À 36 ans, Marine Boyer, présidente de la Fédération nationale des cuma, est installée avec son compagnon Loïc en Gaec, dans le secteur de Labastide l’Evêque en Aveyron. Elle a déjà un parcours bien rempli.
Le voyage au Canada, un changement de vie
Informaticienne de formation, elle s’est installée après un premier parcours professionnel et un voyage au Canada qui a changé sa vie.
Pour Entraid, elle explique pourquoi elle s’est présentée à la présidence de la Fédération nationale des cuma. Mais aussi les revendications qu’elle porte :
- le crédit d’impôt mécanisation collective ;
- l’organisation d’un Varenne de la mécanisation agricole.
Informaticienne de formation
Après un début de carrière en tant qu’informaticienne, dans une entreprise de métallurgie de la périphérie toulousaine, elle décide avec son compagnon de s’envoler pour le Canada.
Un voyage qui change complètement la donne pour les deux jeunes Aveyronnais. « Les Canadiens ont une vision très différente des Français », raconte-t-elle.
« Mon plan initial était de trouver un job dans l’informatique là-bas. Lors du premier entretien, le chef d’entreprise me dit « Vous avez un profil parfait pour ce poste. Mais franchement, il faut que vous fassiez autre chose, ouvrez-vous l’esprit ! Ne vous mettez pas dans ce poste que je vous propose ».
L’installation de Marine Boyer, avec les cuma naturellement
« Un manager français m’aurait dit « Je vous rappellerai » sans le faire ! On a donc écouté ce monsieur, » se remémore-t-elle. Les deux jeunes gens travaillent dans le secteur de l’événementiel, dans des festivals culturels, de la billetterie.
« Nous devions rester six mois. Nous sommes restés un an, et au retour notre décision était prise : plus jamais nous ne nous contraindrions à un travail, une vie qu’on ne voulait pas. Ce que je voulais, c’est être dans la nature, avec des animaux ».

Marine Boyer sur son exploitation. (© Entraid Médias)
Le projet d’installation prend forme. Marine Boyer et Loïc sont tous deux enfants d’agriculteurs. « Nos pères étaient engagés, dans les cuma comme au Conseil municipal. Mais ils étaient bien sûr sur deux fermes distinctes, en élevage bovin viande. »
« On a tout mécanisé »
Le projet prend donc forme, avec les incertitudes liées au remodelage de deux exploitations agricoles.
Même si la coopération et le collectif font partie du « package », les interrogations sont celles de bien des jeunes agriculteurs : « quel projet d’entreprise ? Arrivera-t-on à sortir deux salaires ? »
« Mon père avait 30 vaches sur 35 ha. Il faisait tout à la main. On est passé sur toute autre chose, on a tout mécanisé. On porte désormais un Gaec sur 2 sites, sur 135 ha au total et 90 mères limousines, des broutards, » résume Marine Boyer.
Le Gaec adhère à 5 cuma, reflétant à la fois le dynamisme des collectifs aveyronnais et l’implication de Marine Boyer dans toutes les formes de collectifs.
« Je suis rapidement devenue trésorière de ma cuma. Comme on a deux sites, il y a une autre cuma locale à laquelle l’exploitation adhère. »
« Il y a aussi l’intercuma pour le bois-énergie, la désileuse, le retourneur d’andains…. Une autre est dédiée au service moisson, et enfin, nous avons créé localement une cuma qui permet de centraliser les salariés, à la fois pour avoir accès à des compétences différentes, mais aussi en cas de pépin, avec des salariés qui connaissent déjà bien les exploitations. »
Marine Boyer, porte-étendard des cuma: « la ruralité peut être dynamique, si on y contribue »
« On a une chance immense que nos deux papas aient été en cuma. Mais tout était logique! », poursuit Marine Boyer, qui souligne la particularité du territoire aveyronnais.
« On m’a toujours appris que la ruralité peut être dynamique, si on participe à ce dynamisme. Ici, il y a dans les villages des associations et des personnes passionnées qui font de la musique, du théâtre, du sport. »
« On m’a souvent demandé pourquoi on ne s’est pas installés au Canada. Mais pourquoi ? En fait, on a tout ici ! »
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