Agriculture: l’Etat distribue des avances aux éleveurs en crise

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Agriculture: l’Etat distribue des avances aux éleveurs en crise

Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture.

Dans un contexte toujours tendu pour le monde rural en crise, Stéphane Le Foll a annoncé vendredi le versement rapide d'une série d'aides destinées à soulager producteurs laitiers et éleveurs bovins.

Après un plan de soutien à l’élevage adopté en juillet 2015 et la présentation le 4 octobre dernier par Manuel Valls et son ministre de l’Agriculture d’un plan d’aide aux céréaliers touchés par une météo défavorable, M. Le Foll a tenté une nouvelle fois vendredi d’endiguer la défiance du monde paysan. Une aide exceptionnelle supplémentaire de 1.000 euros sera ainsi versée en décembre à quelque 23.000 producteurs laitiers en difficulté. « L’enveloppe globale de l’aide s’élève à 23 millions d’euros« , a déclaré le ministre à la presse. « On complètera en fonction de la situation en début d’année prochaine », a-t-il ajouté. Selon la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL), cette enveloppe « provient du plan de soutien annoncé par la Commission européenne en juillet ».

Elle s’accompagne d’un autre soutien financier aux éleveurs bovins, afin de soutenir le marché de la viande, qui lui aussi a plongé cette année. Les éleveurs recevront 150 euros par jeune bovin mâle de race à viande ou mixte, de moins de 360 kilos, abattu et commercialisé en janvier ou février 2017. « Il s’agit d’une mesure de maîtrise de la production », a déclaré le ministre, souhaitant ainsi limiter la quantité de viande mise sur le marché et soutenir les cours. Aucune enveloppe globale n’a été annoncée pour ce deuxième volet. « On adaptera en fonction du nombre d’agriculteurs qui la sollicitent », a dit le ministre. Ces mesures font suite à la crise de l’élevage qui a éclaté en 2015 alors que les cours du lait s’effondraient, et que les éleveurs n’arrivaient plus à couvrir leurs coûts de production par la vente de leur lait aux coopératives, déclenchant des frondes paysannes contre les géants du secteur Lactalis ou Sodiaal. « On ne va pas refuser une aide de trésorerie« , a réagi Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, mais « moi, ce que je souhaite, c’est qu’on se concentre sur le prix du lait ». « Ça touche tous les producteurs. Aujourd’hui, on sait que la Commission (européenne) risque d’annoncer la semaine prochaine une remise sur le marché de 25.000 tonnes de poudre, c’est trop tôt! »

Plan de reconversion

Dans un communiqué, la FNSEA (syndicat majoritaire) et le syndicat des Jeunes Agriculteurs (JA) ont salué l’annonce dans le même temps du versement d’une nouvelle tranche de la PAC d’un milliard d’euros. Mais ils ont surtout exhorté l’Etat à « surmonter les problèmes techniques et informatiques » de l’administration française qui débouchent sur des retards de paiement inédits, et des difficultés de trésorerie en cascade chez les agriculteurs. Les deux syndicats ont réaffirmé leur volonté de manifester mardi prochain, notamment devant le ministère de l’Agriculture. La situation des éleveurs reste très critique et préoccupante en France. Selon la sécurité sociale des agriculteurs (MSA), plus de 30% des exploitants ont déclaré des revenus inférieurs à 350 euros par mois en 2015, et ce chiffre devrait passer à 60% en 2016. Les appels à l’aide se multiplient. La permanence de prévention du suicide Agri’écoutes a ainsi reçu 1.700 appels au premier semestre, soit une moyenne de 285 appels par mois contre une centaine par mois un an plus tôt. De nombreux paysans risquent de devoir mettre la clé sous la porte dans les prochains mois dans un vaste plan social qui ne dit pas son nom. Vendredi, le ministre a d’ailleurs annoncé la signature d’un accord avec le fonds d’assurance Vivéa et Pôle Emploi « visant à accompagner et former les chefs d’exploitation dans leurs reconversions et transitions professionnelles ». Aux critiques du patron de la FNSEA, qui a accusé la semaine dernière l’administration de « torpiller » le plan d’aide annoncé en octobre, le ministre a simplement rétorqué que la négociation « se passe actuellement au niveau des banques ».

Paris, 18 nov 2016 (AFP)