Christian Colmagne, trésorier de la cuma La Fourragère dans le Jura, revient, pour Entraid Médias, sur la situation des agriculteurs de son secteur face à la DNC. L’entraide et la solidarité s’organise.
DNC : abattage chez trois adhérents de cuma dans le Jura
« Notre cuma, basée à Cramans s’est trouvée au beau milieu de la zone affectée par la DNC cet été », raconte Christian Colmagne, trésorier de la cuma La Fourragère dans le Jura.
« Trois exploitations adhérentes de la cuma, situées à Ecleux, ont vu la quasi-totalité de leur troupeau être abattue. S’il reste dix vaches laitières et quelques jeunes bovins dans ces élevages, c’est le maximum, » note-t-il.
« Un coup dur pour les adhérents. D’autant que depuis, ils se sont retrouvés dans la zone où d’autres élevages ont été détectés, rallongeant la période de vide sanitaire. Ils pourraient recevoir de nouveaux bovins d’ici mi-janvier 2026. »
Report des factures et achat de pot trayeur en soutien aux agriculteurs affectés par la DNC
Les troupeaux de sept départements du Sud-Ouest devront être vaccinés de manière obligatoire contre la DNC. (©Entraid)
Christian Colmagne explique les actions mises en place pour aider les agriculteurs touchés. « Forcément, nous avons voulu montrer notre solidarité au titre de la cuma. Lors de l’AG du 9 décembre 2025, nous avons décidé de leur accorder un délai supplémentaire de paiement de leurs factures. C’est le moins que l’on puisse faire. Même s’ils ne nous ont rien demandé, on avait besoin de les aider », poursuit Christian Colmagne.
« La cuma a également acheté un pot trayeur pour permettre à tous les adhérents de traire leurs vaches dans les prairies et ainsi éviter un regroupement de bovins dans les étables. Un adhérent de la Cuma a aussi profité d’un prêt de cage de contention provenant de la Cuma des Forts dans le Doubs. »
« Ce sont des échanges entre Cuma qui facilitent les soins« , analyse Christian Colmagne. « Car quand on élève des vaches laitières, c’est facile de les attraper pour les vacciner, mais lorsque ce sont des vaches allaitantes de race un peu sauvage, une cage de contention est nécessaire. »
« Outre ces petites actions provenant de la cuma, l’entraide s’est aussi manifestée par l’organisation de dîners de solidarité organisés par les comités des fêtes de villages voisins. Dans le but d’aider les éleveurs touchés par la DNC. C’est une situation difficile. »
« Ça fait souffrir les gens »
« Mais la situation diffère selon l’état de fatigue des éleveurs. Ceux qui ont la tête dans le guidon, des difficultés financières, relationnelles ou d’organisation accusent davantage le coup. Ça fait souffrir les gens. Finalement, les éleveurs qui ont des responsabilités, des ouvertures s’en sortent mieux et arrivent à se projeter. »
Si les trois élevages de la cuma ont accepté la décision d’abattre tout le troupeau sans grogne. Ce n’est pas le cas d’un élevage situé non loin, à Pouilley. Là, les agriculteurs se sont regroupés pour manifester leur mécontentement, leur solidarité et exprimer leur aberration. Ça a mis le feu dans les campagnes.
Mais, avec le recul, nous avons appris que cet élevage n’avait pas suivi les recommandations indiquées par les vétérinaires.
Depuis, les évènements semblent s’être calmés mais la période d’incubation est longue. On reste vigilants. Pour le moment, la seule contrainte de cette situation est que nous avons davantage de vaches de réforme et de veaux dans nos bâtiments.
Pour les sortir, il faut que d’autres élevages dans notre zone soient intéressés. Or, tout le monde subit une surpopulation. Alors on envoie nos bêtes à l’abattoir, même si elles ne sont pas assez grosses. »
Une forte émotion en Ariège
À l’occasion de ses 60 ans d’existence, la fédération des cuma Haute-Garonne-Ariège a organisé son assemblée générale, vendredi 12 décembre 2025 à Carbonne. Un évènement célébré dans une atmosphère riche en émotion. Et marquée par la tension entre les forces de l’ordre et les agriculteurs dans le cadre d’un abattage sanitaire lié à la DNC à proximité.
Accueillis à la sortie de l’autoroute par des cars de CRS et un hélicoptère, c’est la tristesse et le volontarisme des participants qui se sont mélangés lors de cette rencontre. Les nombreux intervenants et partenaires présents ont exprimé l’importance pour les agriculteurs de multiplier les projets en commun et les échanges dans ce contexte.
Le président de la Fédération, Alain Barbe, a rendu hommage aux éleveurs. « Par le maintien de notre assemblée aujourd’hui, nous réaffirmons l’importance de se rencontrer, de se serrer les coudes, de ne pas rester seul face à ses craintes et ses difficultés. On ne peut pas imaginer faire la fête comme nous l’avions prévu », a-t-il posé.
Le maire de Carbonne, Denis Turrel, a appuyé le propos : « On est capable de s’entendre même quand on n’est pas d’accord. Même quand on partage pas les mêmes idées politiques pour trouver des solutions qui bénéficient à nos concitoyens. On comprend mal qu’à d’autres moments d’un seul coup, il n’y ait pas cette capacité à se poser ensemble pour trouver des solutions qui vont aux uns et aux autres. »
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
![[DNC] Vaccination obligatoire dans 7 départements d’Occitanie et de Nouvelle-Aquitaine](https://www.entraid.com/wp-content/uploads/2025/12/vaches_cuma_sainte_suzanne_ariege-350x233.jpg)
