans. Le groupe d’agriculteurs plante environ 135 hectares de noyers en 2011 et 2015, dans trois zones distinctes du département.
Création de deux cuma pour la filière noix
En 2018, pour renforcer les collectifs et acquérir les premières machines de récolte des noix, ils créent deux cuma. La cuma des Vergers, au nord du département et la cuma Noix de la Cisse, au centre, voient donc le jour. Une troisième cuma existante à l’ouest du département, la cuma de la Brenne, porte également un groupe de 4 néo-producteurs de noix. Pour lancer l’activité, la cuma de le Brenne achète un vibreur télescopique et une récolteuse automotrice de noix. Dans un premier temps et en attendant que les 135 hectares de noyers soient en pleine production, ce sont les deux cuma, en intercuma, qui utilisent ces outils. Elles sont distantes chacune d’une bonne quarantaine de kilomètres. Cela permet de mutualiser l’investissement de ces deux machines, qui s’élève à plus de 150 000 € HT. Par contre, chaque groupe s’équipe de son propre tracteur, pulvérisateur, broyeur…
Virage en 2020. Chaque cuma achète son propre matériel de récolte : fini, donc, l’intercuma. Les 135 hectares de noyers entrent en pleine production. S’ensuit l’achat de nombreux matériels de post-récolte, comme des tables de tri, des laveuses et des stations de séchage. Axereal récupère les noix sèches, puis la coopérative assure le calibrage, le conditionnement et enfin la vente.
Avec l’arrêt du partenariat, le début de la SAS
Mais en 2024, tout bascule. La coopérative Axereal décide d’arrêter le conditionnement et la vente des noix. « Deux choix s’imposent. Est-ce que nous, les producteurs de noix, devons vendre chacun notre production de notre côté ? Ou est-ce qu’il faut se regrouper et aller au-delà des trois cuma en créant une SAS pour commercialiser l’ensemble nos productions ? », se rappelle Maxime Cherrier, de la future SAS. Nous avons opté pour la seconde solution, car nous voulions rester maîtres de notre propre commercialisation. La SAS Noix Val de Loire naît donc avec 16 producteurs détenant 100 % du capital.
Axereal accompagne la nouvelle structure en cédant aux trois cuma et à la SAS des équipements comme deux chariots élévateurs, une calibreuse, une ensacheuse et une peseuse. Elle fournit également son carnet d’adresses des acheteurs. Le nouveau matériel de conditionnement prend place sous le hangar d’une des trois cuma, la plus centrale. Les producteurs des trois cuma apportent leur noix, et ces mêmes producteurs les calibrent et les conditionnent.
Une nouvelle marque pour la filière noix
« La création de la SAS et la reprise de la commercialisation ont été plus énergivores et chronophages que nous le pensions, poursuit le président. J’y ai passé quasiment un mi-temps sur quelques mois pour tout mettre en place avec mes collègues : plan commercial, logiciel de comptabilité, etc. Après avoir créé notre marque Royale Noix, nous tablons sur la commercialisation d’environ 300 à 350 tonnes par an pour un prix de vente avoisinant 2,50 € le kg. Nous vendons les noix entières en filet de 1 à 10 kg, mais également en caisse pour les Grandes et moyennes surfaces (GMS). Au vu de la production 2024 assez faible, il a fallu renoncer à un projet d’embauche d’un commercial. Nous préférons en effet travailler avec un négoce qui a accès à plusieurs centrales d’achat. Une gamme bio et une gamme conventionnelle existent également. »
À terme, la SAS Noix Val de Loire souhaite construire un hangar d’environ 1 500 m² avec un quai de chargement. Elle projette aussi d’embaucher un responsable qui réceptionnerait les noix et s’occuperait du conditionnement et de l’expédition vers les acheteurs. Et pour lisser les ventes tout le long de l’année, elle prévoit l’achat un frigo afin de pouvoir conserver les noix dès le mois d’avril. Pour le moment, il n’y a pas de projet de vente en cerneaux ou huile, mais avec ce collectif plein de ressource et débrouillard, tout est envisagé.
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