Dans le brouillard automnal bien connu des plaines du nord se dessine un chantier d’arrachage de betteraves. L’arracheuse, une Holmer Terra Dos T4.30 surplombe la parcelle de betteraves de Jean-Rémy Vanderhaeghe. Lui, il est dans son tracteur attelé à la benne pour faciliter le chantier et ainsi aller plus vite. Les chantiers d’arrachages de betteraves 2025 battent leur plein.
Arrachages betteraves 2025, de bons rendements
En ce vendredi de novembre 2025, c’est la dernière parcelle que l’agriculteur doit récolter. Pour se faciliter la tâche, il a inséré dans l’une de ses parcelles, un demi hectare de betteraves fourragères pour les 20 vaches allaitantes que sa compagne élève. « C’est le même itinéraire technique, explique-t-il. C’est donc plus simple. Et comme elle n’a pas accès aux pulpes de betteraves, c’est une manière de proposer un aliment nutritif et peu cher. » D’autant que cette année, les racines sont énormes. Peu riches, avec ce type de betteraves, il est facile de faire de bons rendements. La plante est plus rustique donc moins malade et résiste mieux à la concurrence.
« Mais moi, je fais du sucre », interpelle l’agriculteur. Alors revenons à nos moutons. Les dix hectares que Jean-Rémy Vanderhaghe cultive sont arrachés pendant deux périodes. Les premiers arrachages début octobre ont été satisfaisants, mais pas exceptionnels. « Le rendement était de 94 T/ha, c’est la moyenne, estime l’agriculteur. C’est le taux de richesse qui est plus inhabituel, avec 19.7 %. C’était dans une parcelle sableuse avec des variétés tardives. Ce n’était pas prévu de les arracher si tôt. »
Pour ce jour, Jean-Rémy Vanderhaghe a l’air surpris de la taille de ses betteraves. « Je ne m’attendais pas à ce qu’elles soient si grosses, avoue-t-il. On verra les résultats lorsque l’usine viendra les enlever. Mi-décembre normalement. »
Des conditions d’arrachages de betteraves 2025 idéales
Mais une chose est sûre, il y aura peu de tare terre. Les conditions d’arrachage sont idéales en ce début novembre 2025. « Je n’ai jamais mis les pieds dans cette parcelle aussi tardivement, en novembre », lance stupéfait l’agriculteur. Pas de problème de tassement des sols donc. C’est bien parce que depuis plus de six mois, l’eau a fait défaut. Jean-Rémy Vanderhaghe, qui a rendu la totalité de son exploitation irrigable, a arrosé ses betteraves après leur levée. « 25 millimètres pour le permettre de poursuivre leur développement, explique-t-il. Indispensable dans les sables. Mais aussi pour rendre le désherbage plus efficace. »
Car ses betteraves, il les a chouchoutées. Deux insecticides, trois désherbants et trois fongicides. Pour un résultat qui reste peu satisfaisant aux yeux de ce betteravier. « Mes champs de betteraves sont sales, regrette-t-il. D’habitude, je réussis mieux mes désherbages. J’ai pourtant enlevé mes betteraves montées à la main et passé quelques coups de binette par-ci par-là. »
Le temps sec n’a pas aidé à rendre les désherbants chimiques aussi efficaces que prévu. Pourtant, l’agriculteur a, à sa disposition, via sa cuma, une bineuse. « Une Steketee qui a cinq ans avec guidage par caméra, explique-t-il. Mais elle n’est pas efficace. Plus personne ne l’utilise et c’est impossible de la revendre. Alors, on la laisse prendre la poussière en attendant qu’elle soit amortie. »
Les pucerons et la jaunisse en invité
Quant aux pucerons et maladies, le betteravier n’a pas été épargné. « Il y a eu des vols de pucerons lorsque j’étais en pleins travaux des champs, reconnaît Jean-Rémy Vanderhaghe qui produit également des légumes d’industrie, du lin et des pommes de terre. J’ai essayé de les endiguer, mais j’aurai dû appliquer un troisième insecticide. J’ai aussi sous-estimé le problème. » Résultat, on peut constater des tâches de jaunisse dans sa parcelle. L’agriculteur avait pourtant bien accès auparavant aux semences traitées aux néonicotinoïdes, « mais de toute façon, on n’a plus de dérogation et ça ne convenait pas dans ma rotation. »
Un choix de prioriser ses autres cultures, plus rémunératrices, mais aussi dans son ambition de réduire ses traitements. « J’ai été certifié HVE 3, se souvient l’agriculteur. J’avais réussi à réduire significativement mes indices de fréquence de traitement (IFT). Mais ce n’était que provisoire. Mes parcelles étaient devenues sales et en la matière, sur le long terme, c’est un cercle vicieux. Alors, j’ai laissé tomber. D’autant que je ne le valorisais pas dans mes prix de vente. »
Des betteraves rémunératrices ?
Des interventions qui ont un coût. Mais qui risque de combler de peu le prix de vente. « On ne nous a pas encore annoncé le prix d’achat de nos betteraves, annonce Jean-Rémy Vanderhaghe qui livre ses betteraves chez Tereos. Cela dépendra du déroulement de la campagne et des usines. On entend des prix autour de 30 €/t. » Pas suffisant pour les betteraviers qui subissent de plein fouet la concurrence du sucre ukrainien importé.
Toutefois, il l’avoue, « j’ai tout de même le moral. Nous avons de bons potentiels, c’est l’une des raisons. Mais il faut avouer que le contexte économique n’est pas favorable. Aucune culture n’apporte satisfaction. Les prix sont bas et les charges continuent d’augmenter. »
L’agriculteur pense à réduire un peu ses surfaces de betteraves l’année prochaine, mais pas dans l’ordre de grandeur demandé par la filière. En effet, celle-ci préconise une réduction de 15 %. « Oui, mais j’ai toujours conservé la même quantité de betteraves sur mon exploitation, ajoute-t-il. Que l’année soit bonne ou mauvaise ! »
Des arrachages de betteraves 2025 à la cool
Pendant, ce temps, le tas de betteraves en bord de route s’allonge. Il faut qu’il soit bien nivelé, car il sera bâché d’ici à quelques semaines afin que les betteraves se conservent mieux. Avec son tracteur et sa benne de 24 tonnes, le chantier avance vite. Près d’un hectare par heure. « Les agriculteurs sont zen cette année, remarque le chauffeur de l’arracheuse, non pas mécontent. Nous avons le planning des enlèvements des betteraves. Les agriculteurs attendent le dernier moment pour arracher. » Il faut dire qu’avec les températures aussi douces, chaque jour permettait à la betterave de grossir de près d’une tonne supplémentaire. Mais mi-novembre, les plantes sont arrivées à leur optimum. Pour le moment, la moitié des surfaces est récoltée.
Tellement cool que seules trois machines de l’ETA sur quatre tournent. Chacune a prévu d’arracher 500 ha de betteraves, chicorées et navets. La quatrième est là pour venir combler les besoins ou assurer les chantiers quand les conditions sont mauvaises. « C’est une bonne machine, reconnaît le chauffeur. Elle est simple d’utilisation. Je règle à chaque parcelle le scalpage, la profondeur d’arrachage et le nettoyage des betteraves depuis ma cabine. Je n’en voudrai pas une autre ! »
Toujours penser aux adventices
Le chantier se poursuit encore pour quelques heures tandis que le soleil vient s’imposer face au brouillard. Une journée idéale pour les chantiers de récolte.
« Je vais labourer et semer du blé dès que l’arracheuse sera partie, envisage Jean-Rémy Vanderhaghe. C’est dommage, la structure est assez bonne pour me passer d’un labour, mais la parcelle est trop sale. »
Décidément, ces mauvaises herbes ont toujours raison des agriculteurs.
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