Décarbonation d’un élevage laitier : des pistes à ruminer

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Décarbonation d’un élevage laitier : des pistes à ruminer

La maîtrise des émissions de méthane ou leur valorisation est un levier de décarbonation de premier plan en système bâtiment intégral (©Entraid).

Du changement de système, au levier ‘simple’ et efficace, les voies de la réduction de l’empreinte carbone de l’élevage sont excessivement variées. Un outil d’animation qui se destine à la filière laitière éclaire sur ces pistes qui méritent de la réflexion.

Comment procéder pour la décarbonation d’un élevage laitier ? La traque des tonnes équivalent CO2 (CO2eq) autour du troupeau de bovins laitiers s’apparente tout d’abord à une chasse aux émissions de méthane. L’efficience de cette molécule en termes de réchauffement, 28 fois supérieure à l’étalon dioxyde de carbone sur 100 ans, lui confère un poids de premier plan dans le bilan carbone de l’exploitation d’élevage. Ainsi, la réduction des effectifs dits improductifs serait un levier de décarbonation des élevages ruminants non négligeable. C’est même le premier axe auquel peuvent s’intéresser les éleveurs misant sur le pâturage. « On va réduire l’âge au vêlage, autant que possible, ainsi que le taux de renouvellement », précise Adèle Marsault, chargée de projets en production laitière bovine chez Idele. Ces optimisations de cheptel s’associent à des économies de tonnes équivalent CO2, y compris en systèmes non pâturant. Ces derniers ont à portée de main de leviers d’action bien plus puissants.

Décarbonation d’un élevage laitier : changements impactants dans le système

À l’occasion d’une conférence au dernier Space, Adèle Marsault présente un outil d’animation sur la décarbonation des élevages de bovins laitiers. « En partant d’une exploitation assez représentative et évaluée avec l’outil CAP’2ER®, nous avons simulé l’impact de différents leviers sur les émissions brutes de carbone. »

Sur cet élevage de 130 vaches présentes et deux robots de traite pour 1,1 Ml, l’alimentation est stable sur l’année et repose sur 100 % de stock. L’exercice identifie tout d’abord que l’introduction du pâturage sur 150 j aurait un impact fort en termes de réduction des émissions. « D’abord, on augmente la part de prairie. En conséquence, le stockage de carbone dans le sol augmente. Surtout, on diminue la consommation de tourteau de soja », explique l’intervenante.

Pour autant, « on voit bien que mettre un troupeau de 117 vaches à l’herbe ne se fait pas en deux coups de cuillère à pot ». Certes, la ration proposée maintient la performance laitière dans la simulation, mais en plus d’impacts conséquents sur le travail, « cela nécessite des aménagements et des investissements ».

Culture de luzerne et de maïs fourrager

Introduire des légumineuses dans l’assolement fourrager est un levier de décarbonation des élevages. Ces cultures limitent les besoins en tourteaux d’importation et en ammonitrate (©Entraid).

Des contreparties comparables s’opposent au levier le plus efficient. L’élevage de référence réduirait de 10 % ses émissions en mettant en place une micro-méthanisation. Mais un tel atelier supplémentaire « pose tout un tas de questions, dont celle de l’investissement », résume Adèle Marsault. « On peut aussi envisager une simple couverture de fosse. »

La simulation présente alors une économie de 174 t eq CO2 équivalente à la méthanisation. Mais l’investissement sera du même ordre, sans que l’éleveur puisse attendre un quelconque revenu dans ce cas.

Idées novatrices pour la décarbonation d’un élevage laitier

Sans investissement, l’utilisation d’un complément alimentaire qui réduit les émissions de méthane entérique (type Bovaer®), serait efficiente pour réduire l’impact carbone. L’élevage de référence évite, par exemple, presque 8 % de ses émissions totales avec cette solution qui impose une alimentation intégralement à l’auge.

De plus, « cet additif est coûteux », souligne l’intervenante. De l’ordre de 10 €/1 000 l. Sans compensation de la part de la laiterie, « il y a donc très peu de chances de voir cette solution se développer », constate-t-elle.

En outre, les connaissances à long terme à propos de ces intrants manquent encore de robustesse. « Et qu’en sera-t-il de l’acceptabilité sociale de ce type de leviers », interroge à nouveau Adèle Marsault.

Décarbonation d'un élevage laitier, ici des génisses laitières sur paille

La bonne gestion du taux de renouvellement, du tarissement ou encore de l’élevage des génisses jouent sur le bilan carbone de l’élevage laitier (©Entraid).

Mais aussi des leviers ‘simples’ et efficaces

En revanche, substituer le tourteau de soja d’importation par un correcteur plus local, s’avère une première marche particulièrement accessible. Avec 185 t de tourteau de colza (en remplacement des 130 t de soja), l’amélioration du bilan carbone est d’environ 7 %, dans la simulation présentée au Space. « Avec quelques précautions sur les hauts niveaux de production, c’est un levier relativement facile à mettre en place. »

Trois leviers à envisager en système bâtiment intégral

  • Remplacer le tourteau de soja importé par un concentré local.
  • Valoriser le carbone par une production d’énergie.
  • Limiter la présence d’animaux improductifs par une parfaite maîtrise de l’âge au premier vêlage, du taux de renouvellement…

Décarbonation d’un élevage laitier : pas d’évolutions à l’aveugle

Dans tous les cas, l’expert pointe la première marche vers la réduction efficiente des émissions de carbone : « L’évaluation environnementale est un sujet très complexe et chaque ferme est un cas unique. »

Pour savoir quel levier actionner, il faut commencer par « un diagnostic de l’exploitation. »

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :

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