Drôle d’époque ma poule !

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Drôle d’époque ma poule !

La grippe aviaire fait son retour dans élevages de volaille français. - crédit: Pixabay

De nombreux sujets d'actualité préoccupent les agriculteurs. Qu'ils soient éleveurs ou cultivateurs, les prochains mois s'annoncent un peu moroses et pour le moment, il leur est difficile d'anticiper leur adaptation. Le point.

On ne voudrait pas filer le bourdon aux agriculteurs, mais on ne peut plus le cacher, la conjoncture agricole et économique est loin d’être au beau fixe. Plusieurs sujets préoccupent les agriculteurs et éleveurs.

Conjoncture agricole et économique, personne n’est épargné

Pour les éleveurs, français, c’est la crise sanitaire qui touche notre pays qui les mène dans la tourmente. Comme si tout ne pouvait pas aller, pour une fois ! En effet, le pays et notamment l’est de la France connait un épisode significatif de la dermatose nodulaire contagieuse des bovins. « La situation est préoccupante, reconnaît Arnaud Delestre, vice-président des chambres d’agriculture. Mais les réponses sont efficaces, même si on le reconnaît, elles sont difficiles à vivre pour les éleveurs comme pour leur entourage. »

On compte 101 foyers recensés depuis fin juin 2025, la grande majorité dans les Savoie. Cependant, les mesures d’exterminations font leur œuvre. Le nombre de cas semble décroitre les semaines suivantes et la vaccination fonctionne. Les indemnisations pour compenser les pertes directes semblent être bien prises en compte.

En revanche, aucune aide n’est prévue pour les pertes indirectes. « Or, celles-ci permettraient de repeupler au plus vite les élevages et ainsi limiter les importations de viande », fait remarquer l’élu.

C’est reparti pour un tour

Autre dossier, l’influenza aviaire, qui comme chaque fin d’année fait son retour… avec la migration des oiseaux. Pour le moment, 18 élevages sont concernés, mais l’épidémie est en pleine progression. « Crise après crise, on apprend à gérer les modes opératoires, avoue Sébastien Windsor, président des chambres d’agriculture. Il est important d’éradiquer la maladie, mais aussi d’évaluer les coûts du repeuplement, de la vaccination et des pertes dans les indemnisations. » Tout comme l’énergie et les fonds nécessaires au redémarrage de l’élevage. Sans parler de l’accord UE-Mercosur qui risque de pénaliser les productions animales françaises en les rendant moins compétitives.

Chez les céréaliers, les prix de vente ne décollent pas. « C’est le calme plat, lance un opérateur. Parfois, on remarque quelques sursauts et variations de +15 ou – 15 €/t. Mais rien de plus. » Des variations qui stimulent les opérateurs, mais pas les agriculteurs. « Des ventes se réalisent tout de même avec le double de marchandise exporté par rapport à 2024 », précise Habasse Diagouraga, chargé d’études économiques sur le marché français des céréales chez FranceAgriMer.

Certains bateaux quittent les ports français pour le Maroc, l’Égypte ou les pays européens.

Petite récolte de maïs

En maïs, les récoltes sont quasiment terminées et les rendements pâtissent du temps chaud. « Autour de la mer Noire et en Europe centrale, les récoltes sont désastreuses, explique Jean Jacquez, chargé d’études économiques sur le marché européen des céréales chez FranceAgriMer. Si bien que certains pays comme la Bulgarie risque de délaisser le maïs en faveur des céréales à paille. » De quoi déséquilibrer le marché des céréales en 2026. Si les prix du maïs ne sont pas au rendez-vous, les exportations françaises restent toutefois dynamiques.

Le blé et l’orge français risquent d’être très concurrencés ces prochains mois. Les conditions de culture sont favorables sur toutes les zones du globe malgré des retards de semis en Chine et Ukraine. Dans l’hémisphère sud, les rendements sont attendus en hausse. « On s’attend à des productions record en maïs, blé et orge dans chacun des grands bassins de production. »

Conjoncture agricole et économique, la filière betterave asphyxiée

Il n’y a pas que les céréaliers qui broient du noir, les betteraviers également. Les prix de rachat de la betterave sont encore attendus, mais ils ne se font pas d’illusion, les coûts de production risquent, dans certains secteurs, de ne pas être comblés. La filière a estimé un coût de production autour dès 2 800 €/ha, moins qu’en 2023, mais supérieurs de 300 euros par rapport à la moyenne quinquennale.

Ce qui plombe ces coûts, ce sont les interventions lors du développement des plantes : désherbages, insecticides, fongicides et engrais. La marge qui, chaque année, diminue après un record en 2023 est estimée à 367 €/ha pour l’année 2024. Qu’en sera-t-il de 2025 ? Mystère… « Mais il faut bien avoir en tête que les 100 000 tonnes de sucre, importé d’Ukraine, pèse sur le marché », souligne Jean-Rémy Vanderhaeghe, administrateur à la CGB Nord-Pas-de-Calais.

Une taxe pour achever l’agriculture française ?

C’est sans parler des engrais. En effet, la taxe en pourparlers, prête à être activée en janvier 2026 pèse sur le marché. « Les prix des engrais mondiaux progressent en même temps que ceux européens, s’inquiète Benoît Piètrement, agriculteur et président du conseil spécialisé “Grandes cultures” de FranceAgriMer. Il n’y a pas d’importations puisque personne ne veut prendre de risques de payer des taxes. Il faudrait accompagner les projets de décarbonation plutôt que taxer. »

Avec une telle conjoncture, on risque de voir des abandons de cultures très demandeuses en engrais.

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