Lorsqu’on parle de couverts végétaux, on évoque souvent les avantages et inconvénients des mélanges. Mais sait-on réellement comment se comportent les espèces seules ? Comment choisir la bonne variété de trèfle lorsqu’il y en a douze différentes ? C’est ce qu’essaye de mettre en évidence la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais via une vitrine variétale. L’occasion de sensibiliser les agriculteurs à l’importance de choisir sa variété de trèfle. Justine Leborgne, apprentie et responsable de cet essai, nous fait visiter.
Il existe six espèces de trèfles et au moins douze variétés, comment l’agriculteur peut s’en sortir parmi tout ce choix ?
Avoir conscience de toute cette offre, c’est déjà bien ! Si en blé, on regarde les variétés, alors pourquoi pas en trèfle ? Car, on le remarque, selon les espèces, leur vigueur ou leur adaptation à leur environnement ou aux conditions pédoclimatiques sont différentes.
Avant, de choisir la variété de trèfle, l’agriculteur doit avoir en tête son objectif. Comment veut-il valoriser son trèfle ? Est-ce pour un couvert et pour apporter de l’azote au sol, ou pour récolter un fourrage, ou de la biomasse ? Est-ce qu’il veut implanter une prairie ? Selon sa réponse, il se dirigera vers une espèce plus propice à ses besoins.
Pour un couvert alors ?
S’il veut apporter de la matière organique et de l’azote dans son sol via un couvert végétal, l’agriculteur devra se tourner vers une variété qui ne se laisse pas étouffer par les adventices ou une autre espèce. Le trèfle doit avoir une bonne vigueur au démarrage.
Pour cela, un trèfle incarnat semble correspondre. Mais attention à la variété. La Bolsena par exemple, n’a pas du tout pris le dessus dans notre essai. Ou sinon, la Micheli Border qui tire bien son épingle du jeu. Mais dans ce type de choix, il faut être précis. Sans oublier d’implanter les plantes au bon moment et à la bonne dose. Il faudra aussi jeter un œil sur l’azote pigé par la plante et la restitution possible.
Et si on veut obtenir des fourrages de qualité ?
Là, il faudra examiner les paramètres des variétés. Mais il faut implanter un trèfle qui n’est pas gélif. C’est le cas du trèfle d’Alexandrie Frosty, par exemple.
Toutefois, d’autres espèces obtiennent un taux de matières sèches plus élevé ou piègent davantage d’azote. Il faut être vigilant dans ce cas à obtenir une bonne quantité de matière sèche, mais disponible pour les animaux afin de la transformer en valeurs énergétiques.
Il y a un toujours aspect économique dans le choix des variétés de trèfle, l’avez-vous pris en compte ?
Ici, l’objectif était de comparer les variétés entre elles, surtout d’un point de vue visuel.
Toutefois, le prix des semences est un paramètre à prendre en compte. Cela peut aller du simple 3,90 €/kg au quasiment le double, jusqu’à plus de 7 €/kg. D’autant que certaines espèces sont disponibles uniquement en mélange.
Cependant, il faut relativiser et comparer selon la dose à apporter qui peut, elle aussi, passer du simple au double.
Comment s’est déroulé l’essai que vous présentez ?
Nous avons implanté douze micro parcelles de douze variétés de trèfles différentes. Les semis ont été effectués dans de bonnes conditions, fin août 2025, entre deux précipitations. La parcelle avait accueilli de l’escourgeon et il y a eu deux déchaumages auparavant. Le but des agriculteurs exploitants de cette parcelle est de faire de l’ensilage de couvert au printemps 2026. Ce sont des éleveurs qui apportent souvent de la matière organique, le sol est donc déjà riche en azote.
Nous avons donc implanté les variétés de trèfles, selon les densités de semis préconisées par les semenciers. Nous avons observé et comptabilisé leur vigueur et leur manière de prendre le dessus sur les repousses d’escourgeons et adventices. Puis, avec la méthode Merci, nous avons estimé la quantité de matière sèche présente en ce milieu d’automne, ainsi que la quantité d’azote absorbée et potentiellement restituée.
Qu’en ressortez-vous ?
Il y a de belles surprises. Par exemple, pour le trèfle Micheli. Il y a une variété, la Border qui semble prendre beaucoup plus le dessus sur les graminées, avec seulement 23 % de repousses constatées.
Alors que la variété Fixation, de la même espèce, qui s’est laissée envahir par les graminées. Pourtant, les modalités de semis sont les mêmes. Et les deux parcelles à côté. De là en découle la quantité de matière sèche moindre à cause de l’étouffement des plantes, mais aussi au niveau des taux d’azote piégé et restitué.
Quelles sont les limites de cette vitrine variétale présentée ?
D’abord, la date de présentation et d’analyse. Nous ne sommes qu’au début du cycle de végétation du trèfle. L’idéal serait de faire les mêmes mesures au printemps, avant la fauche, mais aussi les deux prochaines années. À voir si on va poursuivre l’essai.
Ensuite, il y a les mesures de l’azote. Nous avons utilisé la méthode Merci (méthode d’estimation et restitutions des cultures intermédiaires) qui reste approximative. En effet, elle ne répertorie pas toutes les variétés de trèfles.
Et enfin, nous n’avons aucune données et références sur la symbiose et la fixation de l’azote par les nodosités. C’est encore en état de recherche.
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