Les doses se resserrent. Les pulvérisateurs modernes proposent différents moyens de consommer moins de molécules pesticides lors des chantiers de protection des cultures. Trois logiques étaient notamment présentées lors d’une journée spécifique sur la pulvérisation le 20 mai 2025 à Vibeuf (76). Toutes ont au moins en commun d’éviter l’application sur des parties inutiles. Les organisateurs, Alexis Villeneuve (Littoral Normand) et Gauthier Savalle (Fcuma Seine normande), expliquent : « Un objectif de la journée est de voir les nouveautés qui permettent du traitement ciblé. Le principe est d’appliquer 100 % de dose là où c’est nécessaire tout en excluant des zones où c’est inutile. » Retour sur la pulvérisation ciblée.
Des caméras sur la rampe du pulvérisateur…
Le premier applicateur trainé qui se lance dans la parcelle de maïs de démonstration est un John Deere R952i. Lui, mise sur une détection optique des adventices en direct. Toutes les deux buses, une caméra détecte la présence de vert qui déclenchera leur mise en action.
Les promoteurs de la marque précisent la possibilité d’intervenir en culture sarclée, en isolant les rangs. Ils insistent sur la régularité du résultat et les performances. Le système See & Spray fonctionne jusqu’à 12 km/h de vitesse, aujourd’hui. Avec le PowerSpray, la régulation se fait au niveau de la pompe. Ainsi, la qualité de travail est constante, quel que soit le nombre de buses ouvertes ou fermées.
Outre l’argument du prix à l’achat, Gauthier Savalle note pour sa part un inconvénient de ce principe de détection en direct : « À moins de faire un premier passage à vide, l’agriculteur n’a pas l’information de la quantité de produit nécessaire au moment de la préparation. »
… Ou sur un outil de détection spécifique
La construction préalable d’une cartographie apporte cette information qui permettra de quantifier le besoin de bouillie dès sa préparation. La démonstration illustre cette procédure avec un Kubota XTS446 qui propose une pulvérisation ciblée selon une cartographie obtenue d’un vol de drone. « Ici, on détecte le maïs et on considère que tout le reste est adventice », explique le représentant d’Abelio, fournisseur du fichier, selon qui la solution permet d’économiser « jusqu’à 80 % de produit ».
En outre, elle implique peu de sur-investissement technologique par rapport aux matériels couramment mis en service aujourd’hui. « En revanche, la détection par drone se fait à des stades plus tardifs qu’avec la caméra, nuance Gauthier Savalle. Il y a aussi l’inconvénient d’être tributaire d’un prestataire externe. »

Les technologies de détection étant en pleine évolution, « la solution d’externaliser le repérage à un droniste évite aussi à l’agriculteur d’investir dans un équipement qui risque de devenir rapidement obsolète », analyse Gauthier Savalle (©Entraid).
La pulvérisation en bandes propose déjà de multiples applications
Sans aller jusqu’à la pulvérisation localisée par détection optique, il reste possible de discriminer des zones d’application par du travail en bandes. « C’est un peu une première étape pour aller vers de la pulvérisation ciblée », confirme l’animateur cuma.
À la clef, des économies d’intrant de l’ordre d’un quart ou d’un tiers. Plusieurs marques présentes évoquent cette possibilité. Devant un UX7601 Super présenté en statique, l’argumentaire d’Amazone alerte sur le besoin de stabilité de la rampe pour réussir sa pulvérisation de précision.
Le représentant d’Horsch ajoute : « Il faut être précis dès le départ, dès l’implantation. Il faut que les lignes soient droites si l’on veut pouvoir les reprendre. »

L’équipement spécifique pour la pulvérisation en bandes représentait un surcoût d’un peu plus de 2 000 € sur cette rampe de 36 m (©Entraid).
Fertiliser ou appliquer un fongicide sur le rang ? Désherber entre les rangs, ou uniquement les rangs en complément d’un binage ? La pulvérisation en bandes offre des possibilités multiples. Là encore, moyennant un surinvestissement raisonnable par rapport aux matériels actuels du marché.
Les experts avertissent néanmoins qu’il faut consacrer un peu de temps à la réflexion pour trouver sa bonne solution.
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