Quels sont les vrais débits de chantier de semis sur le terrain?

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Quels sont les vrais débits de chantier de semis sur le terrain?

photo semoir Monosem au champs debit de chantier de semis

Pour diminuer le coût d’un semoir monograine, une des solutions consiste à lui faire faire le plus d’hectares possible chaque année grâce à une organisation de chantiers optimale. L’analyse des données de travail enregistrées par les compteurs connectés montre que ce matériel occasionne une forte proportion de temps morts et de déplacements par rapport au temps productif.

Les valeurs « à dire d’expert » des débits de chantier de semis s’avèrent insuffisantes pour qui veut s’en servir pour organiser et prévoir au plus juste l’activité d’un nouvel investissement. Les déplacements entre l’exploitation et les parcelles représentent en effet un temps non négligeable.

Pour y voir plus clair, le service agroéquipements de la fncuma suit, avec l’appui des animateurs du réseau, une population de compteurs connectés Karnott. Le but est de chiffrer les débits de chantier de semis réels, en tenant compte du temps passé sur la route. Seules les activités correspondant à de vrais travaux sont prises en compte, mais certaines parcelles peuvent être traitées en plusieurs fois. Cela explique qu’on parle de surface travaillée du chantier et non de surface de la parcelle elle-même.

Les tendances n’ont rien de nouveau: chacun sait qu’on perd moins de temps dans une parcelle grande et en longueur que dans une parcelle petite et biscornue ! Mais ici la différence est chiffrée. Ce sont autant d’éléments utiles pour mieux organiser les travaux, et dans une cuma, pour mieux arbitrer les ordres de passage entre adhérents. Se baser uniquement sur l’ordre dans lequel arrivent les réservations peut conduire à multiplier exagérément les kilomètres sur route.

34% du temps passé sans semer

Un semoir monograine 6 rangs a ainsi fait l’objet d’un suivi durant une campagne dans une cuma, sur 21 chantiers. La surface totale mesurée pour cette activité est de 126,8ha. Après analyse et traitement des enregistrements, il apparaît que les déplacements représentent 14% du temps total d’activité. La distance aller et retour entre base et parcelle s’élevait en moyenne à 23,2km.

Plus surprenant: les temps morts ont pesé pour 20% du temps total d’activité de ce semoir. Il s’agit des opérations de réglage, remplissage, nettoyage et résolution d’éventuels incidents. Le débit de chantier dans la parcelle atteint quant à lui 1,9ha/h, en considérant uniquement les phases productives. Le semoir avançait en moyenne à 5,4km/h, temps de manœuvres inclus.

En intégrant les déplacements et les temps morts, le débit de chantier de ce même semoir tombe à 1,3ha/h. C’est le repère à prendre en compte pour chiffrer le potentiel d’une journée de travail.

En appliquant nos hypothèses de coût de chantier détaillées dans l’article précédent, il en ressort que les temps improductifs coûtent 2 580 €/an dans l’exploitation de ce semoir, en charges de matériel, carburant et main-d’œuvre. Sur cette somme, une part d’environ 1 000 € est attribuable aux déplacements. En les optimisant, on peut espérer en récupérer une partie. Le reste ne doit pas être entièrement considéré comme une perte sèche dans la mesure où il s’agit pour partie d’assurer la qualité du semis (entretien, réglages, etc.).

Débits de chantier de semis: prendre en compte la surface

En étudiant la taille des 21 chantiers analysés, il s’avère que la taille des parcelles intervient bien dans le débit mesuré. En effet, dans les petites surfaces, 1,8ha en moyenne, ce dernier se cantonne à 1,2ha/h, en prenant en compte seulement le temps productif. Au-delà de cette surface, pour les chantiers de 3,1 à 15,7ha, le débit en parcelle s’élève à 1,8ha/h. La vitesse d’avancement moyenne passe quant à elle de 3,2 à 5km/h. Notons au passage que les enregistrements réalisés au cours de ce suivi de chantiers ne montrent pas de différence significative entre ceux de moins de 10ha et ceux au-dessus. Passé le seuil des 3ha, il ne semble pas y avoir de gain de productivité.

 influence de la surface de chantier de binage

Influence de la surface du chantier de binage sur les performances (semoir 6 rangs – 21 mesures).

Les déplacements sont inévitables mais savoir ce qu’ils coûtent permet de mieux réfléchir à un changement de pratiques, à une optimisation des ordres de passage entre adhérents voire à des échanges de parcelles. Le temps passé à régler le semoir mérite quant à lui d’être confronté au coût d’un semoir à entraînement électrique avec réglage sur console, par rapport à une boîte à pignons et chaînes.

Enfin, à lire également dans le Dossier Rayons X consacré aux semoirs monograines:

Renouvellement du semoir monograine: plutôt 4 ou 8 ans?

3 questions à se poser pour bien choisir son semoir monograine.

Semoir monograine en cuma: s’organiser pour économiser.