Les chiffres prouvent combien le coût d’un chantier d’épandage de digestat liquide ou de lisier est sensible au volume d’activité de la tonne et surtout à l’éloignement des parcelles. Il varie facilement du simple au double, ce qui incite à la réflexion.
Le coût de chantier d'épandage de digestat dépend fortement de deux facteurs principaux.
Publié le 9 novembre 2020
/ Mis à jour le 11 novembre 2020 à 12:40
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Auteur : Nassim Hamiti et Pascal Bordeau
Différents facteurs peuvent faire varier le coût total d’un chantier d’épandage de digestat liquide ou de lisier, avec une tonne classique attelée à un tracteur. Nous sommes partis d’une tonne de 16 000 l avec un équipement d’épandage, achetée 71 200 € (après subvention). Elle est attelée à un tracteur 180 ch travaillant 700 h/an, pour un coût de 27,20 €/h carburant compris.
Le tracteur est conduit par un chauffeur salarié coûtant 20 €/h. Nous estimons que la vitesse moyenne de cet ensemble sur la route s’élève à 20 km/h même si, en pratique, certains vont parfois au-delà… Autre hypothèse de départ : le temps de remplissage et de vidange de la tonne atteint 10 min. A partir de ces éléments fixes, nous examinons l’effet du nombre annuel de voyages de la tonne et de l’éloignement des parcelles.
L’effet volume sur l’épandage
Premier niveau : la tonne affiche 600 voyages par an, un niveau classique dans les cuma, et les parcelles sont à 2 km des fosses. Le débit de chantier est alors de 2,73 voyages/h. La tonne revient à 21,80 €/voyage, et le chantier complet à 39,10 €/voyage, soit 2,17 €/m3. La tonne représente 56% du total, le tracteur 25,5% et la main d’œuvre 18,5%.
Avec 800 voyages/an, ce qui demande sans doute de travailler en 2×8 durant les courtes fenêtres météo et réglementaires, le coût du voyage de la tonne descend à 15,50 €. Le chantier complet passe à 32,80 €/voyage, soit 1,82 €/m3, toujours pour le même éloignement des parcelles.
Poussons l’hypothèse à 1000 voyages par an : la tonne passe à 13,30 €/voyage. Le chantier dans son ensemble tombe à 30,60 €/voyage, soit 1,70 €/m3. En passant de 600 à 1000 voyages/an, le prix de revient de la tonne est réduit de plus d’un tiers. L’incidence sur le chantier n’est que de 22% en raison de la main d’œuvre et du tracteur.
Mais plus la tonne aura coûté cher, plus le nombre de voyages par an sera un facteur fort de réduction du prix de revient du chantier. L’éloignement des parcelles induit des variations tout autant conséquentes.
Revenons à notre tonne de 16 000 l employée pour 600 voyages/an. Si les parcelles sont à 5 km de la fosse au lieu de 2 km, le débit de chantier tombe de 2,73 à 1,5 voyages/h. Le prix de revient total du voyage passe de 39,10 à 53,30 € et celui du mètre cube monte à 2,96 €.
Sur l’ensemble, le transport représente 75% du coût total, contre 55% pour des parcelles à 2 km. Et s’il faut parcourir 8 km jusqu’au lieu d’épandage, le débit dépasse à peine 1 voyage/h.
La facture du voyage pointe alors à 67,60 €, soit 3,76 €/m3, dont 83% pour le transport. En multipliant la distance par 4, nous constatons une hausse de plus de 70% du coût total du voyage comme de celui du mètre-cube.
Des suivis de chantiers d’épandage ont été réalisés par la fncuma et des animateurs du réseau sur des tonnes à lisier équipées de compteurs connectés. Les résultats donnent un autre éclairage sur l’effet distance. Dans cet échantillon de 39 chantiers, les surfaces et l’éloignement des parcelles diffèrent un peu d’un type d’équipement à l’autre.
En l’occurrence : enfouisseur de 6 m, rampe à pendillards de 12 ou de 21 m. On ne peut donc pas comparer strictement les débits mesurés, d’autant qu’il peut aussi exister des écarts dans la capacité de la tonne, la puissance du tracteur, la nature du sol ou la qualité du réseau routier.
Néanmoins, une nette tendance se dessine : le débit de chantier global est 3 à 4 fois inférieur à celui mesuré uniquement dans la parcelle. Voilà de quoi se poser quelques questions lorsqu’on veut chiffrer un projet d’investissement, prévoir les volumes susceptibles d’être épandus dans un créneau de temps donné et trouver un mode d’organisation performant au regard du parcellaire. Voir à ce sujet l’article sur les évolutions en cours dans l’appréhension des chantiers.
Les épandeurs à fumier aux Rayons X
Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X d’Entraid’. Dans le cadre de ce dossier, 4 épandeurs ont été analysés.
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