Comment réduire les émissions de particules fines avec son tracteur ?

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Comment réduire les émissions de particules fines avec son tracteur ?

Les résultats des essais montrent des réglages capables de baisser la consommation et les rejets de particules fines tout en augmentant le débit de chantier. (©Frcuma NA)

Réduire les émissions de particules fines, la consommation de carburant au travail du sol, tout en maintenant une bonne performance agronomique.

Les fédérations de cuma de Nouvelle-Aquitaine poursuivent leurs essais sur la réduction de la consommation de carburant et des rejets de particules fines au travail du sol. Elles publient les premiers résultats.

Les cuma luttent contre les particules fines

Les fédérations de cuma néoaquitaines relèvent le défi. Elles poursuivent les essais dans le cadre du projet Sprépana (sensibilisation pour réduire les émissions de particules fines agricoles en Nouvelle-Aquitaine).

Ce projet est soutenu par l’Ademe. Il faut savoir aussi que la Nouvelle-Aquitaine, première région agricole d’Europe, concentre à elle seule près de 11 % des émissions nationales de particules fines (PM2,5).

Moins d'émissions de particules fines à 12 km/h.

À 1 500 tr/min, la consommation de carburant ainsi que les émissions baissent plus à 12 km/h qu’à 10 km/h. (©Entraid)

En 2018, 2 850 tonnes provenaient du secteur agricole. Ces particules ne viennent pas uniquement des moteurs : elles sont aussi liées au travail du sol, à l’abrasion des pneumatiques et des freins, ou encore à la remise en suspension de la poussière dans l’air.

Dans un contexte où la performance énergétique et la transition agroécologique deviennent des priorités, le réseau cuma de Nouvelle-Aquitaine se mobilise autour de ce projet. “Nos agriculteurs veulent agir, mais il faut des données concrètes, issues de leurs pratiques, résume Marion Enard, chargée de mission agroéquipement, agroécologie à la frcuma Nouvelle-Aquitaine. Sprépana vise à proposer des solutions simples et efficaces”.

Mesurer, comprendre et sensibiliser sur les particules fines

Coordonné par la frcuma Nouvelle-Aquitaine avec l’appui de six fédérations de proximité, le projet Sprépana repose sur trois grands axes.

D’abord mesurer consommation de carburant et rejet de PM2,5. Grâce à des passages au banc d’essai moteur et à des boîtiers connectés, les performances réelles des tracteurs sont analysées pour identifier les marges d’optimisation.

Ensuite, tester pour comprendre : sur le terrain, des essais sont réalisés avec différentes cuma. Il s’agit de relier les réglages du couple tracteur-outil (vitesse d’avancement, régime moteur, profondeur de travail) à la consommation de carburant.

Enfin, sensibiliser. Les résultats sont partagés lors de journées techniques, salons et formations, pour encourager à l’écoconduite et au réglage fin des matériels. Le réseau cuma de Nouvelle-Aquitaine bénéficie de partenariats techniques. Top Machine Aquitaine, spécialiste des diagnostics moteur, et la chambre régionale d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine (Crana) ont prêté main-forte sur la partie essais et bancs moteur.

Premiers essais terrain dans les Deux-Sèvres

Les premiers essais de terrain se sont déroulés en été 2024, avec la cuma de l’Epron de Surimeau, à Échiré (Deux-Sèvres). Objectif : trouver le bon compromis entre efficacité agronomique et sobriété énergétique.

Nous avons comparé trois types d’outils :

  • un déchaumeur à disques (Lemken Rubin 10) ;
  • un déchaumeur à dents (Lemken Karat 10) ;
  • un déchaumeur à disques superficiel (Lemken Héliodor).

Chaque ensemble tracteur-outil a été testé à plusieurs vitesses (de 10 à 14 km/h) et régimes moteur (1200, et de 1500 à 2000 tr/min) et à différentes profondeurs de travail (de 5 à 9 cm). Des boîtiers connectés Samsys ont enregistré en continu la consommation et la vitesse d’avancement.

Evaluation du profil du sol travaillé au Rubin

Pour chaque modalité, en plus des consommations et émissions, les animateurs agroéquipements ont évalué la qualité agronomique du déchaumage. (©Frcuma NA)

En parallèle, des analyses de sol et des mesures de compaction ont permis d’évaluer l’état agronomique des parcelles. Les conditions particulièrement sèches de l’été ont limité la variation des profondeurs, mais les résultats sont riches d’enseignements.

Les données recueillies confirment une tendance déjà observée sur d’autres projets du réseau. Il existe en effet un couple régime moteur/vitesse idéal pour lequel la consommation de carburant est moindre.

Consommer moins tout en augmentant le débit de chantier !

Ainsi, pour le déchaumeur à disques, la consommation moyenne passait de 5,45 l/ha à 4,95 l/ha. Alors qu’à 1 500 tr/min la vitesse augmentait de 10 à 12 km/h.

Et, si l’on compare la consommation de carburant pour une vitesse moyenne de 12 km/h, elle augmentait de 10 % lorsque l’on travaille à régime moteur de 1 800 tr/min par rapport à 1 500 tr/min.

Mais la bonne nouvelle, c’est qu’une marge d’économie de 10 à 15 % est accessible simplement en adaptant les réglages.

Moins de particules fines à 1 500 tr/min

Travailler à 1 500 tr/min plutôt qu’à 1 800 ou 2 000 tr/min, quand c’est possible, réduit nettement la consommation sans perdre en débit de chantier. Qui dit économie de carburant, dit également moindre émission de particules fines. Car près de 4 % de particules en moins sont émises à 1 500 tr/min. Soit une économie de 3 000 g/an (pour 1 000 heures de travail et une exploitation de 100 ha).

Ces premiers résultats confortent l’importance du réglage tracteur-outil et de la formation à l’éco-conduite. En optimisant le régime moteur, la vitesse d’avancement et la profondeur de travail, les agriculteurs peuvent réduire leurs dépenses énergétiques tout en limitant les émissions de particules.

Des résultats prometteurs avant de prochains essais

D’autres économies sont possibles. Par exemple en adaptant mieux la puissance et le poids du tracteur au besoin réel demandé par l’outil en traction. Le poids élevé de certains tracteurs ou l’alourdissement disproportionné n’est pas favorable aux économies de carburant. De même sur la liaison tracteur/outil, où de nombreux paramètres sont à prendre en compte. Au-delà des chiffres, Sprépana démontre l’importance du travail collectif en cuma.

Mutualiser les outils, échanger sur les réglages et tester ensemble permet d’avancer plus vite vers une agriculture sobre et performante. D’autres essais ont eu lieu en 2025 et d’autres viendront en 2026. Ils intégreront de nouveaux capteurs de traction et des passages au banc d’essai moteur. Les résultats serviront à construire des références régionales et des outils de sensibilisation pour les groupes d’agriculteurs. “Les agriculteurs ont tout intérêt à maîtriser parfaitement leurs équipements. Cette expertise se révèle bénéfique tant sur le plan économique que pour la durabilité du matériel et la qualité de l’air”, conclut Marion Enard.

Les éléments à retenir sur les particules fines

Avec un tracteur John Deere 6190 et un déchaumeur à disques indépendants Lemken Rubin travaillant à 5 cm de profondeur

* À 1 500 tr/min, le John Deere 6190 roulant à 12 km/h consomme 10 % de carburant en moins qu’à 10 km/h (4,94 l/ha contre 5,45 l/ha). Sur 10 ha, cela représente une économie de 5,1 l de carburant et un gain de 26 minutes.

* La modalité 12 km/h – 1 500 tr/min apparaît comme le meilleur compromis entre économie de carburant et performance de chantier. Dans ces conditions, le John Deere 6190 émet 0,74 g/h de particules fines. En roulant à la même vitesse (12 km/h) mais à 1 800 tr/min, les émissions augmentent légèrement, à 0,77 g/h (+ 0,03 g/h). Sur une utilisation de 650 h/an, cela économise 19,5 g de particules fines.

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

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