Quel est le débit de chantier réel d’une charrue ?

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Quel est le débit de chantier réel d’une charrue ?

Le temps de déplacement de l'outil prend une part importante (25 %) dans le calcul du débit de chantier (©Pottinger).

L’analyse des données enregistrées par les compteurs connectés montre combien le débit de chantier d’une charrue est amputé par les temps de déplacement. Sur 41 interventions analysées, l’outil a passé en moyenne 25 % de son temps d’activité sur la route.

Les mesures du débit de chantier d’une charrue sont possibles grâce aux boîtiers connectés. Les valeurs de débit de chantier ‘à dire d’expert’ s’avèrent en effet insuffisantes pour qui veut s’en servir pour organiser et prévoir au plus juste l’activité d’un nouvel investissement. Les déplacements entre l’exploitation et les parcelles représentent en effet un temps non négligeable. Dans le cas des charrues à 5 corps, les experts évaluent le débit de chantier moyen à 1,2 ha/h.

Une analyse du débit de chantier d’une charrue sur 41 chantiers

Pour vérifier cette valeur, le service agroéquipement de la fncuma a suivi, avec l’appui de Fabrice Maitrot, conseiller machinisme à la frcuma Bourgogne-Franche-Comté, une population de compteurs connectés Karnott sur un échantillon de charrues. Dans le but de chiffrer les débits de chantier réels, en tenant compte du temps passé sur la route, seules les activités correspondant à de vrais travaux sont prises en compte. De plus, certaines parcelles pouvant être traitées en plusieurs fois, c’est la surface travaillée du chantier plutôt que la surface de la parcelle elle-même qui est retenue.

Déplacer une charrue demande du temps.

Chantier moyen : 4 h 45 min, dont 3 h 34 min en parcelle et 1 h 11 min en déplacement.

Les tendances n’ont rien de nouveau. Chacun sait que l’on perd moins de temps dans une grande parcelle en longueur que dans une parcelle petite et biscornue. Mais ici la différence est chiffrée. Ce sont autant d’éléments utiles pour mieux organiser les travaux et, dans une cuma. Cela permet aussi de mieux arbitrer les ordres de passage entre adhérents. Car se fonder uniquement sur l’ordre dans lequel arrivent les réservations peut conduire à multiplier exagérément les kilomètres sur route.

L’effet parcellaire sur le débit de chantier d’une charrue

Nous avons repris les données de 41 chantiers effectués dans plusieurs cuma avec des charrues à 5 corps, sur des surfaces assez modestes, allant de 0,5 à 11,4 ha, pour 2,7 ha en moyenne. À l’arrivée, le débit de chantier instantané atteint une moyenne de 0,72 ha/h. Le travail au champ ne représente cependant que 75 % du temps d’activité de ces charrues, en raison des déplacements. Ces derniers s’élèvent en moyenne à 11,7 km (A/R). Ainsi, en calculant le débit de chantier sur la base du temps total de sollicitation des charrues, il tombe à 0,53 ha/h. Notons à titre de comparaison que le barème d’entraide des chambres d’agriculture (à dire d’expert) l’estime à 1 ha/h.

Mesures Karnott

Le débit de chantier instantané atteint une moyenne de 0,72 ha/h.

Un effet surface indéniable

Intuitivement, on considère qu’une grande parcelle est favorable à la productivité. Dans le cas du labour en 5 corps, nos données le confirment. En effet, le débit de chantier instantané passe de 0,58 ha/h à 0,87 ha/h, entre les chantiers de moins de 1,5 ha et ceux de 4 ha et plus. Entre ces deux catégories, les charrues, réalisant moins de manœuvres, gagnent 1,1 km/h de vitesse moyenne de travail. C’est un premier facteur de gain de temps. Autre manière de mesurer : la distance à parcourir au sein de la parcelle pour chaque hectare labouré s’avère un peu plus faible quand la surface à travailler augmente. Elle descend de 6,8 km/ha dans les petits chantiers, à 6,03 km/ha dans les grands.

Dans une cuma, et même dans une seule exploitation, les déplacements se révèlent inévitables. Connaître leur coût exact permet de mieux réfléchir à un changement de pratiques. Cela permet aussi d’optimiser les ordres de passage entre adhérents, voire à échanger des parcelles.

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